Un film de Rob Marshall

2015 – Musical, Fantastique – 2H05

Casting : Meryl Streep, James Corden, Emily Blunt, Anna Kendrick, Daniel Huttlestone, Lilla Crawford, Chris Pine, Tracey Ullman, Billy Magnussen, Mackenzie Mauzy, Christine Baranski, Lucy Punch, Tammy Blanchard, Johnny Depp, Frances de la Tour

Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…

Un film plutôt curieux, j’en ressors mitigé et pourtant, il possède de très bons atouts. J’aime bien les films musicaux, j’ai beaucoup d’affection pour Moulin Rouge ainsi que pour mon petit chouchou Le fantôme de l’Opéra. Pareil, les comédies musicales ou les musical de Broadway me sont sympathiques. Toutefois, j’aime quand le mélange est subtil et réussi, ce qui n’est pas « réellement » le cas dans ce film. Moulin Rouge était atypique, il porte des chansons de notre ère et les transpose dans une autre époque. Le Fantôme de l’Opéra part d’un roman français romancé pour en faire une comédie musicale et c’est cette comédie musicale que le film a adapté. Avec une certaine majesté, on voit que la comédie musicale s’orchestre avec les chansons, mais le film reste un film, les dialogues sont présents, les personnages fouillés. Le mélange est plus précis, on aime ou pas le film, mais le mélange opère.

Là, j’ai senti le montage. Et c’est pas bon. Si le montage est réussi, il ne se voit pas. Là, j’ai eu l’impression qu’on a collé la comédie musicale sur un film. C’est haché, pas toujours top dans le rythme, on voit quand la chanson se termine – par moment, j’aurais presque pu couper le son et dire « Coupé, c’est dans la boîte, allez on enchaîne avec le numéro suivant… » ! J’ai senti les pauses, les longueurs, les coupures, les ellipses, ça ne coulait pas de source. Pareil, le fait d’avoir placardé la comédie musicale sur un film donne des personnages sans réelle saveur. Je pense au prince et sa chère Raiponce, ils font une sacrée figuration, alors que Raiponce c’était toute la vie de la sorcière et que l’amour entre le prince et Raiponce est très touchant. Il y a des couacs et ils m’ont fait sortir du film.

Passé ça, il y a du bon. Esthétiquement, le film est magnifique. Les décors sont très beaux, le bois est parfait comme décor à l’histoire, le château, la tour, tout est très agréable à regarder. Les numéros musicaux sont très bien chorégraphiés, au niveau de l’ambiance, des couleurs, de la mise en scène, j’ai adoré regarder les chansons ailleurs que dans le film. Les costumes sont super chouette et élégant, les objets sont beaux. Franchement, le travail esthétique donne tout le côté féerique et merveilleux du conte. Pareil, les chansons sont très jolies. Je suis en train de les réécouter sur Spotify et je compte bien écouter le musical de Broadway pour étudier davantage cette histoire. Les chansons ont de très bons textes et les comédies sont tous très bons, j’étais hyper étonnée, mais ça chante super bien, même ceux qui ont peu de chansons ou peu de textes chantés.

Autre super idée, le conte. Ici, plusieurs contes se lient comme Cendrillon, Jack et le haricot magique, Raiponce et le Petit Chaperon rouge. C’est super bien imbriqué, les intrigues des uns et des autres trouvent un point de connexion – la forêt, celle qui inquiète, celle qui réconforte, celle qui permet les rencontres, celle qui est magique ou tragique. Cette forêt est lieu où il va se passer tellement de choses et j’ai adoré le principe que je trouve audacieux. Surtout que la forêt est un lieu emblématique des contes, c’était une belle idée de la mettre en avant, elle devient presque un personnage à part entière je trouve. Toutes ces histoires vont se mêler à une histoire passionnante, celle du boulanger et de sa femme. C’est du génie de lier quatre contes pour en créer un nouveau avec tous les codes narratifs que cela entraîne. Sorcière, malédiction, épreuves avec des objets à récolter, la symbolique des trois jours, le thème de la parentalité et de la famille, celui de l’amour… Les messages sont nombreux et j’admets que le final est magistral, très touchant avec la morale de fin. Surtout que Disney manie une petite pointe d’humour, de sarcasme et d’ironie, de parodie autour des contes avec ce film. Il y a l’idée que la magie ne résout pas tout, que la magie ne peut pas tout faire, que lever une malédiction peut engendrer des conséquences morales ou des problèmes plus lourd. Je pense à la marâtre qui n’hésite pas à couper le talon ou l’orteil de ses filles pour les faire entrer dans la pantoufle… c’est piquant par moment.

Maintenant, je dois parler des personnages et donc du casting. Je vais être honnête, certains personnages sont peu vus ou pas assez fouillés pour être attachants, je pense à Raiponce et son prince. Pourtant, le prince est bien interprété (Billy Magnussen). Chris Pine fait un prince très intéressant, mais son jeu est pas top alors qu’il chante bien, j’ai préféré son travail sur Star Trek ou Wonder Woman. Pareil pour Anna Kendrick, elle chante super bien, mais sa version de Cendrillon ne m’a pas convaincue – je préférais largement la vision de Lily James. J’ai eu beaucoup d’affection pour James Corden, le boulanger, ainsi que pour Lilla Crawford qui fait un merveilleux Petit Chaperon Rouge, une réelle révélation et c’est bien dommage de ne plus avoir revue l’actrice depuis ; j’ai bien aimé aussi le numéro de Johnny Depp en loup, c’était brio et gênant. Vous avez compris je ne vais pas m’appesantir sur le casting qui est sympathique, mais pas à fond dans leur rôle malgré le fait qu’ils chantent tous très bien. Ce qui m’a fait tenir côté personnage et casting, ce sont ces deux merveilleuses femmes que sont Meryl Streep et Emily Blunt, elles campent très bien leur protagoniste, sont touchantes, chantent à merveille ! J’applaudis leur prestation.