Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) – 2021 – 464 pages

Anticipation | Thriller | Science-fiction

Avertissement : [ scènes de violences physique et psychologique – parents abusifs – décès – scènes sexuelles – présence de drogue et d’alcool ]

Paraddict a une excellente qualité, celle de nous déranger, de nous piquer plus ou moins fortement. Parce que ce thriller est ancré dans un futur très proche, tellement proche qu’il s’inspire de thématiques actuelles transposées ou aggravées dans ce futur. 2070 n’est pas si loin de 2020 finalement. Ce qui rend le texte glaçant, les événements contés interpellent et de ce fait, le roman est parfait pour débattre, échanger, comprendre, s’alarmer, s’interroger.

J’ai beaucoup aimé les petites lignes en début de chapitre, ces alertes infos ont piqué ma curiosité, les messages apportés dans le récit me font réfléchir. J’ai adoré le fait que l’autrice tranche très vivement les débats, elle sait où appuyer pour susciter des émotions, c’est ciselé et percutant. Le roman a cet aspect de roman coup de poing qui fait mal, et très clairement j’ai beaucoup aimé la portée Anticipation du récit.

Le thriller est intéressant à suivre, les trois histoires sont bien menées et permettent d’avoir un large panel de thématiques à aborder, de réflexions sur soi-même et sur ce qui nous entoure, sur notre relation aux autres (amis, amour, famille). Maintenant, je vais être entièrement honnête, excepté la portée Anticipation (avec ces débuts de chapitres) et les messages / thématiques abordés, j’ai ressenti beaucoup trop de longueur. La plume est hyper dense, elle va chercher dans les détails, c’est ciselé et précis, fouillé, mais peut-être un peu trop lourd pour moi.

De ce fait, j’ai lu les 120 premières pages avec peine, lu le reste en diagonale, et j’ai lu les derniers chapitres pour comprendre le fin mot de cette histoire. Le thriller est bien mené, le dénouement est d’ailleurs très intéressant. Seulement, j’ai détesté les personnages. Je me doute que le fait d’être un futur sombre avec des personnes regardant la fin du monde ne rend pas les gens heureux et bienveillants. Mais voir cette fratrie aussi peu empathique, avoir le curseur du sens moral aussi dérangeant c’est impensable pour moi. Voir le petit frère coucher avec la femme que son frère aîné aime depuis des années, le savoir que cette femme lui plaît, et se permettre quand même de coucher avec elle, devant des tas de personnes dans un club libertin, ça fait mal. Voir le père parler aussi mal de son aîné, et voir le petit frère et la petite sœur être aussi peu réactif, ça fait mal. Voir la sœur se servir de tout le monde pour sa belle carrière politique, ça fait mal. Bref, c’était impossible de continuer et j’ai préféré me contenter de ma lecture rapide.

Experte dans l’art du naufrage de Julia DRAKE

Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) – 2021 – 392 pages

Identité | Famille | Contemporain

Avertissement : [ aborde la question du suicide et tentative de suicide, aborde la santé mentale, langage peu modéré, aborde la sexualité (+ relation homosexuelle) ]

Radar à diversité : [ bisexualité, lesbianisme ]

Un roman méga intéressant sur le plan social et aucun doute sur le fait que les adolescents se reconnaîtront parfaitement dans les personnages. Aucun doute non plus sur l’importance donnée à l’amour et à la sexualité, à l’absence de tabou ou la levée des tabous concernant la santé mentale, le suicide ou encore la sexualité. Là-dessus, l’autrice offre un roman marquant, bien écrit et moderne, léger sans moquerie, très fort dans les mots sans être moralisant. Tout coule de source, les messages sont fluides, l’autrice a réellement fait un très chouette travail sur les sujets qu’elle aborde et la manière dont elle les utilise pour son récit. Surtout que Julia Drake a une jolie écriture, j’ai beaucoup aimé sa modernité, un peu moins la vulgarité facile par instant, mais cela reste hyper plaisant à lire, avec un humour aussi lumineux que sombre.

Maintenant, je dois bien avouer que je ne me suis attachée à aucun personnage, excepté Sam, le petit frère de Violette et à Orion, une sorte de tuteur pour Violette lorsqu’elle travaille à l’aquarium. Voilà. J’ai trouvé Violette égoïste et superficielle à en lever les yeux au ciel, je la trouve même hyper dangereuse dans sa manière de voir les hommes – qui est une sorte de sexisme inversé, puisqu’elle voit ces derniers comme des morceaux de viande sur lequel se jeter et que bien souvent, je me serais passée d’avoir ses fantasmes. Bref. J’ai eu un mal fou avec Violette. Cela étant, les personnages sont super bien travaillés, de leurs failles à ce qui les rend humains. Nul doute que d’autres s’y attacheront sans aucun problème.

Ce qui m’a vraiment agacée, c’est d’avoir pensé qu’avec le résumé, on aurait une histoire équilibrée entre Violette et sa vie de famille, sa vie personnelle et sentimentale ET ces affaires de secrets de famille, d’épaves à trouver, de vie maritime à préserver via l’aquarium. J’étais vraiment captivée par les morceaux d’histoire sur tout ce qui concerne les ancêtres de Violette et il y avait du gros potentiel pour mélanger les deux. Là, j’ai eu un peu l’impression qu’on m’a bien alléchée avec toute cette part de passé et de vie marine pour finalement la voir devenir anecdotique, voire carrément décevante. Je trouvais le premier tiers, voire toute la première moitié, mieux équilibré et plus intéressant.