Isabelle PANDAZOPOULOS ~ Double faute + La décision

by - 28.11.16






Titre : Double faute
Auteur : Isabelle PANDAZOPOULOS
Gallimard Jeunesse (Scripto) — 2016
204 pages
9€90



 
Résumé :
Ulysse et Ludovic ont été entraînés au tennis par leur père dès leur plus jeune âge, dans le but d'en faire des champions. Ulysse, victime d'une blessure à l'âge de 14 ans, décide de tout arrêter pour vivre comme les autres adolescents. Deux ans plus tard, Ludovic s'écroule en plein match et se retrouve dans le coma.

 
Mon avis :
Je remercie les éditions Gallimard Jeunesse et On lit plus fort pour ce nouveau partenariat. J'avais eu un avis mitigé sur La décision, pourtant j'avais hâte de découvrir ce roman. Le résumé promet un récit intéressant sur le sujet des enfants devant des champions sportifs. J'en ressors avec un bon avis et après avoir passé un bon moment de lecture.

Le roman est très fort, les émotions sont présentent et j'ai très vite lu ce roman tant il m'a happée. L'auteure aborde la famille et les liens brisés, l'adolescence, le coma, la drogue, le sport avec justesse et simplicité. Elle ne rentre pas dans des détails sordides ou trop moralisateurs, elle nous présente les choses de manière simple et efficace. Les sujets sont intéressants et bien abordés, on pourra reprocher la grande simplicité et le manque de relief, néanmoins, ça ne m'a pas dérangée. J'ai passé un super moment de lecture avec ce récit.

Le début m'a un peu chamboulée avec sa mise en scène, toutefois, je suis rapidement entrée dans l'intrigue. L'auteure a su m'emporter dans les pensées d'Ulysse et dans ses émotions contradictoires. J'ai senti à quel point il était perdu, isolé, heureux, malheureux, en colère ; j'ai bien vu que ses prises de décisions parfois dures à l'égard de ses amis et membres de sa famille me font réfléchir. Sans approuver ses réactions, je suis parvenue à le comprendre. Les descriptions et dialogues me plongent dans cette ambiance de compétition, de bouleversements, dans un quotidien loin d'être banal. En somme, j'ai pris conscience de certaines choses par rapport à ces enfants que l'on pousse à bout pour qu'ils deviennent les grands champions que nous applaudissons et/ou admirons.

L'intrigue dévoile la pression exercée par leur père, cette sorte de chantage affectif, de paroles rudes et horribles qu'il peut sortir pour faire de ses enfants des héros. Il y a la pression, l'enfance rythmée au gré des compétitions et des entraînements ; les blessures, les conflits, les peurs et les doutes... L'atmosphère était souvent oppressante et particulière, j'ai beaucoup aimé entrer dans ce monde. Ce récit ne laissera personne indifférent. Ulysse nous présente sa vie de petit champion, un quotidien qu'il finit par envoyer valser pour vivre comme les autres, pour vivre pour lui et non pour son père. Tout se passe bien jusqu'au jour où son frère tombe dans le coma, les langues se délient, on se raccroche au passé, on se souvient... C'est une très belle histoire et si tout ne m'a pas passionnée, j'ai été scotchée par l'ensemble.

Les personnages sont intéressants et tous ont leur place dans le roman. Ulysse est notre personnage principal, très attachant et agréable à suivre, j'en ai déjà parlé plus haut. Ludovic est lui aussi captivant, son histoire fait forcément réagir, je me suis sentie très triste pour lui. L'histoire avec Axel arrive un peu comme un cheveu dans la soupe, toutefois, elle montre la complexité de l'ensemble. Les parents d'Ulysse et de Ludovic m'ont horrifiée, je ne les ai pas aimés, du début à la fin je les ai trouvé antipathiques et peu aimables. En revanche, j'ai beaucoup aimé la grand-mère d'Ulysse, Madeleine est amusante et sympathique. Nina-Lou m'a également laissée indifférente par son attitude très lunatique et peu aimable.

En conclusion, il frôle le coup le coeur. Pourquoi ? Parce qu'il manque un peu de densité dans certains thèmes abordés et quelques rebondissements apparaissent tomber de nulle part, sans compter quelques longueurs. Cependant, c'est un très bon roman, il aborde un sujet très complexe et intéressant, que je n'avais jamais vu auparavant. Il est très bien écrit et les émotions répondent présent, les personnages — en particulier Ulysse — sont humains et prenants. L'intrigue se lit vite et elle est très belle, elle fait réfléchir.







Titre : La décision
Auteur : Isabelle PANDAZOPOULOS
Gallimard Jeunesse (Scripto) – 2013
246 pages
9€50


Résumé :
En plein cours de maths, Louise, jeune fille sans histoires, excellente éléve de Terminale S, a un malaise. Samuel, le délégué, l’accompagne aux toilettes. Du sang s’écoule, Louise ne répond plus. Hémorragie ? Suicide ? En fait, la jeune fille a accouché. Elle ne savait pas qu’elle était enceinte, mais elle a donné naissance à un petit garçon de 3,3 kg. Pourtant, Louise affirme qu’elle n’a jamais couché avec personne… Alors que s’est-il vraiment passé ? En état de choc, la jeune fille ne peut accepter la réalité. Pourtant, il lui faut décider du sort de son enfant : le garder ou le confier pour adoption. Elle n’a que quelques semaines. Et un long chemin à faire…


Mon avis :
Je connaissais ce roman de nom, j'avais lu quelques chroniques dessus, mais il ne m'a jamais véritablement tentée. Puis, un jour, je me suis dit que je devrais au moins tester, car son sujet piquait ma curiosité, c'est vrai que le déni de grossesse, c'est la première fois que je le vois traité. Après lecture, il est sympathique, mais sans plus, c'est assez mitigé, il y a des choses intéressantes et d'autres pas assez exploités.

L'histoire est passionnante. Le sujet est à la fois pas facile et pourtant, il est plutôt bien montré. Disons que j'ai énormément apprécié l'idée de ne pas faire parler Louise dès le début du roman, nous avons quelques chapitres du point de vue des parents, du proviseur, des professionnels de la santé, d'amis. Et ainsi, nous entrons dès le départ dans le vif du sujet, la douleur, l'incompréhension, les questions, les doutes, la maternité, tout est bien développé. Le long chemin de Louise pour arriver à sortir la tête haute et à trouver sa solution fut prenant à suivre. En somme, l'histoire m'a vite enchantée et j'ai rapidement lu le roman – en quelques heures d'ailleurs il était fini.

Cependant, le cheminement de Louise est trop long, elle est chamboulée et cela se comprend, mais j'ai eu plus l'impression qu'elle subissait qu'elle ne cherchait à s'en sortir. Du coup, sa décision finale ne me surprend pas, mais j'aurais aimé qu'elle soit mieux détaillée, parce qu'elle arrive quand même comme un cheveu sur la soupe. Le milieu du récit est un poil trop long, j'ai été ravie de rencontrer les filles dans le centre, mais elles ne servent pas à grand-chose, si ce n'est qu'à montrer la diversité – dans le sens où le phénomène de jeunes filles devenant mère est plus présent qu'on ne le croit.

Ce qui m'a surtout dérangée, c'est le résumé, ni ses amis ni ses parents ne l'aident, excepté Samuel. Louise est seule du début à la fin. On la juge, perpétuellement, on ne la croit pas, seul Samuel se démène pour chercher la vérité. Et au final, ce roman ne nous apprend pas ce qu'est un déni de grossesse, c'est un fait plus complexe et encore très troublant, car personne ne se l'explique vraiment. Et ce n'est pas assez marqué. En revanche, l'univers dans lequel on se situe est criant de vérité et de réalisme, c'est contemporain, simple et honnête.

La plume de l'auteure est très jolie, c'est à la fois soigné et fidèle à des adolescents sans pour autant tomber dans les clichés. L'écriture est donc fluide, il est très facile de se plonger dans les pensées de tous ces personnages montrés. Les descriptions nous font entrer dans cette vie lycéenne bouleversée par l'arrivé de l'enfant et Isabelle Pandazopoulos montre à quel point, chaque personne entourant Louise se trouve également chamboulé par cette histoire. Les répliques sonnent juste, le dénouement est imprévisible, personnellement, j'étais bien loin de m'imaginer une telle affaire autour de ce mystérieux père.

Les personnages sont sympathiques, mais je ne me suis attachée à aucun d'eux. Les deux seules exceptions sont Samuel et Noé. Le premier ne se sentait pas forcément proche de Louise, mais il veut lui apporter tout son soutien, il pense à elle, il cherche à comprendre ce qui s'est passé. Il est très gentil et humain, un vrai plaisir de le voir. Noé, c'est cet adorable bébé. Je sais, on le voit peu, il ne parle pas, mais comment rester insensible devant ce petit bout ? Je n'ai pas apprécié la famille de Louise ni ses amis, ces derniers sonnaient trop faux et auront été bien punis. Je suis même hors de moi à l'idée que Mélina soi-disant la meilleure amie a pu participer, camoufler et s'en va à Istanbul tranquillos. Louise est une sacrée protagoniste, elle est méritante, son courage et sa ténacité sont exemplaires, j'ai bien aimé l'évolution du personnage, connaître ses pensées et savoir comment elle allait s'en sortir. Sans être super attachante, j'ai apprécié son histoire.

En somme, je vais tenter de récapituler. Ce roman, il est à lire, vraiment, je pense qu'il est passionnant, original dans le sujet qu'il aborde et dans sa manière de présenter le récit. L'écriture fluide, soignée et sympathique le rend agréable et simple à lire. Il a de très bons points positifs, il est poignant, criant de vérité, bouleversant, délicat sur un sujet encore mal compris, peu connu ou dérangeant, car inexplicable (ou très peu). Toutefois, il possède de nombreux défauts : le manque de soutien des amis et des parents ; la longueur au milieu du récit ; la fin peut-être trop rapide ; pas plus d'explication autour du déni de grossesse ; personnages souvent peu attachants. Au final, j'ai bien aimé cette lecture, je le conseille véritablement parce qu'il est marquant, mais ce bilan reste mitigé.

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