AVIS EXPRESS #032 - Romances, magie de noël, des bibliothèques, Jane Austen

by - 14.12.25




Le goût des mochis au kouign amann de Mary Ann P. MIKAEL
Éditions Hugo & Cie – 2022 – 228 pages – 16 €95
Contemporain | Feel good | Voyage | Japon | Deuil | Travail | Famille
Avertissement : [thème du deuil et de la mort de conjoint]
Radar à diversité : [personnage principal gay, couple homosexuel]



Depuis des années, Louisa a un objectif en tête : rénover la vieille ferme abandonnée dans le village breton de son enfance. Cependant, lorsque le bâtiment est vendu avant qu’elle ne parvienne à réunir la somme pour son acquisition, son rêve s’écroule. C’est au Japon, alors qu’elle part se ressourcer chez sa sœur, que débute sa quête d’un nouvel avenir. Pour Emmanuel et son mari, le Japon aurait dû être une étape dans leur tour du monde. Après des années d’une routine qui les a peu à peu éloignés de leurs projets les plus fous, ils avaient décidé de tout quitter. C’est pourtant au fond de son canapé qu’il broie désormais du noir. Sa nièce entend cependant l’en faire sortir au plus vite. Qu’il le veuille ou non, l’aventure lui tend les bras. Du bout du monde au plus profond de soi, la route emprunte parfois des chemins inattendus.



Un roman que je voulais lire dans sa version numérique avec Nextory, je suis donc très contente d’avoir pu emprunter ce livre et de le découvrir. C’est une histoire de type feel good absolument mignonne et sympathique, qui se laisse déguster, mais qui ne m’aura pas marqué spécifiquement.

Je trouve le thème du voyage super génial, l’autrice a fait de bonnes recherches pour nous retranscrire le Japon, les rues, les mœurs, les cafés, la philosophie – c’était très intéressant et permettait aussi de faire un chouette tour de Tokyo. Et même si la carte postale était idyllique et convenue, reste que le cadre était charmant, adorable et agréable à découvrir au fil des pages.

L’ambiance était douce et amicale, avec de bons messages de bienveillance, de résilience et d’accomplissement. Ces sujets auraient mérité plus d’informations et de profondeur. Néanmoins, j’ai bien aimé la plume simple et efficace, les chapitres courts qui permettent d’enchaîner la lecture, les émotions sont bien traitées.

L’histoire d’Emmanuel est bien plus touchante et captivante que celle de Louisa. Emmanuel est affecté par la perte de l’homme qu’il aimait et accompagner sa nièce au Japon lui paraît aussi cool que perforant, le pays était une destination importante pour son couple. J’ai aimé le personnage un brin bourru, dévasté et pourtant, il est attachant et altruiste.

Pour Louisa, j’ai trouvé que l’histoire était un peu brouillonne, il m’a manqué un peu de muscles et de caractère. J’aurais adoré avoir un fil rouge davantage centré sur le travail, sur les choix de vie, l’ikegai par exemple, j’ai appris au pif en plein milieu du récit qu’elle était décoratrice alors que le travail est justement le point de départ de son voyage. Ce qui est dommage vu qu’elle avait une chouette personnalité.



Coup de foudre à Austenland de Shannon HALE
Tome 1 de la série Austenland
Éditions Charleston (Ebook et grand format), Pocket (poche) – 2013 – 260 pages – 13 € (grand format) et 7 € (poche)
Romance | Jane Austen | Amour



Jane Hayes est une jeune New Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l’adaptation de la BBC d'"Orgueil et Préjugés ». Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n’est à la hauteur de la comparaison ! Quand une riche parente lui laisse en héritage un séjour de trois semaines à Pembrook Park, un manoir où l’on vit dans la peau d’une héroïne de Jane Austen, les fantasmes de Jane deviennent un peu trop réels. Cette immersion dans cet Austenland réussira-t-elle à débarrasser la jeune femme de son obsession pour lui permettre de rencontrer un vrai Mr Darcy ? La comédie romantique que toutes les fans de Jane Austen attendent !



Une lecture intéressante, même si clairement, elle a autant d’atout que de couacs à mes yeux. Je ne pense pas lire la suite, parce que ce tome se suffit et que le suivant ne concerne pas Jane Hayes. En tout cas, j’ai passé un bon moment.

Le concept était génial, sincèrement, c’était trop chouette d’avoir ce lieu de villégiature entièrement pensé pour créer des intrigues autour des romans de Jane Austen. Seulement, en moins de 300 pages, j’avoue que je suis restée sur ma faim, parce qu’absolument tout à manqué de développement. C’était cool à lire, et l’ambiance était sympathique, on a réellement l’impression que Jane évolue dans un manoir de l’époque, avec les mœurs et occupations de ce temps.

Seulement, ça reste hyper léger, j’aurais aimé en savoir plus sur Pembrook Park – de la même manière que j’aurais adoré que l’intrigue soit plus évolué, avec plus de rebondissements et de révélations. Ces dernières autour d’un certain personnage arrive comme un cheveu sur la soupe, même si ça fait un choc, rien ne permettait de nous mettre sur la piste. Les personnages eux-mêmes manquent de développement, ils sont parfois caricaturaux ou trop effacés. Seul Mr Nobley sort son épingle du jeu, parce qu’il rappelle énormément Darcy.

De ce fait, j’ai tout aimé de base, mais tout restait en surface, rien ne décollait, c’était linéaire et plat, alors qu’en vrai, le concept aurait pu amener des protagonistes formidables, des thématiques intéressantes : lieu touristique, l’amour et l’idéal, le romantisme, le féminisme et la sororité, le mensonge et le jeu de rôle. Avoir plus de références aux romans de Jane Austen également, et donner plus de personnalité aux personnages, en particulier à l’héroïne que j’ai trouvée un peu fade.



La petite pharmacie littéraire d’Elena MOLINI
Éditions Michel Lafon – 2023 – 284 pages – 19 €95
Littérature adulte | Contemporain | Monde du livre | Italie



Pour réaliser son rêve et ouvrir sa librairie au cœur de Florence, Blu a une idée lumineuse : prescrire les livres comme des médicaments. Avec l’aide de Jane Austen, Charles Bukowski ou encore Agatha Christie, elle entend bien rendre le sourire à tous les clients qui passeront la porte de la petite pharmacie littéraire. Le succès est au rendez-vous mais l’esprit de Blu reste obnubilé par ce client mystérieux tout droit sorti de Gatsby le magnifique et dont elle a perdu la trace… Entre fiction et réalité, Blu saura-t-elle trouver le chemin de son propre bonheur ?



J’ai emprunté à la médiathèque ce livre dans le cadre du défi de Mister Kev, le Ice Cream Summer Challenge. Le résumé m’intriguait fortement et j’avais hâte de découvrir l’histoire qu’il renfermait, d’autant plus qu’elle s’inspire librement du vécu de l’autrice. Elena Molini a ouvert une librairie du nom de la Petite pharmacie littéraire où les 4000 références se rangent selon 70 catégories. Je me disais qu’elle était donc parfaitement légitime à nous parler – même fictivement – de son concept.

Le concept est et restera chouette, la couverture est très belle – j’aime ce style graphique épuré pour ce type de roman un brin feel-good. Le résumé est parfait. Et vous savez ce que ça veut dire quand je commence à écrire ce genre de début… Oui, j’ai détesté cette lecture et j’en ressors déçue.

L’histoire est mal structurée et équilibrée. La vie perso de Blu prend le pas sur la vie pro, de la petite pharmacie littéraire, vous ne saurez rien ou pas grand-chose. Les clients sont pas développés, les affiches qui sont en annexes auraient dû faire partie intégrante du récit selon moi. Je n’ai pas passé assez de temps en librairie à mon goût, les conseils ne sont pas là, c’était hyper confus et brouillon, je me suis pas mal ennuyée. Et le final est absurde au possible, je comprends l’idée qu’il y avait derrière, mais c'est mal amené et écrit.

L’aspect sororité est très beau, j’ai aimé l’ambiance entre les filles, même si les sentiments évoluent, que les coups durs de la vie les amènent à resserrer des liens ou au contraire à en rompre. Cependant, les personnages ne sont pas attachants et un peu plats, ce qui ne m’a pas permis de les apprécier à leur juste valeur. D’ailleurs, le roman est écrit à la première personne du singulier et ce fut un vrai calvaire, Blu part dans toutes les directions, renforçant cette idée de confusion, les digressions ne sont pas toujours drôles – certaines réflexions étaient à la limite de la grossophobie et de la psychophobie. Ce qui fait que Blu est parfois détestable à mes yeux.



Christmas Therapy de Caro M. LEENE
Éditions Harper Collins Poche – 2024 – 304 pages – 8 €
Romance | Adulte | Trope Grumpy x sunshine | Famille | Noël | Entraide
Avertissement : [vocabulaire grossier, psychophobie, scène avec personnages alcoolisé et présence d’alcool]



Collectionner les calendriers de l’Avent ? Se lever à l’aube pour être aux premières loges de la parade ? Ne jamais sortir sans son serre-tête à bois de renne ? Rien de plus normal pour Maureen qui, chaque année, n’est que joie et excitation à l’approche de Noël. Seulement, cette fois, elle risque de perdre son job de coach de vie si elle ne suit pas cette fichue thérapie censée la guérir de son « obsession ». Comme si elle souffrait d’une maladie grave ! Si quelqu’un doit se faire soigner, c’est plutôt Logan… Cet homme cynique et désagréable suit le même programme, mais pour se réconcilier avec la période des fêtes qu’il a en horreur. Maureen veut bien prendre sur elle, mais de là à travailler en équipe avec ce mec grognon… On peut dire qu’elle a été gâtée avant l’heure ! À moins que Noël ne lui réserve encore son lot de surprises…



Une lecture intéressante qui me permet d’expérimenter la romance et plus particulièrement les récits autour de noël tout en trouvant ce qui me plaît, d’affiner mon radar pour les prochaines fois. En gros, la couverture est très jolie avec ce vert et rouge qui correspond à merveille à cette thérapie suivie par les personnages, l’histoire est addictive et captivante, cependant, il y a des points noirs qui ont rendu cette lecture compliquée.

La plume est agréable à suivre, simple et efficace, sans fioriture, ce qui permet de rapidement se mettre dans l’ambiance, dans les émotions vécues par les personnages, dans leur relation à travers les répliques. Ça manque un peu de travail pour ma part, j’ai besoin d’un peu plus de soin dans les descriptions, les lieux, plus de développement aussi pour les personnages secondaires et tertiaires, mais si on recherche une romance moderne et rapide à lire, ce roman fera parfaitement l’affaire.

Même si je ne suis pas toujours d’accord avec l’autrice dans ses choix quant à la construction de son intrigue – je trouve que la Christmas Therapy aurait pu être davantage travaillé, idem pour l’entreprise de la mère de Logan, le travail associatif de Maureen, force est de constater que l’histoire est sympathique. Bien sûr, ce n’est pas surprenant dans son déroulé, on sait d’avance ce qui va se passer, en revanche, j’ai aimé me plonger dans ces calendriers de l’avent, ces défilés, ces décorations de sapins, autant de marqueurs qui font plaisir.

La romance est chouette, elle s’installe sans doute trop rapidement à mon goût, mais elle permet de travailler certaines thématiques, de plancher sur la notion de couple aussi et surtout, de mettre Logan face à son immaturité. Parce que je pense que le très gros point noir de ce roman, c’est Logan et ses potes. Maureen est géniale, aussi sensible que passionnée par sa fête préférée, touchante avec son bénévolat, audacieuse et pétillante, elle ne se laisse pas faire pour autant. C’était un régal de suivre ses aventures et ses pensées. C’était chouette de voir l’évolution de ce duo Logan-Maureen, parce que mine de rien, c’était bien pensé et présenté.

LOGAN. Logan n’est pas aimable une seule minute, il est pire que grognon, il aime détruire noël et donc se permet de critiquer sans le moindre tact l’enthousiasme des autres, il est amer et pas finaud sur le plan du respect vis-à-vis des autres. Lui et ses amis appellent Maureen « la dingue » ce qui m’a plus d’une fois fait très fort du nez en raison de la psychophobie évidente – jamais remise en question. Logan ne se remet jamais en question, il n’a pas l’ombre d’une évolution, sauf quand il est réellement allé trop loin – ce qui n’est pas normal à mes yeux.

Et enfin, les potes qui sont extrêmement beaufs avec leurs blagues beaucoup trop lourdes et ne parlons pas de Glen qui fait vivre à son ex l’enfer au point d’être dangereux, voire sombrer dans l’illégalité… Je n’arrive pas à comprendre comment l’autrice n’a jamais remis en cause ce quatuor, n’a pas osé le remettre à sa place par l’intermédiaire de Maureen ou d’une tierce personne. Il n’y a qu’à la fin qu’ils consentent enfin à évoluer, mais le chemin a été fort long et a coûté des points au récit qui pourtant aurait pu être bien meilleur.



Mysteries of Thorn Manor de Margaret ROGERSON
Tome 1,5 de la saga Sorcery of Thorns
Éditions Castelmore (Big Bang) – 2023 – 190 pages – 19€95
Fantasy | Hiver | Romance | Young Adult | Magie | Famille



Elisabeth Scrivener vit désormais auprès du sorcier Nathaniel Thorn. Mais il se passe quelque chose d'étrange au manoir : les protections magiques de la résidence font des siennes et emprisonnent de force ses occupants. Il va falloir découvrir rapidement l'origine de la magie qui a détraqué ces défenses, car le fameux Bal d'hiver approche... Ce qui ne sera pas une tâche aisée quand la maison se révèle pleine de secrets inattendus, et que tout ce à quoi Elisabeth aspire, c'est de pouvoir embrasser Nathaniel en paix. Mais il devient bientôt clair que le manoir ne redeviendra docile que si on lui paie le prix qu'il exige.



Une très chouette lecture, à peine avais-je terminé Sorcery of Thorns que je me suis précipitée pour acheter celui-ci, même si je savais que je le lirais qu’en hiver. Cependant, rien que l’objet en valait la peine, une magnifique couverture, une jaquette, le traitement des pages et du papier, le format novella, tout était parfait. J’ai passé un bon moment de lecture avec ce conte hivernal doux et mignon tout plein.

J’ai retrouvé avec plaisir les personnages principaux, Elisabeth et Nathaniel, sans oublier quelques vieilles connaissances du roman d’origine. Un régal de suivre cette nouvelle aventure, de voir leur alchimie et leur romance prendre de l’ampleur. C’était hyper touchant. Elisabeth est une jeune femme débrouillarde, forte tout en étant romantique, et de son côté, Nathaniel m’a plus d’une fois fait rire. La palme du personnage par excellence reviendra à une certaine personne dont je ne dirais rien, mais qui est extraordinaire, piquant, serviable et rondement filou.

Parce que l’histoire, bien que courte, a su me tenir en haleine. Visiter les moindres recoins du manoir Thorn, en arpenter les souvenirs, découvrir tous ces vieux objets et surtout, approfondir l’univers imaginé par Margaret Rogerson, c’était une intrigue bien rythmée, équilibrée et passionnante. J’ai adoré toutes ces références aux contes, dans la construction narrative comme dans le récit. De plus, la plume de l’autrice est toujours aussi élégante et soignée, addictive, parfaite pour s’immerger dans ces lieux fantastiques et idéale pour y saupoudrer un peu de romance.

Comme annoncé, le récit est en réalité une novella, une très courte histoire que j’ai dévoré en quelques heures tant j’étais à fond dedans et heureuse de retrouver ce monde, ces personnages. Le bal était formidable, l’ambiance hivernale parfaite, j’aurais presque envie d’une petite série autour des saisons avec ce format, tant on s’y sent bien. C’est doux, mignon, apaisant, une lecture qui m’a fait du bien en somme.


Crédits images :
Livraddict * Flaticon * Canva * Unsplash

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