AVIS EXPRESS #031 - Albums jeunesses : Nuit, arts, humour, des histoires de chapeaux, une grenouille trop mignonne

by - 23.11.25




Le gros livre de Delphine PERRET
Éditions Les fourmis rouges – 2024 – 184 pages – 14 €
Album jeunesse | Humour Absurde | Merveilleux | Philosophie | Recueil d’histoires



Le gros livre, c’est celui qu’on trimballe partout, celui dans lequel on se plonge avant de dormir, celui dans lequel on pioche entre deux autres activités. Celui qui nous appartient. Celui qu’on partage. Celui qui a tellement de pages qu’on est forcément grand. Celui qui nous fait bizarre, celui qui nous fait rire, celui qui dit n’importe quoi mais pas que. Bref, LE gros livre. Delphine Perret a décidé de s’installer dans un tout petit format pour ouvrir grand l’imaginaire.



Delphine Perret ça a été une de mes révélations de l’année 2024, depuis une super histoire de Cow-Boy jusqu’à ce titre, j’ai adoré me plonger dans ses histoires pétillantes de malice, avec cet humour absurde qui me fait beaucoup rire, avec cette imagination touchante et cette délicatesse dans les mots, les illustrations. Je remercie sincèrement les éditions Les fourmis rouges et le site Babelio pour cette Masse Critique et cette découverte qui est un gros coup de cœur.

Le format est astucieux, le gros livre est en réalité un tout petit livre, de format poche que l’on peut emporter partout avec soi, les enfants seront donc enchantés d’avoir cet ouvrage à portée de main, en hardback – donc facile à manier. J’ai adoré cette idée qui est parfaite et qui donne 17 histoires à découvrir, des courtes, des très courtes, des plus longues, impossible de s’ennuyer.

Delphine Perret nous présente toute une galerie de personnages attachants, drôles, amicaux que l’on prend plaisir à découvrir ou à redécouvrir plus loin, car certains sont récurrents et nul doute que s’il y a un deuxième opus, nous les retrouverons à coup sûr. Super-Content, Mi le poussin, Henri le canard, Gilbert et Jean-Cive, j’ai adoré lire leurs aventures.

Ce qu’il y a de bien avec cet ouvrage, c’est qu’il est surprenant, je ne savais jamais où l’autrice allait nous emmener, quelle sera la fin/la chute, les histoires sont donc très bien pensées, comme toujours avec Delphine Perret, les mots sont précieux et bien choisis, le texte est peu bavard, mais il parfait. Et en plus de ça, il est super agréable à lire, parce que les lettres sont bien formées, lisibles, c’est aéré et ça fait du bien dans ce petit format.

La maquette est chouette, du noir et blanc pour les illustrations qui sont réalisées avec des traits fins qui permettent d’identifier rapidement objets, éléments naturels ou encore animaux et humains. J’adore le fait d’avoir joué sur le blanc et deux teintes d’orange pour construire le livre, séparer les histoires ou faire des pauses avec des double-pages décalées (On a le droit, On n’a pas le droit). Tout est astucieux, lisible, attirant sans être criard, l’ode à l’imaginaire et à l’enfance passe autant dans le texte comme dans les images, j’ai passé un excellent moment avec ce livre que je relirais sans modération !





Bonnes nuits de Sang-Keun KIM
Éditions Sens Dessus Dessous – 2023 – 53 pages – 13 €90
Album Jeunesse | Littérature de Corée du Sud | Nuit | Insomnie | Amitié



Quand Célestine ne parvient pas à s’endormir, elle entame un fabuleux voyage au pays de la lune et des étoiles. Elle y rencontrera un drôle de Petit Lapin et s’y fera des amis pour toutes les nuits et pour toute la vie. Des amis qui, comme des constellations dans le ciel, veilleront toujours avec douceur sur son sommeil.


Une bonne surprise avec cet album jeunesse doux et poétique que j’ai emprunté à la médiathèque, première histoire que je lis de cet auteur/illustrateur, et vu que j’ai bien aimé ma lecture, il est fort probable que je m’empare des autres dans les prochains mois.

J’adore l’histoire qui est délicieuse et apaisante, douce et lumineuse, pleine de magie et de poésie. Une excellente idée de parler aux enfants de la nuit à travers le thème de l’insomnie qui peut parfaitement les toucher. J’ai aimé rencontrer Célestine et cet adorable petit lapin, ainsi que tous leurs amis à qui le sommeil fait défaut, parce que ce qui les relie les rendent attachants.

Les illustrations sont superbes, de belles planches tout en bleu, avec ces petites touches scintillantes en blanc et jaune pour les étoiles, cette magnifique lune où tous nos personnages se rencontrent. C’est sobre et élégant, l’auteur en fait juste ce qu’il faut pour nous attendrir, nous amuser aussi, j’adore cet équilibre. Le design des animaux et humains est travaillé et trop mignon.

Le texte est lui aussi économe, mais il est précis, joue sur la répétition et l’effet de surprise, la douceur et le non jugement, c’est délicat et réconfortant, ce qu’il faut pour les plus petits. C’est lisible et aéré, les 56 pages défilent toutes seules, je me suis vraiment régalée à suivre les aventures du Petit Lapin et de Célestine.





Je veux mon chapeau de Jon KLASSEN
Éditions Milan – 2020 – 32 pages – 12 €
Album jeunesse | Humour | Mensonge | Animaux



L’ours a perdu son chapeau. Il demande à tous les animaux qu’il rencontre s’ils l’ont vu. Personne ne peut l’aider. L’ours est désespéré. Oui mais voilà : parmi eux se trouve un lapin… qui porte un chapeau sur la tête… Cet album d’une grande intelligence réussit l’exploit, avec une histoire très simple et des illustrations d’une rare sobriété, de s’adresser autant aux jeunes lecteurs qu’à leurs parents. Une forme cinématographique, beaucoup d’humour : un futur classique !


Une relecture pour ma part, parce qu’il y a 10 ans, j’avais eu un énorme fou rire pour cette lecture découverte sur le site Ricochet et parce que tout de même, cette couverture interpellerait n’importe qui. C’est un album jeunesse qui est original et déroutant, piquant à souhait avec son final improbable et à mourir de rire.

L’histoire est simple, efficace et ne manque pas de mordant. Ce pauvre ours recherche son chapeau et la farandole d’animaux qu’il va croiser lui réserve bien des surprises. Cette petite enquête permet d’évoquer les thématiques du vol et du mensonge, de l’entraide aussi et la fin de l’ouvrage aussi surprenante que drôle réalise une jolie boucle je trouve.

C’est le génie de cet album, le travail du texte, la redondance et la répétition, les jeux sur la typographie et les couleurs, tout est fait pour donner une théâtralité à cette lecture, attirant ainsi l’attention sur des points spécifiques et renforçant ainsi cette notion d’enquête. Parce que finalement, on veut tous que cet ours retrouve son chapeau.

J’aime le style graphique de Jon Klassen, les formes sont simples, les textures recherchées, c’est juste ce qu’il faut pour reconnaître animaux, planter le décor, s’attacher à cet ours et même rire de bon cœur devant les silences, les jeux de regards. Un bonheur à lire, à relire sans modération, parce que cet album est vivant, malicieux et conviendra aux petits comme aux grands.





Ce n’est pas mon chapeau de Jon KLASSEN
Éditions Milan – 2021 – 30 pages – 12 €90
Album jeunesse | Humour | Mensonge | Monde maritime



Ce chapeau n’est pas à moi. Je viens de le voler. Jamais personne ne m’attrapera. Jamais…


J’ai emprunté quelques albums de Jon Klassen dont celui-ci, parce que la couverture attirait ma curiosité, que ce poisson était très élégant avec son petit chapeau et que le résumé me promettait une belle histoire, à l’instar de Je veux mon chapeau qui m’avait fait beaucoup rire. Je ne regrette pas cette lecture, c’était drôle et bien pensé, un coup de cœur.

J’applaudis réellement la structure narrative de cette histoire, le fait de suivre le texte du point de vue du voleur, de le voir se vanter de son vol, d’être persuadé que personne ne le retrouvera, de nous confier son plan MAIS d’avoir le visuel qui nous raconte une tout autre histoire, ça m’a énormément amusée. Je trouve cela original, maîtrisé et parfait.

Ce petit poisson a beau être élégant avec ce chapeau, ce n’est pas le sien, et aborder le vol, le mensonge ainsi que les conséquences de ses actes, tout ceci était intéressant, avec ce final que seul l’auteur sait faire : piquant, irrévérencieux, dans le silence et le non-dit, ce qu’il faut pour imaginer la suite, la fin. Un régal comme toujours. Le texte est parfaitement écrit et soigné, plein d’humour, se prêtant à la lecture à haute voix.

Enfin, les illustrations sont merveilleuses, j’aime vraiment la manière dont Jon Klassen utilise des formes simples, des couleurs restreintes pour des effets et des textures plus travaillés. Tout est reconnaissable, les fond marins sont délicats, les poissons sont expressifs, je suis conquise par l’esthétique de cet album qui ravira tous les lecteurs.





Kaléidoscopages de Delphine PERRET
Éditions du Rouergue – 2019 – 104 pages – 15 €
Album jeunesse | Lignes, formes et couleurs | Humour | Jeu de mots



Un « O » pourrait indiquer un zéro ou un œuf, ou même une poule en anticipant, ou le souvenir d’une poule. Dans cet ouvrage le sens des images est bousculé par les interprétations possibles, car la représentation permet des lectures multiples : parfums, couleurs, le temps, tous les registres de la perception entrent dans ce jeu à multiple facettes. Manifeste pour la liberté de décoder, de s’affranchir des codes, « Kaléidoscopage » raconte aussi la liberté de dessiner, celle qui est finalement si essentielle dans le champ visuel du livre pour enfants.


Un album jeunesse très intéressant sur le plan du concept, parce qu’on a près de 100 pages de jeux sur les formes, les traits, les couleurs, les mots, les sons, il est étonnant, drôle et parfait pour s’amuser en solo ou en famille. Je poursuis ma découverte de l’autrice-illustratrice et je suis absolument fan de sa manière d’élaborer ses projets, ses livres pour enfant.

Chaque page ouverte renferme une surprise, impossible de prévoir où l’autrice va nous amener, vers quel jeu elle va nous transporter, je suis donc restée épatée par les enchaînements, retrouvant ainsi l’ambiance, le caractère bon enfant du Gros livre découvert l’année passée. C’est super bien écrit comme toujours, un texte lisible et aéré, des phrases simples mais efficaces, où la malice et les jeux de mots persistent.

C’est dynamique et plein de fantaisie, une ode à l’enfance, avec cette liberté de créer, de partir d’un point pour aller vers des choses incroyables, des univers enchantés, j’aime énormément ce monde poétique et charmant. J’adore les contrastes, les oppositions, les décalages qui font rire, les mélange qui interroge, quelque part, c’est hyper ingénieux pour le jeune public.

Comme pour ses précédents livres, c’est un régal de retrouver la patte graphique de Delphine Perret, avec des jeux sur des traits, des points, des coups de crayons, des hachures, des taches de couleurs ou en noir, des formes identifiables et d’autres plus abstraites, ça fait travailler l’imaginaire et je ressors de cette lecture complètement conquise par ce type de livre qu’il me tarde un jour de trouver pour ma bibliothèque perso.





Points Points de Hervé TULLET
Éditions Bayard Jeunesse – 2018 – 140 pages – 10 €
Album jeunesse | Art | Formes géométriques | Couleurs | Lignes



Quel plaisir de dessiner des points, des lignes, des gribouillis, des boucles, des cercles… Chaque page propose une consigne différente et amusante. Ce livre d’activité est une symphonie de points et de couleurs qui donne furieusement envie de dessiner !


Je poursuis ma découverte de la bibliographie d’Hervé Tullet avec ce nouvel album au titre délicieusement chantant pour un concept absolument génial qui ravira petits et grands, le droit de dessiner, d’écrire, de gribouiller dans un livre.

Une belle expérience de lecture ludique et amusante, même si l’ayant emprunté à la médiathèque, il m’était impossible d’en prendre possession si ce n’est qu’en traçant lignes et formes avec mon doigt. Mais quel régal, après le livre faussement interactif, voici que l’auteur s’empare d’un autre cliché du livre, celui où l’on ne peut pas écrire dedans.

En plus en bon rapport qualité/prix, à moins de 10 euros, avec une consigne à chaque double-page et un ouvrage de 140 pages, il y a de quoi s’amuser, s’émerveiller et créer. J’étais conquise par l’ouvrage qui propose donc une belle surprise chaque fois que l’on tourne une nouvelle page, et c’est bien pensé pour dessiner, faire des boucles, compléter des points, les relier, le texte est varié, drôle et malicieux.

Quant aux illustrations, comme toujours, c’est un plaisir de retrouver la marque de fabrique du créateur, le rouge, le bleu et le jaune, les couleurs primaires pour un maximum de visuels, des points plus ou moins gros, des belles lignes noires et même de très bonnes surprises qui appellent à se servir de son imagination ou à transformer des formes géométriques en merveilleux poissons ou voitures.





Le voyage de Pippo de Satoe TONE
Éditions Nobi Nobi – 2014 – 40 pages – 15 €
Album jeunesse | Lectorat Enfance | Animaux | Voyage | Rêves et souhaits



Pippo la grenouille ne sait plus rêver… Plus de souhait, plus d’envie, plus de folie : pour s’endormir, il compte les moutons. C’est ainsi qu’il fait la rencontre d’une petite brebis. Avec elle, il pourrait peut-être retrouver le chemin des songes ? De page en page, de mois en mois, défilent les désirs enfouis : partir, rester, s’envoler, plonger, revenir, ou bien, tout simplement, trouver un ami.


J’adore le travail de Staoe Tone depuis longtemps, j’avais adoré Joyeux anniversaire Maman et Une si jolie Terre. J’ai pu emprunter celui-ci à la médiathèque et je ne regrette pas, parce qu’il est clairement doux, poétique, plein de charme et que je suis impatiente de pouvoir découvrir d’autres albums un de ces jours, parce que ce titre a été un coup de cœur, un régal tant sur le fond que sur la forme.

L’histoire est poétique, j’ai adoré faire ce voyage au fil des mois au côté de cette adorable petite grenouille qui a perdu l’envie, la motivation, ses souhaits et envies. Je trouve le pitch de base vraiment chouette à explorer pour le lectorat jeunesse, et les messages délivrés par l’autrice sont délicats et précieux à mes yeux.

La plume est sobre, mais elle est élégante et avec peu de mots, l’autrice sait faire parler les émotions. L’autre personnage important est la petite brebis, et elle aussi mimi que la grenouille, leur amitié est belle et le format est super agréable pour rêver et s’émerveiller.

Pour finir, les illustrations sont magnifiques, elles sont douces et apaisantes, elles sont épurées dans la composition, avec des couleurs absolument incroyables dont je suis très fan. J’aime énormément le rendu des fleurs et des plantes, les autres animaux sont super chouettes également, c’est un travail merveilleux et délicat, un régal.



Crédits images :
Livraddict * Flaticon * Canva * Unsplash * Ewylyn (extraits) * Editions du Rouergue, Les Fourmis Rouges et Bayard Jeunesse (extraits)

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