AVIS EXPRESS #020 - Un rêve de renard (SUNDBERG) + Les fleurs de grand-frère (GENILLER) + Sœurs d’Ys (ANDERSON et RIOUX) + Séance Tea Party (YEE)

by - 3.3.24




Un rêve de renard de Minna SUNDBERG
Éditions Akileos – 2019 – 608 pages – 39 €
Bande dessinée | Mythologie nordique (finlande) | Univers des rêves | Animaux | Fantastique | Magie | Aventure
Avertissement : [langage familier, thématique de la mort, présence de créatures fantastiques effrayantes, violence physique]



Un jeune renard céleste, gardien des aurores boréales provoque accidentellement une fissure entre notre monde et l’au-delà. Un jeune homme et son chien métamorphe vont alors devoir se lancer dans une quête pour sauver les âmes de gens de leur village avant que celles-ci ne rejoignent Tuonela, le pays du sommeil éternel.



Depuis que j’ai découvert Minna Sundberg avec Stand Still Stay Silent, j’étais curieuse de découvrir cet ouvrage, parce que la couverture et le titre m’intriguait autant que le résumé, parce que j’aime beaucoup le travail de la créatrice et que j’avais très envie de lire sa toute première bande dessinée.

Je ressors mi-figue mi-raisin de ma lecture, même si je pense que cette BD était nécessaire pour se forger une méthode de travail, se trouver des thèmes forts et travailler son style graphique. La preuve, cette BD a été faite sur près de deux ans, et entre-temps, Minna Sundberg est passée du traditionnel au numérique, ce qui se voit dès le chapitre 3. C’est donc une bande dessinée qui va être truffée de couacs, d’éléments pour lesquels j’ai froncé les sourcils et qui me font dire que sa série phare est bien mieux, plus équilibrée, plus soignée.

Je reste admirative des atouts de cette bande dessinée, cette manière de développer et dévoiler la mythologie nordique, les légendes finnoises, ce qui donne une ambiance formidable et hivernale ainsi qu’une intrigue intéressante dans ses grandes lignes. C’est là que je suis restée un brin pantoise, car l’intrigue aurait gagné a être développée sur moins de pages, 600 c’est beaucoup trop. Par conséquent, l’histoire semble s’étirer sans fin et sur certains points, elle est même répétitive.

Passé ça, l’univers est top et j’ai aimé découvrir ces animaux-totems, me promener dans ce monde fantaisiste que le renard a créé pour tenter de réparer ses bêtises. C’était hyper intéressant à comprendre et surtout, quel régal d’admirer les planches de la créatrice, outre les couleurs, les paysages sont magnifiques, les actions et expressions sont lisibles, que les pages soient au tradi ou au numérique, elles sont splendides.

Hannu et Ville forment un duo intéressant, même si je préfère largement Ville à Hannu, je tiens tout de même à souligner leur belle alchimie. J’ai trouvé Hannu amer et peu aimable, même si j’ai apprécié sa ténacité et sa débrouillardise. Ville m’a davantage séduit par son côté maladroit et jovial, son caractère peureux et plein de naïveté. Les personnages secondaires sont sympathiques, mais ils ne sont pas tous intéressants, j’ai eu beaucoup d’intérêt pour Kokko et pour le renard, entre ami et antagoniste.

Je terminerai avec quelques couacs qui m’ont dérangé et comme je ne les ai pas retrouvés sur Stand Still Stay Silent, je me dis que ce sont des erreurs, celles d’un premier livre. Trop en faire pas seulement en créant près de 600 pages, mais avec beaucoup trop de bulles et de dialogues ; avec un rythme pas toujours équilibré et quelques répliques limites : je pense à des propos grossophobes ou encore des remarques pas très élégantes et subtiles sur la santé mentale.





Les fleurs de grand-frère de Gaëlle GENILLER
Éditions Delcourt – 2019 – 62 pages – 14 €95
Bande dessinée | Famille | Émotions | Contemporain



Un jour de printemps, des fleurs se sont mises à pousser sur la tête de grand-frère. Au début, elles l’ont effrayé, et il ne savait pas quoi en faire. Nous sommes allés voir Mamie, qui connaît tout sur les fleurs. Mais des comme ça, elle n’en connaissait pas. Grand-frère a alors demandé à Papa de les lui couper. Papa lui a dit « Mais tu ne les as pas encore écoutées ! » Les fleurs ont alors commencé à lui parler…



Une bande dessinée qui me tentait depuis sa sortie, parce que ce titre était absolument génial et que cette couverture me plait énormément. J’ai donc emprunté cette BD à la médiathèque et j’en ressors hyper enthousiaste, conquise par le style graphique et la plume de Gaëlle Geniller dont j’ai hâte de la retrouver dans d’autres ouvrages.

C’est une histoire si apaisante, bienveillante et lumineuse, pleine de douceur et de tendresse. J’ai aimé les messages développés à travers cette famille auprès de ce garçon et de ses fleurs. J’ai apprécié l’atmosphère qui donne le sourire et qui parle de différence, d’identité et d’émotions, d’acceptation de ses émotions et de sa part de sensibilité.

Le texte est charmant et plein de poésie, soigné et élégant. Il laisse respirer les personnages et de respecter le temps des actions et les saisons s’écouler sans trop en faire. Tout est subtil, pas de phrases à rallonge, pas de bulles venant grignoter les illustrations. Il est permis de s’attacher aux personnages, à cette famille et de se mettre toutes et tous à la place de ce grand frère. Parce que si les protagonistes ne sont pas hyper détaillés, mais cela ne m’a pas dérangé et cela participe à ce côté universel et au message transmis. J’ai aimé le lien entre les deux frères, c’était attendrissant et touchant.

Enfin, les illustrations sont splendides, je suis très fan des couleurs. Nous avons des palettes naturelles, des couleurs douces, une grande lisibilité de l’espace et du temps, une belle place aux émotions et à l’expressivité des personnages. J’aime le design des protagonistes et j’étais méga admirative des décors et du travail sur les fleurs qui est magnifique.





Sœurs d’Ys de M. T. ANDERSON et Jo RIOUX
Éditions Rue de Sèvres – 2020 – 224 pages – 20 €
Bande dessinée | Légende bretonne | Famille | Magie | Intrigues de cour
Avertissement : [scènes de violences physiques, chantage, scènes à caractère sexuel, meurtre, deuil]



Pour ériger les remparts qui protègent Ys des flots tumultueux, la reine Malgven a eu recours à la magie. Sa mort brutale et mystérieuse laisse ses deux fifilles inconsolables et les éloigne l’une de l’autre. Rozenn, héritière du trône, entre en communion avec la nature et s’apaise dans les landes ; Dahut, la cadette, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues. Mais derrière les murs immenses de la cité se cache un passé lourd de sombres secrets. Le jour où le lien entre les sœurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d’Ys, et les monstres tapis dans l’ombre surgissent alors en pleine lumière.



J’avais très envie de découvrir cette bande dessinée pour plusieurs raisons, pour valider un menu du Pumpkin Autumn Challenge, pour satisfaire ma curiosité autour des mythes et des légendes – notamment le monde celtique, et ici, breton. Sans oublier un résumé accrocheur et une magnifique couverture.

Je ressors de ma lecture contente, j’ai beaucoup aimé cette histoire qui est tragique et émouvante, sombre et violente. Il y a des affaires de cœur et de cour, des drames familiaux et des histoires de malédiction, des secrets enfouis et des destins à accepter. Des ingrédients passionnants pour donner une intrigue complète, intense et bien menée jusqu’aux dernières cases.

L’histoire du royaume d’Ys a des allures d’Atlantide, un lieu fastueux et fascinant que j’ai adoré découvrir. J’ai bien aimé les différents rebondissements, comment la magie est utilisée pour aider et détruire Ys, cela donne un caractère fantastique à ce drame familial. J’ai aimé le mélange des deux, voir comment le lien entre les sœurs se défait et les conséquences. C’était une intrigue très bien menée – même si loin d’être parfaite. J’aurais aimé en avoir un peu plus en matière de dialogues, un peu plus de texte pour comprendre les personnages, ce qu’ils vivent et ressentent, ce qui les relie.

En effet, il y a peu de texte, alors c’est très bien écrit, soigné et sensible, efficace et agréable à lire, les répliques font réellement avancer le récit. Je trouve que l’équilibre entre le contemplatif et les cases avec bulles n’étaient pas toujours au top, et je pense que certains changements sont un poil « brut de pomme », ça me manquait un peu de liant. Les thématiques en plus sont hypers intéressantes et nombreuses, certaines sont survolées et n’ont pas ou trop peu de conséquences. Quand je vois Dahut, enfant, en vouloir à son père sur un certain événement, j’ai peine à croire qu’elle « l’aide » à maintenir le prodige de la ville.

Les personnages étaient très chouettes à suivre, j’ai davantage apprécier Rozenn, parce que plus sensible aux autres, plus humaine aussi. Dahut et son père m’ont totalement terrifié, dégoûté. C’est là, que j’aurais aimé en apprendre plus sur la mère de deux fillettes et en savoir plus sur son quotidien, sur ce qu’elle pensait réellement de tout ceci. Idem en ce qui concerne le protagoniste qui intervient à la toute fin, mystérieux, car j’aurais aimé en savoir plus sur lui, ce qu’il représente.

Au fond, certaines questions restent sans réponses, et même si l’histoire se tient très bien tel quel, il me manque quelques informations, quelques planches d’approfondissement pour avoir une intrigue plus fluide, plus poussée, plus touchante aussi. Sinon, les illustrations sont magnifiques, j’adore le style graphique très chargé en coups de crayons, avec cet aspect de crayons de couleurs, de crayonnés qui donnent de la texture, du dynamisme dans les planches. Les couleurs sont superbes, une belle palette de terre et de vert, agrémentés d’orange et de jaune – c’est restreint, mais très harmonieux. Décors et objets sont très intéressants à admirer, les personnages sont expressifs, c’est super beau à regarder.





Séance Tea Party de Reimena YEE
Éditions Kinaye – 2021 – 250 pages – 22 €90
Littérature adolescente | Bande dessinée | Amitié | Magie | Tranches de vie | Fantastique
Avertissement : [parle du deuil et de mort, de la maladie]



Grandir, c’est difficile… Les gens sont plus intéressés par leur apparence et de ce que les autres pensent d’eux, plutôt que par des aventures amusantes. Qui veut vivre ainsi ? Pas Lora. Après avoir vu son cercle d’amis disparaître, Lora est déterminée à continuer à s’amuser seule. Un goûter un peu spécial va faire redécouvrir à Lora… Alexa, un fantôme qui hante sa maison… mais aussi son ancienne amie imaginaire !



Premier livre de Reimena Yee que je découvre ici en même temps que les éditions Kinaye. Je suis ravie d’avoir pu emprunter cette bande dessinée à la médiathèque, elle me tentait depuis très longtemps. Je pense sincèrement que je lirais d’autres ouvrages de cette autrice et illustratrice, parce que j’ai bien aimé cette lecture, je suis très intriguée par Le marchand de tapis de Constantinople par exemple. De même que pour l’éditeur, je suis curieuse sur les titres Ours ou encore Pilu des bois.

L’histoire était très intéressante de par les thématiques qu’elle aborde. J’ai adoré le fait de parler de passage de l’enfance à l’adolescence, de personnalité et de postures à adopter pour correspondre aux goûts des autres, d’ami imaginaire et d’imagination en général. C’est une belle intrigue qui sait être touchante et riche en émotions, un rythme sympathique à suivre – même si je me suis sentie perdue dans la temporalité de manière générale, il n’y avait aucun repère temporel, si bien que je pense que l’héroïne est lycéenne à la fin du récit, mais je n’en suis pas certaine.

Au-delà de ce couac, je trouve que l’histoire était bien développée avec des personnages intéressants. J’ai bien aimé la dynamique entre Alexa et Lora, j’ai adoré l’évolution de Lora. C’était très captivant de découvrir le passé et l’histoire d’Alexa. Sans oublier la fin de cette bande dessinée que j’ai trouvé élégante, subtile et belle. La plume de l’autrice était soignée et moderne, les répliques sont fluides, la lecture était agréable.

Là où j’ai eu un petit souci, même si ça relève de la subjectivité que d’un réel problème en soi, j’ai eu beaucoup de mal avec les illustrations. Je n’ai pas réellement accroché au style graphique en tant que tel – en revanche, j’adore les couleurs employées, je suis très fan des éléments décoratifs, et j’aime énormément la composition des planches.




Crédits images :
Livraddict * Flaticon * Canva * Unsplash * BD Gest' (planches)

Patreon - Tipeee. Merci 

You May Also Like

4 comments

  1. Tu me donnes envie de découvrir Les fleurs de grand-frère ! Je ne connaissais pas, c'est vrai que les couleurs sont magnifiques. et l'intrigue me rend curieuse !
    J'ai lu soeurs d'Ys il y a un moment, ça ne m'a pas marquée mais j'avais tout de même bien aimé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le titre m'a totalement appelé et c'est vraiment tout doux et touchant, je te souhaite une belle découverte si tu t'y lances.

      Supprimer
  2. Les fleurs de grand-frère a l'air d'être vraiment une belle lecture. L'illustration que tu nous montres dévoile quelque chose de très doux et vu ton avis dessus, le reste semble être dans la même veine. A découvrir donc, merci beaucoup !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'était doux et touchant, j'ai vraiment beaucoup aimé la bonne vibes et la poésie qui se dégage de cette BD ♥

      Supprimer