Tome 1 – prequel du Pays des Contes du même auteur

Michel Lafon – 2020 – 411 pages – 16 €95

Conte | Magie

Un préquel passionnant et parfait pour Le pays des contes, intelligent avec des messages très forts, une intrigue audacieuse et percutante, un final grandiose, je suis restée totalement ébahie par cette lecture que je trouve marquante. J’ai sincèrement hâte de découvrir la suite et de savoir sur quelle intrigue Chris Colfer va partir, va-t-on rester sur Brystal ou suivre de nouveaux personnages (ou de vieilles connaissances de la saga principale) ? Tout est possible et l’auteur vient de le prouver avec ce préquel réussi.

Le pays des contes avait ce mélange parfois subtil, parfois moins subtil entre le pays de la magie et de l’émerveillement ET ce même monde impitoyable, cruel et terrifiant. Chris Colfer reprend cette formule avec plus de finesse, plus de travail sur les émotions et n’hésite pas à emprunter des voies très sombres, violentes. L’atmosphère de ce roman est plus angoissante, étouffante – cela colle à merveille avec l’histoire de Brystal, ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent. Et même en étant plus libre, l’auteur reste sur ce fil tordu, ces chemins sinueux et cruels sur lesquels mon petit cœur s’est serré à la fin.

L’histoire nous conduit auprès d’une jeune adolescente nommée Brystal. Son quotidien n’est pas rose, elle vit dans un monde dirigé par les Justiciers et où la magie est interdite. Celles et ceux faisant ne serait-ce qu’une petite étincelle est exécuté ou envoyé dans des camps à vie, et l’unique avenir qui s’offre à Brystal c’est de devenir une parfaite épouse et mère. C’était sans compter l’appétit dévorant de la jeune fille pour les livres, amour qui la fera basculer dans la magie et lui fera découvrir tout un monde différent. Cependant, différent ne veut pas dire plus beau, plus facile ou plus heureux. Brystal va devoir maîtriser sa magie, percer les mystères de Madame Mûredutemps, découvrir l’histoire de la magie…

L’intrigue est parsemée d’actions, de rebondissements et de mystères, de révélations percutantes et de thèmes fascinants : l’amour des livres, le patriarcat et les conditions féminines, la réécriture de l’histoire à des fins personnelles, la vérité et le mensonge, la justice. Chris Colfer maîtrise parfaitement les sujets, les exploite avec brio et émotions. Le récit fait un sacré ascenseur émotionnel, on passe par des phases de frustrations et de colères, des instants d’émerveillements et d’amour, des instants de réelle tristesse. L’histoire m’a tenue en haleine du début à la fin.

Le texte est de grande qualité, il me faudrait relire Le pays des contes, mais j’ai réellement cette impression que la plume de Chris Colfer s’est affiné et amélioré au fil des tomes. Descriptions comme répliques font avancer le récit, pose les décors et les différentes ambiances, c’était toujours juste, osé et drôle ou suffisamment subtil et piquant. Je suis très contente de l’axe choisi pour l’auteur afin d’inaugurer cette nouvelle série, quand j’ai compris qui était Brystal, j’étais très surprise et retrouver de vieilles connaissances m’a rendue nostalgique et totalement accro au récit.

Les personnages sont un point fort de ce roman. Brystal est passionnante, rêveuse et sensible, très attachée à la bienveillance, elle fait très attention aux autres. J’ai aimé son amour pour les livres, sa soif de justice et d’équité, sa manière d’être avec les autres enfants magiques, elle fut une héroïne passionnante à découvrir, à voir évoluer. Je ne vais pas gâcher les bonnes surprises alors je ne parlerais pas des autres enfants et adolescents magiques, mais ils sont très sympathiques à suivre, en particulier cette chère Lucy, une réelle merveille, à mourir de rire à chaque apparition et dans le même temps, un vrai concentré d’instants forts et touchants. Madame Mûredetemps fut un gros coup de cœur, c’est un personnage d’une grande intensité et complexité, avec du charme et de l’humour, une femme incroyable et les révélations à son sujet la rendent d’autant plus exceptionnelle.