Éditions Delcourt — 2019 — 120 pages — 19 €

Lectorat adulte | Bande dessinée | Conte | Fantasy | Romance | Magie

Avertissement : [réécriture de peau d’âne qui comprend forcément un père voulant épouser sa fille, scènes de violences physique et/ou sur des animaux, scènes à caractère sexuel implicite]

J’ai découvert l’année passé le premier opus de la Marche Brume du même auteur, et ayant passé un très bon moment avec, je me suis décidée à lire ses autres ouvrages. Je suis donc repartie avec Peau de mille bêtes et ce fut un gros coup de coeur pour ma part, ce qui confirme que Stéphane Fert entre dans mes bédéistes préférés désormais.

J’ai adoré le concept de cette BD qui est de réécrire un conte que je ne connaissais pas des frères Grimm, Peau de mille bêtes, et qui n’est pas sans rappeler Peau d’Âne de Perrault. Le mélange des deux œuvres est parfait pour donner de la matière au récit, sans oublier le fait de reprendre les us et coutumes des contes pour cadrer l’histoire, faire rire ou au contraire souligner la cruauté de certains points.

Ainsi, la BD se découpe en plusieurs chapitres qui nous font avancer petit à petit dans un monde fait de magie et de nature, avec des histoires d’amour et séparation, de malédiction et d’absurde, de frissons et d’horreur, de colère et de modernité. L’auteur sait parfaitement maîtriser l’intemporel pour offrir une histoire passionnante, violente et mature, féministe et inoubliable. Les thématiques et messages délivrés en 120 pages envoient du lourd.

Les personnages sont intéressants à rencontrer et à suivre, le père de Ronce est à glacer le sang, en dépit de sa très belle histoire avec Belle. Ronce est merveilleuse, elle ne se laisse pas faire, elle est déterminée, drôle et en même temps sarcastique, j’ai tellement aimé vivre cette aventure avec elle. D’autant plus que le tandem formé avec Lou, le jeune homme plus rêveur, doux, qui aime la nature et la lecture, fonctionne à merveille. Leurs différences tant sur le design que sur leur personnalité les rendent attachants et je suis absolument fan des deux.

Les illustrations sont superbes. Oui, c’est un coup de crayon très atypique, ça ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, mais je me suis habituée, le résultat me fascine, le design des personnages permet de les identifier facilement. Le rendu des décors me plonge directement dans ce monde dans lequel le merveilleux côtoie les ténèbres, un univers de conte où magie et nature s’imbriquent. Les couleurs sont tout aussi particulières, avec des planches sombres aux couleurs d’ocre, de gris, de noir, basculant sur des planches plus colorées de rose et de bleu, de violet ou encore de rouge.

J’adore le travail de Stéphane Fert, j’ai hâte de pouvoir me procurer ses BD pour les ranger dans ma bibliothèque, parce que vraiment, ce sont d’excellentes histoires.