Avis Express #008 ~ L'histoire de la Bête (VALENTINO), Les fiancés de l'Hiver (DABOS), Et pourtant nous sommes vivants (MILANO), LX18 (BENAOUDA)

by - 27.4.22




L’histoire de la Bête de Serena VALENTINO

Tome 2 de la Saga Villains
Éditions Hachette – 2020 – 218 pages – 14 €95


C’est une histoire vieille comme le monde : celle d’un prince cruel transformé en Bête. Et celle d’une belle jeune fille qui surgit dans sa vie. Le monstre est métamorphosé par la compassion de la jeune fille et l’amour qu’il ressent pour elle. Puis ils se marient et ont beaucoup d’enfants. Mais comme pour chaque histoire, il y a plusieurs versions. Qu’importe ce que l’on a pu dire ou écrire, une seule question demeure : qu’est-ce qui a changé le prince en la Bête que l’on connaît ? Voici l’une de ces histoires. Une histoire de bêtes, et, bien sûr, de belles.


Une histoire très intéressante en dépit de quelques couacs. En tout cas, ce tome bien qu’il soit le second d’une saga ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture, je suis même maintenant très curieuse de me procurer les autres tomes de la série et de tous les lire. Comme vous le savez je suis méga fan de la Belle et la Bête et je remercie ma sœur pour ce cadeau de noël, j’ai lu ce livre d’une traite et il a de bonnes idées.

Je vais commencer par les points négatifs. Le fait que le roman comporte 200 pages, c’est évidemment court et rapide pour apprécier l’histoire ou pour avoir un réel attachement aux personnages. Ensuite, je ne peux pas dire que le style de Serena Valentino soit hyper intéressant à lire, c’est très simple à la lecture, pas très détaillé dans les descriptions ni très percutant dans les dialogues.

Ensuite, il faut que je l’annonce : si vous voulez l’histoire de la Belle et la Bête du point de vue de la Bête, ce n’est pas ce roman qu’il faut lire. Le film d’animation des studios Disney apparaît vaguement au début et à la fin du récit. L’histoire s’applique à montrer la transformation du prince en bête, à développer les raisons de cet enchantement et à montrer comment le château change, comment les domestiques changent. Bref, c’est l’histoire de la transformation, de la métamorphose.

Et c’est justement ce que j’ai aimais. Certes, si le roman avait été plus long et travaillé, j’aurais pas dit non à une version de la Belle et la Bête reprenant les éléments du film du point de vue du prince Adam. Cependant, ce roman développe d’excellentes idées et propose une très bonne intrigue. J’ai sincèrement aimé découvrir la personnalité horrible du prince Adam, de comprendre l’enchantement qui lui est jeté et comment celui-ci opère. Cette idée de métamorphose lente avec comme objet clé un portrait peint me rappelle Dorian Gray de Wilde, et c’est super captivant à lire. Voir les changements physiques et psychologiques étaient une très bonne idée, pareil pour le lien entre Gaston et Adam.

L’autrice a donc de très bonnes idées, elle exploite les zones d’ombres avec brio. Reste que le final paraît un poil bancal par manque de consistance, mais c’est probablement plus la faute du nombre faible de page et de cette police assez grande, de l’interligne conséquent. D’autant plus que j’ai bien aimé découvrir le prince Adam, retrouver Big Ben ou encore Lumière qui sont bien mis en avant, ou encore Mrs. Samovar égale à elle-même.



Les fiancés de l’Hiver de Christelle DABOS

Tome 1 de la Passe-Miroir – relecture
Éditions Gallimard Jeunesse – 2013 – 519 pages


Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.


Je peux enfin me replonger dans la Passe-Miroir pour pouvoir relire les trois premiers opus et lire le dernier. Je vous laisserai mon avis sur ce premier tome histoire d’avoir un rendu plus complet. Je vais m’attacher à ce que m’a procuré la relecture du premier tome par rapport à mes souvenirs.

Je me souviens d’une intrigue très contemplative, avec un rythme lent et une plume que j’aimais énormément et qui me faisait penser à de la dentelle. Je me souviens d’une ambiance hivernale, intimiste avec cette atmosphère propre au premier tome, celui de l’exploration et de la découverte des enjeux, des personnages, des lieux, des notions. Je me souviens d’un gros coup de cœur, j’avais aimé le roman lorsqu’on avait pu voter pour le concours, j’avais aimé le roman en lisant cette version papier et j’aime toujours ce roman après relecture.

J’ai relu chaque mot avec attention, parce que j’aime cette plume soignée et travaillée sans être lourde. J’ai aimé me replonger dans cette ambiance qui donne l’impression d’être immobile et lente alors que tout tourbillonne, les pensées d’Ophélie, les diverses péripéties, les découvertes de cet univers si particulier. J’aime ce monde fait d’arches, les pouvoirs des animistes, la cour de Farouk qui est faite d’un vernis chatoyant pour cacher la violence, la guerre des clans, les manigances.

J’ai beaucoup aimé Ophélie, je l’adore depuis le premier tome et cette relecture confirme à quel point j’aime ces personnages à l’apparence calme, ceux qui sont de nature discrète et malhabile, je suis contente de croiser la route de ce type de personnalité si rare dans le paysage des personnages principaux que l’on veut toujours fort, grande gueule et badass, doué en tout. J’aime l’empathie d’Ophélie, sa manière de raisonner, elle se débrouille avec les moyens du bord et affronte toujours tout, pas sans vaciller ou se tromper, mais elle ressort grandit de cette première aventure. J’ai appris à voir Thorn différent, tout en brutalité et en nuances, complexes, soucieux et distant, gauche d’une autre façon. Lui et Ophélie sont passionnants à lire, les dialogues m’ont davantage percuté dans cette relecture.

Je suis contente de l’avoir relu, je me remets l’univers riche et captivant en mémoire, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde avec cette intrigue très bien menée, je m’attache davantage aux détails qui m’avaient échappé ou que j’ai oublié avec le temps. Je retrouve avec grand plaisir les divers personnages qui compose cette fresque magistrale imaginée par Christelle Dabos.



Et pourtant nous sommes vivants de Sera MILANO

Éditions Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) – 2022 – 312 pages
Avertissement : [scènes liées au terrorisme, meurtres et deuil, violences psychologiques]


Au festival d’Amberside, l’impensable se produit : à l’issue du feu d’artifice, des terroristes envahissent le parc et tirent sur la foule. Cinq adolescents qui ne se connaissent pas témoignent. Il y a Joe et Ellie, aussi beaux et magnétiques l’un que l’autre ; Violet, bonne élève discrète et sœur aimante ; Peaches, outsider passionnée de théâtre ; et March, qui comme Violet fait tout pour passer inaperçu au lycée. Au cours de cette nuit tragique, ils vont se croiser, s’aider, se perdre, se retrouver. Seule compte une chose : survivre… et vivre à nouveau.


Je remercie tout d’abord les éditions Gallimard Jeunesse ainsi que le site On lit plus fort pour cette découverte. Je ne l’aurais pas lu de moi-même sans ce partenariat et je dois bien avouer que comme Les longueurs de Claire Castillon, ce livre fait l’effet d’un coup de poing. Il est nécessaire et violent, pas facile à lire, mais il doit être lu au moins une fois, parce qu’il est percutant et inoubliable.

Il n’est pas exempt de défaut, qui là, est à imputer à personne d’autre qu’à moi-même. En effet, les romans à plusieurs voix, c’est quitte ou double avec moi, là, j’ai voulu faire l’effort, j’aurais aimé ne pas me perdre dans la narration. J’aurais pu m’ancrer davantage auprès des personnages avec un chapitre = un personnage. Le fait que les personnages parlent à tour de rôle, avec parfois des interventions de quelques mots, de quelques phrases à quelques paragraphes fait que je ne parvenais pas à savoir qui était qui, qui était avec qui. Je me suis totalement perdue et j’ai fini par laisser tomber. J’ai lu le récit sans me soucier si c’était Joe, Ellie, Peaches ou Violet. J’ai lu.

Le roman se lit vite, parce qu’il y a une telle tension que j’étais obligée de savoir, de comprendre, de voir. Le roman est très violent, on y parle de fusillades, de morts, d’entraide dans l’horreur, de garder confiance, conserver l’espoir et protéger l’amitié, on y évoque la solitude, on ressent la peur et la colère, l’envie de vivre et parfois le désespoir… C’est un tourbillon d’émotions, de réflexions sur les autres, soi-même ou sur la vie avec une plume marquante, rapide et moderne, simple et efficace. L’intrigue est effroyable, elle est d’autant plus marquante qu’elle nous renvoie à des moments clés de ces dernières années, c’est une histoire très haletante et très bien menée par Sera Milano.

Les personnages sont très sympathiques à suivre, malgré ma peine sur le roman choral, j’ai tout de même pu découvrir nos personnages principaux, compatir à leur vécu, aimer leurs qualités, les voir s’unir pour survivre, apprécier chacune des personnalités et de voir comment le groupe se soude. J’ai eu beaucoup d’affection pour Joe, son histoire personnelle, sa manière d’être, son duo avec Peaches, son amitié avec Sam et Doug. Ensuite, j’ai beaucoup aimé Peaches et Violet, elles étaient très passionnantes à suivre.



LX18 de Kamel BENAOUDA

Éditions Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) – 2022 – 288 pages
Avertissement : [scènes de violences physiques, manipulations génétiques]


LX18, 16 ans, est un altéré. Un soldat redoutable qui a subi à la naissance un traitement génétique et hormonal afin de ne ressentir aucune émotion. Lui et ses semblables ne connaissent que la guerre. Jusqu’au jour où les négociations de paix avec la nation des humains aboutissent. Devenus inutiles, les altérés sont envoyés dans différents lycées du pays afin qu’ils s’intègrent à la population civile. LX18 se trouve parachuté en 2ᵈᵉ 5 au lycée Marie Shelley avec Amir, Philomène et les autres…


Je remercie les éditions Gallimard Jeunesse à travers le site On lit plus fort pour cet envoi, j’étais curieuse au vu du pitch de base de découvrir une dystopie française. Si je ressors de ma lecture mi-figue et mi-raisin, je pense toutefois que ce récit sera parfait pour les adolescents ayant presque l’âge de LX18 ou l’ayant dépassé de peu. Parce qu’en vrai, ce récit à de bonnes cartes à jouer pour séduire le public-cible de départ.

L’univers est intéressant, nous sommes clairement dans un monde contemporain ou qui ressemble beaucoup à ce que l’on connaît, ce qui est dépaysant, c’est LX18 et ses compagnons. Ce sont des altérés et c’était passionnant de découvrir les origines des Altérés, leur histoire, leur projet et surtout de découvrir certaines vérités à leur sujet au fil du récit, de découvrir le projet final en quelque sorte. Projet final qui est glaçant, parce que très clairement, le récit parle d’humanisme avec un prisme intéressant, celui des émotions et de l’art. Il y a beaucoup de références culturelles dans ce récit, notamment du théâtre. Donc clairement, l’univers, les Altérés et cette quête d’humanité sont les gros atouts du roman.

Les personnages comme Philomène ou Amir, LX45 et bien d’autres que LX18 va croiser sur sa route sont très captivants, ils apportent tous un quelque chose au personnage principal, une petite clé qui lui permet d’évoluer, de changer – et cette évolution aussi est clairement réussie sur le plan de l’écriture. J’ai d’ailleurs bien aimé Philo et Amir, leur relation avec LX18. En plus de ça, la plume de l’auteur est parfaite pour le récit, on sent l’important travail pour se fondre dans les pensées de LX18.

Maintenant, j’ai eu beaucoup de mal avec la première moitié du récit. Notre bon LX18 est un soldat et toute sa vie est rythmée avec le vocabulaire militaire, même dans sa mission de devenir un lycéen normal. Ce qui est déroutant, dérangeant et ça ne m’a pas donné envie de m’attacher à quoi que ce soit avec un texte écrit à la première personne du singulier aussi froid et peu amical. Alors, c’est la force du roman, de faire en sorte que LX18 change et d’ailleurs, la fin est terrible et très intense émotionnellement. Seulement, j’ai horreur des intrigues de ce genre, je les ai nommées les intrigues du « Poisson Rouge », où le final est exactement le début, où c’est rageant, « Tout ça, pour ça ». Je déteste vraiment ces intrigues.


Crédits images :
Livraddict * Flaticon * Canva * Unsplash




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6 comments

  1. Les fiancés de l'hiver...♥

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    1. ♥ Cette saga est tellement géniale ♥

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  2. L’histoire de la Bête est le seul que j'ai lu de la série, je crois. J'en garde un bon souvenir, même si c'était court, je suis d'accord. Les fiancés de l’Hiver ♥ Tu me donnes aussi envie de relire la saga. De toute façon, c'est dans mes projets pour, comme tu le soulignes, faire encore plus attention aux détails de l'univers. Christelle Dabos a fait un travail fou ♥ Deuxième avis que je lis sur Et pourtant nous sommes vivants, roman qui me tente. Il a l'air marquant. Enfin, le pitch de base de LX18 est original... Dommage pour ta déception finale :/

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    1. J'avoue qu'en enchaînant les tomes 2 à 4, j'ai compris davantage de choses pour le 3ème opus et pour le tome final. Tout était finement travaillé depuis le premier chapitre :D Et pourtant nous sommes vivants est très percutant, LX18 est très original et intéressant, je suis passée à côté parce que j'ai eu du mal à m'attacher au personnage principal au départ. Mais il mérite d'être lu et il a d'excellents atouts pour plaire !

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  3. Je ne vais pas être originale, mais : Les fiancés de l'hiver <3 j'ai adoré toute la saga et j'ai retrouvé bcp de choses que j'avais aimé dans ta chronique!
    Pour le livre de Sera Milano, je comprends ton ressenti avec les nombreux personnages. J'ai peut-être plus l'habitude que toi à lire des romans choraux ce qui explique pourquoi je n'ai pas été perdue !
    Je n'ai pas demandé LX18 et je ne regrette pas. Je ne pense pas correspondre au lectorat cible :)

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    1. Pour le roman choral, je suis d'accord, je suppose que c'est comme la narration à la première personne ou à la deuxième personne, ou les mangas, faut un temps d'adaptation avant d'être parfaitement à l'aise avec. Ca restait une très chouette lecture =) Les fiancés de l'Hiver, la saga de la Passe-Miroir est vraiment superbe et je suis trop contente de l'avoir terminée ^^

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