Kaléidoscope (SELZNICK)
Kaléidoscope de Brian SELZNICK
Editions Bayard Jeunesse – 2023 – 208 pages – 16 €90
Livre reçu dans le cadre d’une Masse Critique de Babelio
Jeunesse | Aventure | Fantastique | Amitié
Avertissement : [ce livre traite du deuil]
POSE L’OEIL SUR CE KALÉIDOSCOPE. VAS-Y, N’AIE PAS PEUR. Tu y apercevras peut-être un garçon. Il s’appelle James. Les gens pensent que James a disparu. Mais ils se trompent. Si tu regardes dans ces fragments d’images, tu constateras qu’il est bien là. C’est un géant. C’est un chevalier. C’est un camarade de classe. C’est James, bien vivant dans chacune de ses aventures. Est-ce que tu le vois, toi aussi ?
Je remercie les éditions Bayard Jeunesse ainsi que le site Babelio pour cette expérience de lecture. Parce que très clairement, le livre est atypique et très différent de ce que j’avais découvert de l’auteur avec Hugo Cabret – qui était déjà un régal en soi. J’ai passé un très bon moment de lecture et j’ai aimé le lire, le relire pour comprendre les liens, les thèmes, il a plusieurs niveaux de lectures et il plaira autant aux petits qu’aux grands lecteurs.
C’est typiquement le genre de livre qu’il va falloir expérimenter, donc il peut aussi bien plaire que déplaire, il a ce petit côté nébuleux, cette construction qui le rend unique. Il mêle plusieurs genres, différentes ambiances et je me suis surprise à relire certains chapitres, à trouver les fils rouges, les thèmes récurrents, c’est un livre que j’ai aimé lire tranquillement et que j’ai aimé travailler, arpenter les recoins.
Le roman traite d’une amitié, celle du narrateur avec son ami James. Et cette amitié va être explorée de part en part, voguant sur des instants de jeux et de complicités, la rencontre, l’avenir et le futur, le réel et l’imaginaire. En somme, nous avons un ensemble d’histoires qui donnent l’aspect d’un recueil de nouvelles, sauf que le fil rouge est si fort, qu’il s’agit d’un récit avec un début et une fin. Chaque histoire nous offre une nouvelle version du narrateur et de James, de leur amitié, avec un cadre différent, une temporalité autre, mais avec des liens bien marqués qui se retrouvent sur plusieurs fragments et qui donnent une sorte de continuité.
J’ai beaucoup aimé la construction du récit : avec trois parties bien distinctes (matin, après-midi, soir), un nombre d’histoires bien définies (24 pour rappeler les heures). En ouverture une double-page avec un motif qui utilise le principe du kaléidoscope, motif que l’on retrouve avec plaisir dans la page qui suit, avec cette belle illustration pleine page signée Brian Selznick. J’aimais déjà ce coup de crayon avec Hugo Cabret, je suis très heureuse de le retrouver ici, le détail qu’il donne sur chaque illustration est hallucinant. L’utilisation du noir et blanc est parfaite vu le thème majeur du livre. Et donc, après cette belle illustration, vous avez l’histoire qui dépasse rarement les 3 à 4 pages.
Vous allez me dire que c’est très court, 24 petites histoires même avec des liens très forts (thèmes, éléments, personnages), ça reste 24 histoires courtes. Seulement, Brian Selznick maîtrise parfaitement son récit, les histoires offrent une jolie histoire d’amitié – comme dit plus haut, avec beaucoup de justesse dans les émotions, des idées délicieuses pour notre enfant intérieur, et un sens de la précision pour le texte (dialogues comme descriptions). Nous avons donc des voyages dans la forêt, des histoires d’objets antiques et artisanaux, des promenades dans des jardins, des créatures fantastiques et merveilleuses comme des géants, des dragons ou une momie, sans compter des lieux féeriques comme la lune, une bibliothèque, un musée, des vieilles bâtisses…
C’est un voyage unique que propose l’auteur, car toutes ses merveilleuses histoires sont rattachées à James, à notre enfant-narrateur qui a perdu James et qui tente de le retrouver, çà et là. Nous suivons son deuil, et chaque rencontre avec James permet d’explorer les souvenirs, le temps, la mort, la valeur de l’amitié, le pouvoir de l’imaginaire. L’ensemble est très poétique, délicat aussi, car chaque débat est soulevé sans jamais y apporter une réponse franche – ce qui agacera certains lecteurs – mais qui permet à chacun de réfléchir aux sujets abordés de manière personnelle.
J’ai adoré le récit proposé par l’auteur, même si je me dois d’être honnête. Je l’ai commencé, j’ai mis du temps à comprendre le récit devant moi, j’étais donc décontenancée par ce récit que je jugeais incomplet, étrange et ambigu. J’ai dû lire les notes et remerciements de l’auteur pour comprendre l’origine de l’histoire, relire les chapitres déjà lus en faisant davantage attention à certains points. Et finir ma lecture, bien plus enthousiaste qu’au commencement. Je ne vais pas vous dire comment lire le récit, je suppose que c’est à chacun et chacune de choisir comment l’aborder, toutefois, je suis admirative du travail fait par l’auteur.
J’ai beaucoup aimé le narrateur et James, j’ai été très touchée par cette lecture et émerveillée par l’expérience qu’elle a générée. J’espère poursuivre ma découverte de l’auteur avec d’autres récits.
Livre lu pour le Blossom Spring Challenge, édition 2023
4 comments
C'est un roman que je découvre totalement ! Je n'en ai pas du tout entendu parler sur les réseaux sociaux. Il a l'air intriguant en tout cas, la construction du récit semble en effet assez atypique.
RépondreSupprimerBrian Selznick fait des livres très atypiques, j'avais déjà adoré Hugo Cabret avec ce mélange entre texte et illustrations au crayon. Là, la complexité du récit, la manière dont il a tissé les liens entre ces historiettes, les thématiques et le fil rouge, je trouve le travail fascinant et le résultat est touchant. C'est un ovni littéraire, je lui trouve plusieurs niveaux de lecture, un enfant/pré-ado ne lira pas le livre de la même façon qu'un ado ou un adulte. Mais c'est vrai que le livre est passé sous silence, à regret, parce qu'il mérite vraiment qu'on s'y attarde.
SupprimerJ'avais seulement aperçu ce livre sans m'y intéresser plus que ça. Ton avis m'intrigue beaucoup ! C'est vraiment un livre qui semble sortir de l'ordinaire et j'aimerais bien le découvrir du coup :)
RépondreSupprimerOui, il sort du lot, ça c'est sûr ! J'avoue que moi-même, si je ne l'avais pas reçu avec Babelio, je l'aurais mis de côté parce que Brian Selznick et que j'adore Hugo Cabret, mais le roman n'aurait pas été une priorité :/ Et puis il est passé tellement sous le radar des réseaux sociaux que je ne sais pas s'il a trouvé son public ou pas. Bonne découverte si tu te lances dedans =)
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