Tomes 1, 2 et 3

Éditions Hugo & Cie – 2022 – 416 et 384 pages – 25 €

Bande dessinée | Mythologie grecque | Amour | Famille | Amitié

Avertissement : [le livre aborde régulièrement des thèmes de maltraitance physique ou psychologique, chantage et pression, de traumatisme sexuel et de relations toxiques]

Cela fait un moment que je suivais l’actualité et l’engouement autour de Lore Olympus, j’ai longtemps hésité entre m’acheter la version poche ou emprunter les grands formats. J’ai cédé à la seconde option et j’ai pu découvrir les trois premiers tomes de la saga. Même si je n’en suis pas une fan absolue, j’ai tout de même passé de bonnes sessions de lecture.

Nous avons donc une réécriture de la mythologie grecque que je trouve intéressante et bien pensée, avec un côté intemporel, hors du monde tout en conservant la base et en apportant des thématiques, des décors, des objets propres à notre époque. Ce mélange rend l’œuvre fascinante et le travail de Rachel Smythe est vraiment bien réalisé. L’intrigue de ce premier tome permet de présenter les lieux, les personnages, de mettre en place les relations, les tensions, les futurs fils rouges, d’instaurer du mystère et de poser quelques questions. J’ai aimé le fait que l’autrice prend le temps de placer les bases, tout en conservant une pointe de flou et en esquissant à peine certains nœuds scénaristiques, car ils sont davantage travaillés dans les opus suivants.

En effet, les tomes 2 et 3 dévoilent les nœuds scénaristiques, ceux qui vont certainement créer de la tension, générer quiproquos et situations rocambolesques, ceux qui permettent aux personnages de jouer tout leur rôle. Ainsi, l’autrice pousse davantage dans les détails ce qu’elle a initié dans le premier opus, tout en apportant de nouveaux protagonistes ou mystères. J’admets que j’ai apprécié ma lecture du second tome par rapport à son prédécesseur, quant au tome 3, il m’a conquise sans pour autant arriver au niveau du deuxième.

J’ai bien aimé le fait que Rachel Smythe et les éditeurs préviennent en amont que Lore Olympus n’est pas une histoire facile d’accès avec ses thèmes matures, sombres et parfois violents – pouvant par la même heurter la sensibilité de certains lecteurs. Néanmoins, cela permet d’ancrer la mythologie grecque dans notre réalité. Les thématiques sont à peine présents dans ce premier opus, elles le sont par la suite, ce qui m’a totalement conquise, parce qu’on entre dans les jeux d’alliances et de mensonges, de vérités et de secrets qui me captive.

J’aime bien le trio Artémis – Eros – Perséphone, j’ai adoré leurs interactions, pareil la relation entre Hermès et Perséphone m’a charmée. J’ai beaucoup d’affection pour Héra, alors qu’à la base, c’est loin d’être ma déesse préférée, ici, le personnage est merveilleux et incroyable ! J’aime énormément Hadès, même s’il est loin d’être facile à comprendre, un peu distant et loin d’être parfait dans ses actions, il a au moins le mérite de s’interroger, de se remettre en question. Perséphone est juste très chou, un peu trop naïve à certains passages, mais j’ai énormément de compassion pour elle. Je suis bien évidemment pas enthousiaste concernant Menthé, Thétis, Zeus, Déméter ou encore Apollon.

Le texte est bien fait, agréable à lire et aéré, pour la forme c’est un sans-faute. Dans le fond, il est soigné et moderne, ni trop pointu et recherché, ni trop simpliste – avec des thèmes bien amenés, des dialogues absolument savoureux entre Perséphone et Hadès. Je suis curieuse de voir comment l’écriture évolue au fil de la saga, parce que je note déjà en l’espace de trois tomes une amélioration – cependant, ça se voit que nous avons un webtoon de prime abord. J’ai compris qu’il y avait par moment, des chapitres de remplissages. Alors certes, ça fait avancer les personnages et leur relationnel, ça permet aussi d’étoffer le très bel univers et notamment les Enfers, mais quand j’analyse à froid l’utilité de certaines séquences, je n’en vois pas actuellement. Peut-être pour des opus ultérieurs ?

Ce sera le même constat pour les illustrations. Je suis contente de voir que le format webtoon remanié en BD passe plutôt bien, le design des personnages est super bien pensé avec pour chacun une couleur ou une teinte bien précise – ce qui donne de très beau jeux de couleurs, notamment dans les scènes entre Perséphone et Hadès. Cependant, le coup de crayon manque de finesse et sur certaines cases, les expressions ou le rendu n’est pas top, c’est comme si dans certains détails ou certaines cases, on perd en finition. Par la suite, les planches s’améliorent au fil des tomes, je note déjà un trait un peu mieux maîtrisé, des expressions plus affinées, la maquette se libère pour sortir des carrés et prendre de l’ampleur. Je suis plus optimiste sur la suite vu la direction que la créatrice prend.

En somme, si je ne deviens pas une fan assidue de Lore Olympus, je suis tout de même conquise par la réécriture, par son travail graphique au niveau des couleurs, par sa modernité et ses thèmes douloureux, le tout avec une romance adorable qui prend le temps de s’installer, avec une galerie de personnages captivants, du rire, des larmes. C’est une fresque dense que nous présente Rachel Smythe et certains éléments me font plisser les yeux, je sais que je poursuivrai ma route avec les trois prochains tomes.