Illustré par Melissa CASTRILLON, d’après le roman d’E. A. WYKE-SMITH

Editions Milan (Collection Tilt) – 2021 – 352 pages – 13 €90

Littérature jeunesse | Aventure | Fantastique | Conte

C’est un livre qui piquait ma curiosité depuis sa sortie, parce que la couverture est splendide, et le simple fait de savoir qu’avec le roman original de Wyke-Smith, Tokien a donné naissance à Bilbo le Hobbit et donc aux Hobbits, j’étais plus qu’impatiente de mettre la main sur cet ouvrage et le lire. Je ne regrette pas une seule seconde, ce fut une excellente lecture et un gros coup de cœur !

J’ai adoré cette intrigue – même si j’ai mis un peu de temps à rentrer dedans, une fois plongée dans le récit, je n’ai pas pu lâcher le livre et j’ai quasiment lu d’une traite la seconde moitié. L’histoire nous transporte dans un monde doux et réconfortant, au cœur d’une aventure avec ce qu’il faut de magique et d’exploration grâce à un voyage inoubliable.

Le récit développe plusieurs peuples et différents lieux, des créatures fantastiques variées, j’ai adoré les trouvailles faites, le résumé en présente quelques-unes, mais d’autres sont à découvrir au fil des pérégrinations de Pip et Flora. J’ai apprécié la grande imagination du texte. Et au-delà des rencontres, il y a toute une histoire d’amitié et de liens, de familles et de choix, des messages de dépassement de soi et de confiance, d’amour.

Ces belles valeurs sont communiquées avec enthousiasme et bienveillance, avec une forme d’humour vraiment bien pensée, beaucoup de péripéties rocambolesques et de répliques truculentes. Il y a une part de fantasque qui m’a émerveillé dès les premières lignes et j’avoue qu’étant une très grande fan du Hobbit (films comme livre), je comprends et voit immédiatement les liens, les inspirations. Elles vont bien au-delà des Snergs et ça ne m’a pas dérangé, on sent que Tolkien a eu beaucoup d’affection pour le texte de Wyke-Smith.

Les Snergs valent le détour. Tout est prétexte pour faire la fête, ce sont de grands gourmands malgré leur petite taille, ils vivent en harmonie avec la nature, sont d’une maladresse incroyable, sont touchants et ultra gentils, solidaires et curieux. Ils m’ont autant amusée qu’émue, le personnage même de Gorbo est extraordinaire tant il pourra vous faire penser à Pippin.

Le texte est super agréable à lire ; je tiens par ailleurs à préciser que l’éditeur et l’autrice ont mis quelques notes explicatives en début d’ouvrage. Ils ont respecté l’esprit de l’histoire d’origine, mais ils ont dû réaliser des changements, car le matériau de départ bien qu’incroyable était désuet à leurs yeux et ne permettaient pas aux jeunes lecteurs de la collection Tilt (9-12 ans) d’apprécier pleinement le récit. Personnellement, je comprends l’idée, je n’en suis pas pour autant friande du parti pris, je suis donc curieuse de découvrir le conte d’origine, et s’il est traduit en français surtout.

Du coup, l’histoire est super fluide et rythmée, avec une écriture soignée et délicate, drôle et précise, parfaite dans les descriptions. J’ai bien aimé l’écriture de l’autrice, et ses personnages étaient vivants, attachants, terrifiants – bons ou mauvais, ils avaient tous de la personnalité, un rôle à jouer, j’ai adoré l’alchimie entre Pip et Flora, j’ai beaucoup d’affection pour Gorbo, la sorcière était fascinante, les trolls m’ont amusée.

Esthétiquement, c’est un très beau livre. Nous sommes sur un ouvrage en hardback avec une magnifique couverture en rouge et vert, avec des pointes de doré. À l’intérieur, les illustrations habillent le texte pour marquer chaque nouvelle partie. Elles sont faites avec un style crayonné, en noir et blanc, avec des formes simples et épurées, des personnages et des objets identifiables. J’en suis totalement fan, ces images accompagnent à merveille le petit texte introductif pour présenter ce qui va suivre, l’idée est géniale, ça fait comme un teaser qui donne méga envie d’en savoir plus.

Enfin, peut-on honnêtement détester un livre où vous avez un ours qui sent la cannelle, des snergs absolument trop pipou à tel point qu’ils ont un Chancelier des pots de confiture ou un Gardien en chef des Autruches ? Ce fut un voyage magnifique, bienveillant, apaisant, drôle, fantasque qui ramène tout droit en enfance. J’en viens presque à regretter que ce texte n’a pas une version intégralement illustrée et en couleur, peut-être un jour, qui sait ?