Les Chroniques de l'Erable et du Cerisier (MONCEAUX) - Tome 1 : Le masque de Nô
Le masque de Nô de Camille MONCEAUX
Livre 1 – Les Chroniques de l’Érable et du Cerisier
Gallimard Jeunesse – 2020 – 416 pages
Japon | Samouraïs | Théâtre | Courtisane | Secrets | Guerre
Enfant abandonné, Ichirô est élevé comme un fils par un mystérieux samouraï qui lui enseigne la voie du sabre. Vivant reclus dans les montagnes, au cœur d’une nature sauvage, il grandit au rythme des saisons, entre une insouciance bienheureuse et un apprentissage qui exige persévérance et courage. Mais par une nuit terrible, Ichirô voit sa vie basculer. Il doit tourner le dos à son enfance pour affronter le monde et son destin.
Je tenais tout d’abord à remercier le site On lit plus fort pour cette fabuleuse découverte ! C’est très clairement un petit bijou très intéressant et prometteur. Je suis plus qu’impatiente d’avoir la suite et de pouvoir à nouveau me promener dans ce Japon sous l’ère Edo en compagnie d’Ichirô et de ses compagnons.
L’immersion est parfaite. Dès les premières lignes, j’ai retrouvé ce que j’ai tellement aimé dans la plume de Philip K. Dick via son Maître du Haut Château ou encore Lisa See avec Fleur de Neige. L’écriture est magnifique, Camille Monceaux a parfaitement su créer une atmosphère très immersive, on voit toute la poésie asiatique avec ses descriptions liées à la nature, cet aspect contemplatif avec une lenteur maîtrisée… Je suis absolument fan de ce dépaysement. L’autrice sait parler du Japon, elle nous présente de fabuleux décor naturel ou urbain. J’ai adoré visiter les rues de cette ville d’Edo, monuments, ateliers, des bas quartiers aux quartiers plus luxueux… c’était passionnant de voir tous ces lieux prendre vie.
D’autant plus que l’autrice s’est énormément documentée, a vécu au Japon, ça se ressent. Chaque référence à la culture et aux mœurs japonaise est précise, soignée. J’ai énormément appris sur les couches sociales, les samouraïs, les courtisanes, les artistes, la justice… Camille Monceaux aborde pas mal de sujet dans ce premier tome, sans oublier les choses du quotidien comme les vêtements, les objets. Tout est fait pour embarquer dans le Japon du XVIIe siècle. Il y a du texte en japonais, des références à la littérature japonaise, on y parle de religion, de la voie du sabre et des samouraïs, c’est toujours bien pensé et expliqué, utile pour comprendre les personnages et leur relation, pertinent pour étoffer l’univers et s’y plonger avec délice.
Personnellement, les pages ont littéralement filé tant j’ai apprécié ce voyage. Outre le dépaysement culturel et historique, j’ai apprécié les différentes thématiques abordées, les messages glissés çà et là, les émotions que ce premier tome procurent. Nous avons une palette d’émotion très vive et qui contraste avec l’apparent calme du récit qui se veut lent et contemplatif. J’ai souvent pensé à une sorte de fleuve qui aurait des remous et des chutes, on a une apparente quiétude qu’un danger vient bousculer. J’ai bien aimé le fait que cette voie du sabre s’avère plus compliquée pour Ichirô, on voit le Japon dans une sombre période, avec une facette plus obscure et des couches sociales que l’on estime parasitaires : courtisanes de maisons du thé, des comédiens de théâtre et des poètes, les mendiants, les étrangers et chrétiens. Cela donne une certaine maturité au roman, un côté plus sombre et violent, une forme de colère sourde et froide.
Dans ce fourmillement de paraître, dans cette société hyper cadenassée par un Shogun plus que fourbe, nous avons un adolescent, Ichirô. Un orphelin élevé par un ancien samouraï, qui doit se reconstruire comme mendiant, puis comme commis dans un théâtre. Il cherche à s’en sortir, à survivre coûte que coûte et ce flot le lie et le délie au fil rouge de la saga. Une quête pour devenir un vrai samouraï, découvrir sa réelle identité et percer les secrets de sa naissance, trouver sa place dans des querelles politiques qui le dépasse, se venger… Nous avons là de puissants thèmes et sujets pour une fresque passionnante, à la fois douce et amère, calme et tumultueuse, joyeuse et dramatique. L’histoire principale m’a clairement tenue en haleine du début à la fin, à cause de tous ces mystères, de toutes ces questions, de tous ces personnages gravitant autour d’Ichirô.
L’histoire principale donne l’illusion qu’il ne se passe pas grand-chose. Disons qu’il n’y a pas ou peu d’actions, mais il se passe un millier d’événements, petits et grands qui font avancer Ichirô, ou bien le bloquer. J’ai aimé ce premier tome qui pose d’intéressantes bases, qui nous propose une intrigue intéressante sur la survie d’un enfant dans un milieu sombre et violent, autour du théâtre et de ce masque de nô. Le personnage d’Ichirô est très sympathique à suivre, à la fois naïf et pourtant perspicace, sensible et courageux ; l’autrice le malmène beaucoup dans ce premier opus et il devient au fil du temps attachant, c’est un très chouette héros qui apprend de ses erreurs, qui a une personnalité très chouette.
Les autres personnages sont tout aussi intéressants. J’aime beaucoup ce côté, on se croise, on se perd de vue, on se retrouve… Il y a une certaine magie, n’y voyait pas de la simplicité ou de la magie du scénario, mais c’est quelque chose que j’avais déjà aimé avec le Maître du Haut Château ou Fleur de Neige, cette capacité incroyable que les protagonistes ont de se lier et délier, de faire des choses qui auront des conséquences sur les autres sans s’en rendre compte. J’ai apprécié cette jolie galerie, entre personnage bénéfique et malveillants, parfois neutre, mais tous sont humains. Tous apportent quelque chose à Ichirô, une aide, une question, une direction à suivre, un mal pour une belle rencontre… En vrac, je dirais que je suis très fan du père adoptif d’Ichirô et d’Oba, j’adore Shin il est merveilleux et loyal, Daichi m’a souvent amusé, j’ai adoré Takao-daiyû, Hiinahime est touchante et son histoire percutante, même Masashige m’intrigue, comme d’autres que l’on peut croiser dans ce tome. Je suis très impatiente de les recroiser ou pas à l’avenir, d’en apprendre plus sur eux, de percer leurs secrets, de suivre leurs futures pérégrinations. Nul doute que ce voyage sera tout aussi captivant et sinueux que celui-ci.
Sur la galerie baignée du scintillement des étoiles, l’homme contemplait la lune avec l’émerveillement qui sied aux grandes occasions, le visage tendu vers la Voie lactée comme une fleur vers le soleil, absorbé par l’immensité du vide et fasciné par la beauté du monde.
Crédits images :
Unsplash (Omer Sonido, Riccardo Trimeloni, Bantersnaps, Finan Akbar) * Flaticon * On lit plus fort
8 comments
Je ne suis pas une grande fan du Japon alors ce livre n'est pas forcement celui qui me tente le plus.
RépondreSupprimerMais, ton avis me donne envie de lui donner une chance. En plus, l'objet livre est vraiment magnifique.
J'espère qu'il pourra te séduire, c'est vrai que c'est un bel objet. Je comprends, il y a des pays qui ne m'intriguent pas des masses non plus ^^
SupprimerJ'ai extrêmement hâte de le lire pour le Pumpkin Autumn Challenge :)
RépondreSupprimerBonne lecture, j'espère qu'il te plaira !
SupprimerUn livre qui pourrait me plaire ! J'adore lire des histoires qui se déroulent au Japon ou en Asie en général ! Je note !
RépondreSupprimerPS : Je viens de remarquer un DVD Anastasia dans la bannière. Un signe que tu es une bonne personne, objectivement ! :D
J'espère que tu auras l'occasion un jour de le découvrir ^^ Merci beaucoup pour Anastasia, mine de rien, ça a été très galère de choisir les livres, jeux et DVD qui allaient apparaître dans cette bannière =) Depuis sa sortie en France, j'adore ce long métrage d'animation, je me disais qu'il avait parfaitement sa place sur la photo ^^
SupprimerQuel bel article ! J'ai déjà vu passer ce titre, et je dois dire qu'il me tarde de pouvoir le découvrir !
RépondreSupprimerLes deux premiers tomes sont excellents, je te souhaite une belle lecture si tu te lances dedans ^^
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