La lumière des profondeurs (HARDINGE)
La lumière des profondeurs de Frances HARDINGE
Éditions Gallimard Jeunesse – 2022 – 512 pages – 19 €90
Radar à diversité : personnage atteint de surdité
Avertissement : [scènes de violences physiques et psychologiques, cas de possession, présence de morts]
Depuis leur enfance à l’orphelinat, Hark et Jerk se serrent les coudes et vivotent de petites arnaques tout en rêvant des trésors que recèle l’Abysse. Mais un royaume peuplé de cauchemars s’étend sous la mer et il n’est pas toujours bon que les vestiges du passé remontent à la surface. Les deux amis vont l’apprendre à leurs dépens… et à ceux de l’humanité tout entière.
Un très bon roman signé Frances Hardinge, j’ai davantage accroché avec celui-ci par rapport à la Voix des ombres, et il arrive presque ex æquo avec L’Île aux mensonges – qui restera mon petit chouchou. J’ai dès le départ accroché avec l’univers et avec les personnages, l’intrigue est devenue palpitante au fil des chapitres et l’ambiance était incroyable – je comprends parfaitement la mention « Entre Lovecraft et Jules Verne » faite sur la quatrième de couverture, ça lui correspond vraiment. Je suis impatiente de découvrir la prochaine expérience de lecture que l’autrice va nous concocter !
L’histoire était très chouette, elle avance petit à petit, ce qui donne l’impression d’avancer lentement ou de mettre beaucoup de temps à s’installer. Toutefois, chaque détail, chaque élément donne des clés de compréhension, des mystères à percer, des vérités à entendre. J’ai beaucoup aimé la manière dont les événements s’enchaînent, comment Frances Hardinge mélange les divers fils rouges pour exploiter des thèmes passionnants : le monde sous-marin, les créatures marines, la plongée, la religion, la peur, l’amitié toxique. C’était une intrigue bien rythmée, prenante avec un final explosif et haletant, je suis petit à petit tombée dedans et j’ai quasiment enchaîné la fin tant j’étais à fond dedans.
L’univers est splendide, j’ai apprécié arpenter ce monde de fantasy fait d’îles et d’archipels avec un petit soupçon de steampunk qui se voit totalement sur toutes ces machines employées pour aller sous l’eau. J’ai aimé parcourir ces strates aquatiques en profondeur, les abysses possèdent une histoire passionnante à reconstituer avec des trouvailles archéologiques, des pillages, des reliques perdues, des vestiges à retrouver. Il y a la science, la piraterie, une forme de magie basée sur la peur, des croyances et tout se noue parfaitement, toutes les informations données permettent de comprendre le monde d’Hark et de Jerk, de rêver de chasse aux trésors et de frémir d’angoisse devant ces divinités terrifiantes. L’autrice a su travailler son univers et je reste admirative par son travail.
Par ailleurs, l’ambiance est parfaite. Il y a toute une palette d’émotions qui s’offre au lecteur et toute une variation d’atmosphères qui donne du relief au récit. De la joie et de l’émerveillement, de la colère et de la tristesse, de la peur et des tensions, de la violence et des interrogations, de l’exploration et des révélations – tout est savamment orchestré pour que mon attention reste éveillée. J’aime beaucoup cette ambiance sombre et pesante des fonds marins qui contraste avec le côté enquête et exploration du monde terrestre, j’ai beaucoup aimé le travail sur les questions de religions, sur le rapport à l’eau. Au final, c’est un roman qui se construit sur le doute, la peur et la colère, le dépassement de soi et le courage d’affronter l’inconnu, l’envie de changer. Comme toujours avec Frances Hardinge, ses romans sont sombres, matures, lumineux et ils ne laissent pas indifférents.
La plume est comme toujours magnifique à lire, j’ai adoré les descriptions des lieux et des objets, j’ai bien aimé les dialogues qui font avancer les réflexions et le récit, les scènes d’actions sont bien écrites, le travail des émotions – notamment les pensées d’Hark – est captivant. C’est un style recherché et fluide, addictif et soigné, moins passif en comparaison avec La voix des ombres et plus visuel par rapport l’Île aux mensonges.
Enfin, les personnages du récit sont très intéressants à suivre, qu’ils soient principaux ou secondaires, qu’ils soient bons ou mauvais – voire très souvent les deux. Hark est un protagoniste principal que j’ai beaucoup aimé suivre, j’ai apprécié son évolution, j’ai bien aimé son sens de la loyauté et son amour pour les histoires, j’ai aimé le voir douter, avoir peur à ne plus savoir quoi faire. Il a vraiment une jolie personnalité que les événements vont chahuter et il va connaître une évolution passionnante à lire. Jerk est lui aussi intéressant, mais pas pour les mêmes raisons, c’est sa destinée qui le rend atypique – en revanche, le personnage est détestable de part en part. J’ai eu beaucoup d’affection pour Selphine et pour Quest, le vieux religieux, les deux ont une histoire et une personnalité incroyables ! Je ne dirais rien de plus, parce que les personnages évoluent, s’allient et se défient au fil des découvertes et de leur survie, toutefois, j’ai apprécié les rencontrer et voir leurs aventures.
6 comments
J'ai lu quelques uns de ses romans en anglais. Ils étaient sympas.
RépondreSupprimerJ'ai toujours L’Île aux mensonges dans ma wish list, mais j'ai l'impression que TOUS les romans de l'autrice ont l'air très sympathiques !
RépondreSupprimerIls sont top, j'ai beaucoup aimé L'île aux mensonges et celui-ci. Disons que les romans de Frances Hardinge sont toujours très atypiques, avec des ambiances sombres et matures, des thèmes très intéressants. J'adore son travail.
SupprimerCa donne très envie ! :)
SupprimerJ'avais repéré ce livre grâce à sa jolie couverture mais je n'avais jamais lu d'avis dessus. Franchement, ce que tu en dis m'enchante alors je vais l'ajouter de ce pas à ma wish list :)
RépondreSupprimerLes romans de Frances Hardinge sont vraiment chouettes et leurs couvertures sont toujours sublimes. J'espère que tu auras la possibilité de découvrir celui-ci !
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