AVIS EXPRESS #029 : Le soleil de minuit, Les royaumes muets, Les dames de Kimonoto, Dans la forêt sombre et mystérieuse, Groosham Grange et Les vies de Charlie

by - 17.8.25




Le soleil de minuit de Francesca DELL’OMODARME
Éditions Albin Michel (BD) – 2023 – 144 pages – 20 €
Bande dessinée | Jeunesse | Jour et Nuit | Relations entre sœurs | Fantastique



L’équilibre entre la lumière et l’obscurité repose sur deux jeunes sœurs. Bel, gardienne du jour, et Sam, gardienne de la nuit. Elles appartiennent au monde des divinités et vivent dans une forêt remplie de créatures magiques. Mais un jour, suite à une violente dispute, Sam s’exile chez les humains, mettant en péril l’équilibre du cycle de la vie…



Cette bande dessinée avait piqué ma curiosité en raison de la couverture et de son style graphique intéressant, du titre et du résumé. J’avais très envie de le découvrir et chose faite courant été 2024. Je suis très contente de l’avoir lu, même si j’en ressors moyennement convaincue et avec cette impression d’avoir quelque chose de confus.

La bande dessinée avec du potentiel. Le côté classique du bien contre le mal, de la lumière et du jour qui s’allient ou s’affrontent, certains lèveront les yeux parce que c’est manichéen ou vu/revu. Pour ma part, je pense qu’on peut toujours utiliser ces thèmes, mais il faut les travailler pour les faire oublier, pour les rendre plus impactant. Ce qui n’est pas le cas, la première partie est trop longue, la seconde trop rapide pour avoir un développement constant et soigné.

C’est donc survolé qu’on voyage dans un monde avec des humains, des créatures fantastiques et de divinités se côtoient sans se mélanger. Avec de bonnes idées du côté des créatures, pour cette relation entre sœur (Bel et Sam), avec la présence de la petite humaine Niah, de sa famille. Il y a de bonnes idées, de bons éléments qui auraient mérité une meilleure attention. L’histoire est coupée brutalement sans que j’aie pu apprécier l’univers, ses personnages.

Les dessins sont eux très chouettes, j’aime beaucoup le style de l’illustratrice, c’est super bien travaillé sur les décors, les ambiances colorées sont tops, le design des personnages et des créatures les rendent identifiables et attachants. Sur le plan visuel, j’ai vraiment passé un excellent moment à admirer les détails, ce trait très expressif et atypique je trouve. Si Francesca Dell’Omodarme sort une nouvelle BD, je suis curieuse de voir ce que ce sera, parce que je pense qu’avec un tel style graphique et une meilleure histoire, ça fonctionnera du tonnerre !






Les royaumes muets de Séverine GAUTHIER et Jérémie ALMANZA
Éditions Oxymore (Métamorphose) – 2023 – 78 pages – 19 €
Bande dessinée | Adolescent | Fantastique | Mort et deuil | Aventure
Avertissement : [traite de la Mort, du deuil, présence de fantômes et de squelettes]



Perséphone a rencontré la mort l’année de ses douze ans, un jeudi, à 23h52. C’était le jour de la veillée funèbre de son voisin, Victor Columbaria. Elle ne fera vraiment sa connaissance qu’après sa mort lorsqu’elle se retrouvera nez-à-nez avec son fantôme, quelque peu désemparé. Charles et Théophile, collecteurs de soupirs, ont deux jours de retard… Il y a une vie après la mort et le dernier soupir est le prix pour y accéder. S’il n’est pas collecté, le défunt sera condamné à l’errance… Aussi, Perséphone n’hésite pas à franchir la porte du monde d’après la mort pour partir à la recherche du dernier soupir de Victor… Mais pourquoi peut-elle voir les morts ? Et pourra-t-elle revenir dans le monde des vivants ?



Une très chouette découverte dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge de 2024. Un délicieux mélange de Coraline, des Noces Funèbres, en somme un univers qui sent et respire Tim Burton, une lecture idéale pour Halloween, juste ce qu’il faut pour légèrement frissonner lors de cette soirée du 31 octobre sans pour autant être effrayante. Spooky, certes, mais cosy.

Avec un tel univers, je serais tentée d’en redemander. Parce que ce monde souterrain où la Mort règne en maîtresse absolue, effrayante et prête à marchander les âmes, parce les squelettes collecteurs de derniers soupirs, la petite Perséphone qui peut voir les morts, toutes ces chouettes trouvailles m’ont fascinée et me donnent envie d’en avoir plus.

L’ambiance est également ultra soignée, par de somptueuses planches travaillées dans les détails, aux couleurs parfaites pour s’immerger dans ce monde sombre et un brin gothique. Sans oublier le coup de crayon qui est finement ciselé, donne du caractère aux personnages et une belle expressivité. On a gentiment peur et cette histoire créée sur des malentendus, offre son lot de rebondissements, d’humour décapant et décalé avec un texte soigné et drôle.

Perséphone est attachante au fil des pages et de ce qu’elle traverse, on a de l’affection pour ce pauvre Victor, on rit des étourderies et de l’alchimie incroyable entre Charles et Théophile – dont je suis définitivement fan. La Mort m’a fascinée, même si je ne suis pas fan du personnage. Je me suis régalée à suivre cette aventure palpitante, rythmée et dynamique, sombre et très amusante au fond. Si un deuxième tome venait à pointer son nez, je serais ravie de le lire !







Les dames de Kimoto de Cyril BONIN, d’après le roman de Sawako ARIYOSHI
Éditions Sarbacane – 2022 – 112 pages – 20 €
Bande dessinée | Adaptation de roman | Japon | 19e et 20e siècles | Guerre | Amour | Féminisme | Famille
Avertissement : [thématiques de la mort, du deuil, du mariage arrangé, de l’adultère]
Radar à diversité : [personnages japonais, autrice et culture japonaise]



À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXe siècle.


Une bande dessinée qui m’intriguait depuis plusieurs mois maintenant et j’ai profité de la bibliothèque pour l’emprunter, une très bonne surprise sans pour autant être un coup de cœur. Ce fut une belle lecture qui me pousse à découvrir le roman d’origine de Sawako Ariyoshi, donc je ne pourrais pas parler de la qualité de l’adaptation.

J’ai adoré suivre cette famille sur trois générations à travers les épreuves, les rires et les larmes, les affres de la guerre, l’arrivée du féminisme, et des thématiques intéressantes qui si elles sont présentes et nombreuses, ne sont pas toujours ultras développées. La faute à une rapidité dans le rythme pour donner les grandes lignes, une belle histoire. Et si j’aurais aimé quelques pauses, quelque chose de plus lent, le livre n’en reste pas moins une BD de haute qualité.

C’était vraiment chouette de voir ces trois femmes évoluer dans des contextes différents, avoir des personnalités variées, leur relation était superbe à suivre au fil du temps. De mères en filles, ce sont trois protagonistes passionnants à découvrir dans ces planches. Les autres personnages sont eux aussi très sympathiques à rencontrer, jouant leur rôle dans cette fresque familiale. Le texte est soigné, délicat, permettant de mettre en avant les conditions des femmes à cette époque, de relever leurs questionnements, de marquer leur opposition ou de nous offrir un très beau visuel sur le Japon de l’époque.

Par ailleurs, les planches sont soignées, la lecture est agréable, facile avec un texte lisible, un découpage qui facilite la compréhension du côté de la temporalité. Les personnages sont identifiables facilement et l’immersion est totale avec ces splendides décors qui nous plongent dans le Japon du 19e et 20e siècles. J’adore le trait qui est subtil et élégant, quant aux couleurs, elles sont douces, naturelles ; le visuel est réussi pour ma part.






Dans la forêt sombre et mystérieuse de WINSHLUSS
Éditions Gallimard – 2016 – 160 pages – 18 €
Bande dessinée | Jeunesse | Aventure | Fantastique



Angelo, jeune apprenti aventurier féru de zoologie, prend la route en famille pour rendre visite à sa mémé géniale qui est très malade. Mais sur l’aire d’autoroute où ils s’arrêtent, ses parents l’oublient et repartent sans lui ! Terrorisé, Angelo décide de couper à travers la forêt, où il se perd tout à fait Sa rencontre avec de fascinantes créatures : de la luciole obèse à l’ogre terrifiant vont faire de son singulier périple une aventure fantastique.



La couverture a totalement attiré mon regard à la médiathèque, je la trouvais pétillante, avec de jolies couleurs, un style graphique très prononcé et particulier. En plus de ça, le résumé m’intriguait au plus haut point. Je l’ai donc pris et lu durant ma soirée Halloween, parce que j’avais envie de quelque chose de frissonnant sans sombrer dans l’horreur.

J’en ressors mitigée. Déjà, le style graphique de la couverture est totalement absent à l’intérieur, c’est bien plus sobre et épuré, et bien moins dans ce que j’aime. Le petit pic de déception passée, je trouve que c’est une bande dessinée qui ravira le lectorat ciblé par sa fantaisie, par son personnage principal atypique et entraînant.

L’histoire est sympathique à suivre, nous avons une intrigue qui a des allures de contes avec ce voyage entre réel et fantastique, des rencontres incroyables et parfois dangereuses, cette forêt porte à merveille ses qualificatifs de sombre et de mystérieuse. J’ai adoré suivre Angelo à travers les nombreuses péripéties et cette fin est aussi touchante que tendre.

Angelo est un personnage malin et intelligent, à la limite d’être irrévérencieux, ce qui donne des situations rocambolesques et des répliques savoureuses. Si je ne suis pas une très grande fan de l’humour, le ton décalé m’a tout de même séduite.






Groosham Grange de Maxe L’HERMENIER et Clément LEFEVRE, d’après Anthony HOROWITZ
Tome 1 de la saga L’île du crâne
Éditions Jungle – 2023 – 70 pages – 17 €
Bande dessinée | Fantastique | Adolescent | Adaptation d’un roman | Magie



David Elliot s’est fait renvoyer du prestigieux collège ou ses ancêtres ont tous étudié. Pour le punir, ses parents décident de l’envoyer à Groosham Grange, un établissement réputé pour sa discipline de fer. Mais ni eux ni David ne réalisent véritablement où il va mettre les pieds… Ses nouveaux camarades, Jill et Jeffrey, en font la découverte en même temps que lui : dans cette incroyable château perdu sur l’île du Crâne, les professeurs sont tous plus étranges les uns que les autres, tandis que les élèves se comportent tous de façon inhabituelle. Grisham Grange cache un terrible secret que David et ses amis sont déterminés à découvrir ! Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises…



Une bande dessinée qui me tentait depuis sa sortie pour plusieurs raisons. Le roman d’origine m’a toujours intriguée de loin vu que j’avais bien aimé Alex Rider du même auteur ; en plus de ça, il y avait un certain pont possible avec la saga Harry Potter, et enfin, à défaut de plonger dans le récit d’origine, je pouvais bien tester son adaptation en bande dessinée.

Chose faite pour Halloween, pour une soirée douillette avec une pincée de magie, de mystères et de dark academia de surcroît. J’en ressors conquise, avec l’envie de poursuivre la saga avec le second tome. Néanmoins, je suis loin du coup de cœur, parce que j’ai trouvé la BD un brin expéditive, je n’ai pas toujours eu le temps, la possibilité de comprendre et saisir tous les détails.

Ce qui est dommage, parce que l’univers a l’air captivant, cette école très curieuse dans laquelle David se rend me paraît fascinante, les autres personnages sont eux aussi plutôt sympathiques à suivre. Mais ce manque de développement m’a parfois sortie de la lecture. D’autant plus que le texte est lui très agréable à lire et que l’histoire se laisse dévorer.

Je comprends mieux pourquoi l’auteur était furieux à l’égard de la créatrice d’Harry Potter, en effet, l’île du crâne écrit bien avant le sorcier à lunettes présentent pas mal de points communs ou d’éléments rappelant ce récit. Cependant, les deux œuvres parviennent très vite à se différencier – même si les illustrations ont clairement cultivé le parallèle dans le design des personnages et des lieux. Par ailleurs, les planches sont magnifiques, je suis fan du travail des couleurs. En somme, ce fut une belle lecture et une bonne découverte.






Les vies de Charlie de Kid TOUSSAINT et Aurélie GUARINO
Éditions Dupuis – 2023 – 125 pages – 26 €
Bande dessinée | Adulte | Mort | Monde du travail | Émotions | Fantastique | Contemporain
Avertissement : [thématique de la mort et du deuil, scènes de violences et présence d’armes et de nudité]



Dans une grande ville grouillante, Charlie, un jeune homme plein de bonne volonté, travaille pour Recycle & Ternel, une société dont le slogan est « Vous mourez, nous recyclons ». Charlie passe donc son temps à répondre au téléphone à des familles qui veulent savoir en quoi pourrait être transformé leur cher défunt. Un jour, un gamin l’appelle pour lui demander ce qu’est devenue l’âme de sa maman. Incapable de répondre, Charlie va se lancer dans une enquête au cœur de la mort et de l’amour…



Totalement conquise par ce titre que je suis impatiente de pouvoir un jour me procurer pour l’avoir dans ma bibliothèque personnelle. Je ne m’attendais pas à être autant passionnée par l’histoire et ses personnages et rien que pour ça, ce fut une belle surprise.

J’ai passé un bon moment de lecture en compagnie des employés de Recycle & Ternel, parce que la bande dessinée évoque tant de sujets plus ou moins développés, mais qui fonctionne totalement avec l’univers construit par Aurélie Guarino et Kid Toussaint. La vie au travail avec le développement personnel, la mort et tout ce que cela implique dans les croyances personnelles ou religieuses, de la question de l’âme et de la réincarnation, sans oublier la maladie et le deuil, l’absence, le pardon, l’amour et l’amitié, les émotions qui jalonnent la vie… Toutes ces thématiques sont parfaitement imbriquées à travers les personnages, leurs relations ou encore le monde dans lequel Charlie vit.

Ce dernier est un personnage principal de qualité, jovial et altruiste, sensible et débrouillard, il a une très belle personnalité, une curiosité qui m’a séduite dès les premières planches, ce fut un régal de suivre son évolution, son périple au sein de cette entreprise hors normes et dans cette aventure riche en émotions, avec un final très touchant. Les autres protagonistes sont eux aussi très chouettes à découvrir, notamment les collègues de bureau ou encore ce petit garçon qui souhaite retrouver sa maman. Le texte est de très bonne qualité, soigné et élégant, avec pas mal de tendresse et de malice, sans jamais être offensant ou caricatural. Les répliques fusent et se lisent avec facilité, c’était addictif.

Quant aux illustrations, elles sont magnifiques. Le trait est hyper expressif en ce qui concerne les personnages, parfait pour identifier en un rien de temps les protagonistes, bien fichus pour dresser le décor et le soigné par des accessoires et objets. Je suis totalement fan de la direction artistique avec ce noir et blanc maîtrisé, épuré par des planches lisibles et non surchargées en cases. Seules quelques notes de couleurs douces offrent un contraste saisissant, appréciés tout en restant poétique et délicat. Je suis vraiment fascinée par l’esthétique autant que par le fond.



Crédits images :
Livraddict * Flaticon * Canva * Unsplash * BD Gest (planches)

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