Les Colombes du Roi-Soleil (SEITER, GOUST, DESPLAT-DUC) - Tomes 1 à 4 (BD)
Les colombes du Roi-Soleil de Roger SEITER et Mayalen GOUST
D’après les romans d’Anne-Marie DESPLAT-DUC
Tome 1 – Les comédiennes de monsieur Racine
Tome 2 – Le secret de Louise
Tome 3 – Charlotte, la rebelle
Tome 4 – La promesse d’Hortense
Éditions Flammarion Jeunesse – 2011, 2012, 2013, 2018 – 68 pages – 13 €
Bande dessinée | Historique | 17e siècle | Louis XIV | Conditions des femmes
Charlotte, Hortense, Isabeau et Louise sont élevées à Saint-Cyr, dans la rigueur et la piété. Racine écrit pour les jeunes filles une pièce de théâtre : Esther. Elles sont toutes très excitées à l’idée de jouer devant le roi et sa cour. À l’occasion d’une des représentations, Hortense rencontre le frère de Charlotte, dont elle tombe amoureuse. Elle qui comptait vouer sa vie à Dieu se trouve devant un difficile dilemme. Pendant ce temps, Charlotte prépare sa fuite pour retrouver son cousin, à qui elle est fiancée. Quant à Isabeau, elle décide de consacrer sa vie à l’apprentissage des jeunes filles dans la maison de Saint-Louis.
J’ai adoré cette adaptation du premier tome des Colombes du Roi-Soleil, la formidable série d’Anne-Marie Desplat-Duc. Tout comme pour le premier tome du roman, les bases sont posées, cette bande dessinée permet à merveille de se familiariser avec l’univers et ses personnages.
C’est une très bonne adaptation du roman. Je félicite Roger Seiter pour son travail d’adaptation, le scénario suit les événements du roman, les grandes lignes sont respectées. Les répliques sont très jolies, le style de l’auteure d’origine est présent, les personnalités sont conservées. Les fans comme les curieux seront satisfaits de ce tome, il est splendide et complet. Le texte est fluide et agréable à lire, on est plongé dès les premières lignes dans l’histoire et je n’ai jamais eu envie de décrocher, tant on est pris dans l’univers. Nous retrouvons le style emprunté au XVIIe siècle avec quelques mots et expressions, mais cela reste facile à lire, à aucun moment on se sent perdu.
L’histoire nous fait découvrir quatre jeunes filles dans leur quotidien de Saint-Cyr, la maison crée par Mme de Maintenon. Cette dernière leur présente une pièce de Racine (Esther) écrite spécialement pour cette maison. Charlotte, Louise, Isabeau et Hortense vont devoir jouer dedans. Cette pièce marque le début d’une nouvelle vie pour chacune d’entre elles, car de cette pièce va naître différents chemins. Les tomes suivants permettront de mettre en lumière chacune de ces colombes.
Nos quatre héroïnes ont une personnalité bien définie, Charlotte est rebelle, elle n’apprécie guère la religion catholique qui engendra le massacre des siens, huguenots. La rigueur et la piété de Saint-Cyr ne lui conviennent plus. C’est une jeune fille très intéressante et son histoire est très passionnante. Louise est une fille très gentille et si douce, c’est un vrai régal de suivre ses aventures, même si nous la voyons peu dans ce tome. Isabeau, préfère l’enseignement, elle aime aider et prendre soin des autres, j’ai beaucoup d’affection pour elle depuis que j’ai lu le tome qui lui est consacré. Quant à Hortense, je commence à mieux la cerner, mais j’ai encore du mal avec son personnage. Elle est cependant gentille, réservée et son histoire se révèle touchante.
Je terminerai cette chronique avec les dessins et la couleur, magnifique. Mayalen Goust, dont j’avais déjà pu apprécier le style avec les minicontes classiques (Lito), prouve une fois de plus son immense talent. Je suis très fan des dessins, ils sont merveilleux. Les décors sont splendides, l’architecture me laisse ébahie, les objets sont soignés et le character design est travaillé – les personnages sont tels que je les avais imaginés. Le tout est fluide et agréable aux yeux. Le style est singulier, propre à Mayalen Goust, mais il est magique, il convient à l’histoire, à ses protagonistes. C’est vraiment beau à voir, les expressions sont bien retranscrites, les dessins complètent le scénario de Roger Seiter et ils rendent hommage à la plume d’Anne-Marie Desplat-Duc. La colorisation est réussie, les couleurs sont douces, les teintes s’harmonisent, nous avons devant les yeux un très bel ouvrage, tant sur le fond que sur la forme.
Grâce à ses talents de chanteuse, Louise est remarquée par la Reine d’Angleterre, qui lui demande de devenir sa demoiselle d’honneur. Elle quitte à regret Saint-Cyr et ses amies. Mais très vite, elle fait des rencontres passionnantes et des découvertes qui vont l’aider à lever le voile sur le mystère qui entoure sa naissance…
Le deuxième tome de l’adaptation du roman d’Anne-Marie Desplat-Duc est une pure réussite. C’est sincèrement le genre d’ouvrages que je rêverais d’avoir dans ma bibliothèque. C’est un très bel objet. La couverture est sublime, nous y voyons le jardin de Versailles, Louise et une partition de musique.
Louise doit quitter Saint-Cyr pour rejoindre la Reine d’Angleterre en exil en France. Très vite s’offre à elle l’opportunité de réaliser deux de ses vœux les plus chers : faire la fierté de son père, le roi Louis XIV et retrouver sa mère. L’histoire suit très fidèlement le roman, c’est épatant de voir une adaptation aussi réussie, les grands événements sont présents. On suit les aventures de Louise en dehors du couvent, ses rencontres, ses espoirs et ses soucis, sa vie est loin d’être calme.
J’avais énormément apprécié ce deuxième roman pour son intrigue et je suis heureuse que Roger Seiter en ait fait une aussi belle adaptation. Le texte est fluide et agréable à lire, il est fidèle au style de l’auteure de la série. Les expressions et le vocabulaire employés sous le règne de Louis XIV sont présents et s’intègrent facilement, ça reste compréhensible par tous. Les répliques sont justes, le tout s’enchaîne avec fluidité.
Les personnages sont aussi intéressants que dans le roman. Louise est gentille, bienveillante, courageuse et c’est une héroïne très captivante à suivre, j’ai beaucoup d’affection pour elle. Les dessins de Mayalen la rendent vivante et elle est telle que je me l’imaginais, j’applaudis le travail de fidélité de l’illustratrice. L’histoire de Louise est très touchante, j’aime les passages tournant autour de la musique et ceux sur son enquête concernant sa mère.
Les autres protagonistes sont fidèles au roman. La reine d’Angleterre est gentille et sa bienveillance à l’égard de Louise nous fait plaisir, j’aime cette idée d’une certaine complicité entre les deux femmes. Mme de Maintenon demeure sage, simple et elle peut paraître austère, toutefois, je la trouve sympathique. J’ai un véritable coup de cœur pour Élise, je l’aimais bien dans le roman, mais je l’aime encore plus dans cette adaptation. La mère de Louise me semble encore plus touchante, j’ai bien aimé son personnage et j’aurais aimé en apprendre plus sur elle.
Les illustrations de Mayalen Goust sont sublimes. Le character design est vraiment bien pensé, les personnages suivent les descriptions d’Anne-Marie Desplat-Duc, ils sont attachants et facilement identifiables. J’aime le style de l’illustratrice, avec ces formes, ces lignes, simples et fluides ; les émotions sont bien retranscrites. Ce que j’aime encore plus pour les protagonistes, ce sont les vêtements, les costumes sont magnifiques. Les robes sont jolies et les couleurs se marient bien ensemble, on aime parcourir l’authenticité de ces habits d’époques qui me font rêver. Ensuite, le traitement apporté pour les objets et les paysages est soigné, ce sont réellement de belles images que l’on peut voir et revoir sans modération. Les bâtiments sont majestueux, les perspectives, les jardins, on se croit réellement dans des lieux historiques, c’est un beau voyage temporel. J’ai un gros coup de cœur pour le rendu des jardins de Versailles, splendide !
Charlotte décide de s’enfuir de Saint-Cyr et de quitter cette existence rangée sui ne lui convient pas. Une nouvelle vie l’attend à la cour de Versailles, une vie de fête, de liberté, de joie. Une découverte vient pourtant troubler son bonheur : son fiancé, François, a disparu. Charlotte ne s’avoue pas vaincue. Elle est prête à tout pour le retrouver !
Ces bandes dessinées sont sublimes, Charlotte et son aventure extraordinaire n’échappent pas à cette règle. C’était déjà un de mes romans préférés de cette série, son adaptation ne m’a pas déçue, elle met en grâce le caractère déterminé de la jeune fille dans un cadre somptueux entre Versailles et le Siam. Une excellente lecture, un très bon moment de passé avec et je poursuivrais cette série aussi longtemps qu’elle sera adaptée, en espérant les avoir un jour dans ma bibliothèque personnelle.
Les illustrations de Mayalen Goust valent véritablement le détour, elles sont magnifiques, j’aime beaucoup cette élégance et la rondeur des traits. Tout est fin, précis, charmant, c’est un bel objet que l’on prend plaisir à feuilleter sans le lire au premier abord, l’illustratrice entre vraiment dans mon panthéon des illustrateurs favoris. Le design des personnages permet une identification claire, j’apprécie les traits de Charlotte ou de Marguerite de Caylus. Les vêtements sont formidables, vaporeux avec de belles textures pour signifier la richesse des tissus. Quant aux décors, ils sont merveilleux, Versailles fait clairement rêver, on en voit l’intérieur et les jardins ; mais le Siam est sincèrement éblouissant avec toutes ses références asiatiques qui font voyager.
En ce qui concerne l’adaptation, elle est réussie. J’avais l’impression que le voyage au Siam ne durait malheureusement pas assez à mon goût, mais il existe un certain équilibre entre le temps passé à Versailles et celui du voyage. Toutefois, parce que j’étais vraiment prise dans l’intrigue, j’aurais voulu que l’on se penche davantage sur le voyage de Charlotte. En revanche, j’ai retrouvé avec plaisir l’héroïne et ses palpitantes aventures, j’ai retrouvé les sensations éprouvées lors de ma lecture du roman, entre émerveillement et passion. L’essence du roman est donc bien là, l’adaptation demeure fidèle.
Le scénario, signé Roger Seiter, est très bon, on revoit à loisir les répliques du roman, le ton et le vocabulaire de l’époque sont une nouvelle fois employés pour rendre l’immersion complète. L’ambiance 17e siècle est donc autant visuelle que textuelle, je le répète, mais c’est un bel objet soigné et travaillé pour compléter la série de roman d’Anne-Marie Desplat-Duc.
Les protagonistes sont fort sympathiques, Mme Caylus m’apparaît comme plus soucieuse de Charlotte, plus aimable ; les personnes que Charlotte va croiser sur sa route vont se révéler surprenantes et attachantes, dévouées à sa cause, ce qui peut paraître étonnant, mais j’en suis pourtant ravie ; même si j’avoue que les relations sont mieux construites dans le roman, la profonde amitié liant Ewen à Charlotte est très jolie. Charlotte est inégalable, à la fois forte et rebelle, sensible et amoureuse, elle est passionnée et intelligente, fière sans être hautaine ou arrogante. Elle possède ce côté indépendant et courageux qui me séduit parfaitement.
Hortense a fait une promesse à son amie Isabeau : rester avec elle à Saint-Cyr jusqu’à leurs vingt ans. Mais Simon, celui qu’elle aime, ne supporte plus de vivre loin d’elle. Hortense accepte alors de s’enfuir avec lui, même si elle sait qu’elle risque de provoquer la colère du Roi…
Cela faisait des années que je voulais poursuivre (et terminer) l’adaptation des Colombes du Roi-Soleil, neuf années après avoir lu le tome sur Charlotte, j’ai enfin pu emprunter et découvrir le tome sur Hortense et j’en ressors super contente. Je ne sais pas si les autres colombes auront droit à leur adaptation, ce qui serait trop chouette, mais s’il y a des suites, je les prendrai sans hésiter. Ce sont des bandes dessinées d’excellente qualité.
L’adaptation est réussie, j’applaudis le travail de l’auteur et de l’illustratrice, parce que le voyage d’Hortense est éprouvant, long, périlleux, avec des paysages hostiles, des personnes pas toujours bien intentionnées, l’appât du gain et les guerres de religions. C’est un tome plus mature et je dois dire que j’ai appris à apprécier Hortense au fil du roman et à travers cette BD.
Le texte se lit facilement, j’ai adoré découvrir les relations entre les personnages, c’était passionnant à lire, soigné et accessible, et comme je le disais l’histoire est captivante en raison du voyage réalisé par Hortense, des nombreux obstacles pour vivre son amour avec Simon, des problèmes que sa fuite de Saint-Cyr occasionne… L’intrigue m’a captivée des premières lignes jusqu’aux dernières, à tel point que ça m’a trop donné envie de relire cette saga.
Le personnage d’Hortense n’était pas mon préféré, je la jugeais très austère, même si elle était d’une loyauté sans faille à ses amies, la voix de la raison était parfois rigide à mes yeux. Je n’étais pas empressée de lire le roman de base, mais le récit à su m’emporter, notamment pour ses péripéties et rebondissements, mais aussi parce qu’une fois hors de Saint-Cyr, Hortense se révèle. Elle devient sensible, déterminée et courageuse, digne malgré les événements, persévérante et j’ai fini par apprécier ce personnage. En revanche, je conserve ma grande affection pour Simon et toute la famille Lestrange (la famille de Charlotte).
J’ai adoré les thématiques familiales, amicales et amoureuses croiser la route d’un thème qui est sensible, la religion, notamment la guerre opposant les catholiques (comme l’est Hortense) aux huguenots (comme le sont Simon et sa famille). Cela donne de la matière pour réfléchir dessus, comprendre le sujet – même si cela reste à un lectorat adolescent. Je suis donc conquise par la maturité de cette histoire, des sujets abordés et des personnages.
Enfin, les planches sont magnifiques à regarder. De très belles illustrations signées Mayalen Goust qui donne une parfaite immersion dans le siècle du Roi-Soleil, avec les vêtements, les décors fastueux. Le voyage nous transporte dans différentes régions de France et de Suisse, avec de très beaux paysages, et les personnages sont facilement identifiables, expressifs. C’est un régal sur le plan visuel, avec des couleurs douces, un trait élégant et soigné, je suis totalement fan.
2 comments
Je ne connaissais pas du tout, ni même le roman. Je ne pense pas les découvrir mais je suis d'accord avec toi, les illustrations sont très belles, soignées et colorées. 🙂
RépondreSupprimerJe comprends totalement, mais oui, le travail de Mayalen Goust sur les illustrations est incroyable, j'adore ce qu'elle fait =)
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