Fleuve Noir : La comptine des coupables (GERHARDSEN) et Juste une ombre (GIEBEL)

by - 16.5.16






Titre : La comptine des coupables
Titre VO : Vyssan Lull
Auteur : Carin GERHARDSEN
Tome 3
Série : Katarina Ewrlöf
Fleuve Noir — 2013
311 pages
20€50



Résumé :
La police de Hammarby est sous le choc : une mère philippine et ses deux enfants sont retrouvés assassinés chez eux, la gorge tranchée. Aucun indice sur le meurtrier, mais des questions en pagaille : comment une femme de ménage aux revenus modestes peut-elle vivre dans une maison aussi luxueuse ? Pourquoi le père des enfants, un Suédois, vit-il isolé, presque sans contact avec le monde extérieur ? Le commissaire Conny Sjöberg peine à mener l'enquête, à la tête d'une équipe mal en point : Jen Sandén se remet difficilement d'une crise cardiaque, Petra Westman s’est lancée sur la piste de l’homme qui a abusé d’elle et Einar Eriksson manque bizarrement à l’appel. Tourmenté par son passé, Sjöberg va découvrir que la clef de l’énigme est peut-être dans la culpabilité qui ronge les hommes jusqu’à leur dernier souffle, à commencer par lui-même.


Mon avis :
Cette lecture a été un petit coup de cœur, petit parce qu'il y a quelques légères longueurs, toutefois, ce roman est un super bon policier. Il a parfaitement rempli les conditions du genre, il propose de très bons ingrédients, ce fut une très bonne lecture.

C'est un bon policier. Très porté sur les dialogues, les détails, l'investigation, la recherche. Contrairement aux thrillers qui ont un caractère nerveux, ici, tout se passe dans une atmosphère tendue, mais l'intrigue s'installe dans le long terme. Comme pour un policier classique, il y a l'exposition de la scène de crime, l'interrogation de l'entourage, la recherche de coupable, fausses pistes qui s'installent. Puis, chapitre après chapitre, les rebondissements s'accumulent et les révélations sont à couper le souffle.

L'intrigue est menée avec brio, j'ai été happée dans cette avancée d'enquête, nous faisons connaissance avec Sjöberg et son équipe. Ils découvrent le meurtre d'une femme et de ses deux enfants. J'étais tellement loin de m'imaginer l'orientation qu'allait prendre l'histoire. Je cherchais le coupable dans l'entourage proche, mais l'on se situe dans une intrigue plus complexe et palpitante. Je suis restée fascinée par ce roman, ce qu'il dégage en matière d'émotion. Il y a cette longueur, cette douceur liée au pays scandinave avec la neige, l’amertume et la haine, la culpabilité. Très belle histoire autour de la culpabilité des uns et des autres autour de deux affaires différentes.

Parce que Sjöberg est intéressant à suivre. Non seulement il doit résoudre cette affaire de crime qui va permettre de ressortir une sombre affaire de son passé. Cet homme est sympathique à suivre, il est humain, touchant, faillible. Il n'est pas parfait, mais il va apprendre autant sur lui que sur les autres grâce à cette histoire. C'est un personnage très bien construit et formidable à comprendre. En terme général, les protagonistes inventés par l'auteure sont fantastiques.

Il existe des petites histoires dans la grande histoire. Au-delà des découvertes personnelles que fait Sjöberg, Jamal et Petra sont en froid à cause d'une sombre affaire de viol et de vidéos circulant sur un site à caractère pornographique. Un collègue est porté disparu, j'ai franchement aimé cette équipe qui est au plus mauvais point et qui pourtant tente de se relever, de se reconstruire et d'avancer. Ils sont humains, bien présentés, riches et complets, j'ai apprécié chacun d'entre eux. Les différents personnages rencontrés dans cette affaire sont intéressants à découvrir, ils ne se dévoilent pas tout de suite, il y a même de grandes surprises à la fin. Je vous laisse le soin de lire par vous-même ce policier surprenant et captivant.

La plume de l'auteure est travaillée. Le rendu des lieux, des personnages, des relations, des interrogations et émotion est fantastique ! C'est fluide et simple, pourtant, le décor est posé, on se laisse imprégner par l'atmosphère, par la tension qui s'augmente au fur et à mesure que le final approche. C'est un très joli style d'écriture et je suis curieuse de découvrir les autres romans de Carin Gerhardsen. Un autre point que j'aimerais soulever, c'est que le roman est peut-être un tome 3, à titre personnel, je ne me suis pas sentie perdue.

En conclusion, je ne m'attendais pas à cette lecture. J'ai été surprise par le format, les chapitres sont découpés selon les jours et heures des journées passées sur ce crime ignoble. L'ouverture est glaçante, l'atmosphère prenante, les personnages fascinants et très bien construits, l'enquête est menée avec brio. Le final est renversant, le dénouement est beau, une belle morale sur la culpabilité, la rancoeur sur des événements passés. C'est bien écrit, palpitant et surprenant, j'ai véritablement eu un très bon moment de lecture avec.



Titre : Juste une ombre
Auteur : Karine GIEBEL
Fleuve Noir (Fleuve Edition) — 2012 — 501 pages — 20€

Résumé :
Tu te croyais forte. Invincible. Installée sur ton piédestal, tu imaginais pouvoir régenter le monde. Et puis un jour... Un jour, tu te retournes et tu vois une ombre derrière toi. À partir de ce jour-là, elle te poursuit. Sans relâche. On te suit dans la rue, on ouvre ton courrier, on ferme tes fenêtres. On t'observe jusque dans les moments les plus intimes. Les flics te conseillent d'aller consulter un psychiatre. Tes amis s'écartent de toi. Personne ne te comprend, personne ne peut t'aider. Tu es seule. Et l'ombre est toujours là. Dans ta vie, dans ton dos. Ou seulement dans ta tête ? Le temps que tu comprennes, il sera peut-être trop tard... Tu commandes ? Apprends l'obéissance. Tu méprises ? Apprends le respect. Tu veux vivre ? Meurs en silence...


Mon avis :
Je viens juste de terminer le livre, et même après un laps de temps de réflexion, je dois dire que je suis contente de l'avoir lu, il est intéressant, cependant, il me laisse un petit goût de « mitigé ».

Parlons du point positif, le caractère psychologie du récit. C'est très prenant, parce qu'on se retrouve au cœur des pensées des personnages, de leurs évolutions, on voit ses longues chutes vers les Enfers. De ce côté-là, je suis très satisfaite, c'est détaillé et passionnant, ce jeu repose sur les nerfs, sur la capacité à endurcir, sur la folie, la paranoïa, sur la destruction.

L'auteure sait précisément comment nous mener par le bout du nez, on a souvent du mal à démêler le vrai du faux, parce que le personnage principal est réputé pour sa croyance aux complots, parce que son entourage ne croit en rien ses propos... Parce ce manque évident de preuves, cette ombre ne laisse rien traîner, donc comment attester sa réalité ? Comment faire croire à l'existence de quelqu'un quand il n'existe aucune preuve de sa présence ? Franchement, ce point est très réussi, je l'ai adoré pour cette partie psychologique qui nous plonge dans le doute, la peur, l'angoisse.

Côté policier. J'avais des doutes sur l'identité de l'Ombre, mais je préférais me réserver la surprise. Bon, j'avais tout juste, mais n'empêche que l'intrigue est plutôt sympathique à suivre, j'ai adoré me plonger dans l'enquête de Gomez. C'est d'ailleurs un protagoniste complexe, humain et très attachant, un brin lunatique, très grognon, un peu violent, mais très perspicace. Même s'il a tendance à foncer tête baisser, j'en suis même très désolée pour lui, c'est triste. C'est un excellent personnage, très intéressant.

Toutefois, j'aurais aimé une vraie fin, une fin qui clôture le roman, l'épilogue ne m'a pas convaincue du tout. J'aime les ouvertures dans les fins, mais là, j'ai l'impression que l'enquête ne détient aucun dénouement et surtout aucune conclusion. C'est dommage, parce que j'aurais tellement aimé que justice soit faite, ça aurait donné du baume au cœur, un peu d'espoir. Je tiens quand même à préciser que ce thriller est captivant à suivre, j'ai apprécié ma lecture.

Ensuite, je vais évoquer le style. La plume de Karine Giebel est fluide, assez passionnante pour devenir addictive pour ce genre de récit. Les descriptions, les répliques, ce fut un moment plutôt agréable de lecture, le style est sympathique, je n'ai rien à redire dans la globalité. Une fois de plus, ce sont quelques détails – qui si l'on s'ennuie – pourront gêner à l'immersion voire la compréhension.

Les phrases courtes sont censées donner du rythme, c'est le cas, parfois. Bien souvent, ça m'a hachuré la lecture, la ralentissant même. Les chapitres courts étaient déjà suffisants pour donner un rythme effréné au récit. Quelques vulgarités par-ci par-là auraient pu être évitées, notamment au début du roman, après ça disparaît peu à peu. Je veux bien croire qu'il faut donner du naturel, mais tout le monde ne jure pas comme un charretier. Je suis bien contente que ce léger défaut fût effacé au fil des pages. Ensuite, là, c'est le plus gros défaut, celui avec lequel je n'ai pas pu m'y faire, c'est la forme. J'ai toujours appris que pour exprimer les pensées il fallait de l'italique ou des guillemets, dans ce roman, une foule de personnages expriment leur opinion intérieurement et pourtant, aucun moyen de faire la différence. Je me suis bien souvent perdue, dommage. Toutefois, je tiens à le préciser, la plume est jolie, les descriptions et les répliques m'ont captivée, même les pensées des personnages sont palpitantes, c'est juste un problème de forme.

Pour terminer cette chronique, je parlerais des personnages. J'ai déjà évoqué Gomez, je dois dire que j'aime son entourage, Sophie, sa femme et son coéquipier, Laval. Deux protagonistes que j'aurais aimé savoir un peu plus, parce qu'ils sont intéressants dans leurs relations avec Gomez. La meilleure amie de Cloé (personnage principal) est insupportable... désolée, c'est censé être une super copine, je sais qu'elle se sent rabaissée par Cloé, mais de là à ne porter aucun crédit à ce qu'elle dit, j'ai trouvé ça odieux. Bertrand est loin d'être le copain idéal, même s'il fait croire le contraire, je l'aimais bien au début puis je me suis mise à le détester, je n'ai jamais pu supporter Quentin et Martins, le rival au boulot. Ce sont des personnages bien construits, complexes, avec leur haut et leur bas, mais ce n'est pas facile à voir, ils sont un peu tête à claque pour moi. Je crois que le sommet est atteint avec Cloé. Alors oui, ce qui se passe pour elle devient vite triste, on se prend de compassion pour elle, on n'aimerait pas que ça nous arrive. Toutefois, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi détestable humainement parlant, et même ces horribles choses n'effacent pas son odieux comportement. Égoïste, à se croire indispensable, prétentieuse, manipulatrice, elle se croit supérieure à tout le monde, hautaine, je suis triste pour elle, mais je ne parviens pas à m'attacher à elle. Pourtant, des baffes, elle s'en prend, combien de fois son entourage essaie de la remettre à sa place, mais rien n'y fait. J'ai beau connaître son passé, ses souffrances et le calvaire que lui fait vivre le récit, elle reste une abominable tête à encastrer dans le bitume, je n'y peux rien. J'ai essayé, mais cela ne fonctionne pas, elle est antipathique.

En conclusion, c'est un très bon thriller psychologique. L'enquête est simple, mais efficace, elle est menée par un personnage des plus captivants qui soient, le coupable se trouve aisément, mais j'avoue que certains rebondissements m'ont surprise (agréablement). La dimension psychologique est d'une excellente qualité, la plume de l'auteure aide véritablement dans ce sens, avec tous ces sentiments de doute, de peur, de paranoïa, ce fut très passionnant. Les protagonistes sont humains, ils ont leurs failles et leurs qualités, je les ai bien appréciés, même si l'héroïne principale est impossible à aimer. Je pense lire d'autres romans de l'auteur parce que son style est captivant à lire.

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