Les cités de poussière (PFEIFFER)
Les cités de poussière de Nell PFEIFFER
Éditions Hachette – 2025 – 500 pages – 20 €
Littérature Young Adult | Science-Fantasy | Dystopie | Secrets | Ecologie et ressources
Avertissement : [Présence de sexisme et de misogynie, violences physiques et verbales]
Dans un monde où les rayons brûlants du soleil dominent, quatre uniques cités se dressent, chacune abritant des humains dotés d’un Don spécifique : les Érudits dans la Cité du Savoir, les Façonneurs dans la Cité Matérielle, les Virtuoses dans la Cité des Arts, et les Mémoriaux dans la Cité de Jouvence. Si ces cités prospèrent, c’est uniquement grâce à la Poussière : une poudre dorée invisible à l’œil nu s’échappant d’objets anciens. Celle-ci préserve non seulement les villes de la chaleur du soleil, mais est aussi utilisée pour créer de l’Élixir de jouvence. Délia Serpentine, une jeune Érudite, termine sa formation pour devenir conservatrice, une fonction cruciale pour la récupération des artéfacts qui assurent la prospérité des cités. Elle est désireuse d’explorer les terres arides par-delà des remparts, et ainsi contribuer à l’essor des cités dans une période où le Déclin menace leur société. Toutefois, son destin bascule lorsqu’elle découvre un étrange grimoire dans le sous-sol d’un collectionneur. Les souvenirs enfouis dans l’objet l’obligent à se lancer dans une quête périlleuse aux côtés de Dante, le bras droit du Chancelier, dans l’espoir de contrer l’effondrement des cités. Entre mensonges, secrets et trahison, Délia découvre qu’elle a un rôle bien plus crucial à jouer que ce qu’elle imaginait.
J’étais impatiente de découvrir le nouveau roman de Nell Pfeiffer et je n’ai pas résisté longtemps après l’avoir acheté. C’était une très belle lecture, passionnante et dense, très différente de sa série l’Engrange-Temps dans l’ambiance qui est mature, avec un peu plus de violence, plus engagé aussi sur bien des thématiques. Si je n’ai pas eu un coup de cœur, cela reste une lecture marquante et je suis désormais très curieuse sur le prochain livre qu’elle compte écrire. C’est une histoire à la fois de fantasy pour ce qui est des Dons et de la Poussière, en couvrant également le champ de la science-fiction pour cette part d’engagement écologique qui a des allures d’anticipation et de dystopie.
L’univers développé demande beaucoup d’attention, parce qu’il est dense et l’on sent que l’autrice en exploite une partie pour mieux nous immerger dans les nombreuses actions de son histoire. J’ai aimé découvrir ces diverses Cités, leur origine, d’autant plus que les révélations fracassantes concernant ce monde permettent de changer la donne. C’était hyper intelligent d’avoir construit et déconstruit certains points, d’avoir semé le doute à chaque action ou discussion, parce que cette méfiance permet de poser tellement de questions.
L’autrice évoque énormément de sujets qui sont reliés par la vérité autour des Cités, de l’Elixir, du Chancelier et des Dons. On parle d’équité et de liberté, du rapport au corps par l’intermédiaire de la jeunesse et/ou de la vieillesse, donc de la mort, cela questionne aussi notre manière de penser la famille. Surtout que le monde extérieur est ravagé par les très fortes chaleurs, donc il y a une grosse part de thèmes écologistes, d’utilisation des ressources. Enfin, les conditions des femmes, la mémoire, le féminisme pour achever cette toile complexe qui se ressent dans chaque fibre de l’intrigue.
Ainsi, entre les questionnements, les révélations, les dialogues, les actions, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. La plume est soignée, agréable à lire et immersive, addictive, le travail des thématiques en profondeur ajoute une maturité que j’avais déjà sentie avec le second opus de l’Engrange-Temps, mais qui est ici décuplé. Même si je reconnais que les 500 pages forment une histoire avec quelques longueurs, c’est davantage dû au fait que l’attention est monopolisée du début à la fin, sans temps morts.
Les personnages sont passionnants et leurs relations ont une place de choix. Délia Serpentine est bien plus piquante par rapport à Sophie (héroïne de l’Engrange-Temps), mais elle sait être sensible et la suivre fut géniale. Dante est un chouette protagoniste, suffisamment mystérieux pour capter l’attention, mais aussi distant pour attiser la défiance. Leur duo était captivant à mes yeux, mais je pense que la relation que j’ai préférée pour sa complexité, fascinante et terrifiante, c’est Alecsio et Mélinda. Les personnages principaux comme secondaires sont fouillés, ont des histoires passionnantes, une bonne évolution et un rôle plaisant à voir au fil des chapitres.
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