Les enquêtes d'Enola Holmes (SPRINGER) ~ Tomes 1 à 6

by - 2.8.17



Titre : La double disparition _____________________________ Titre : L'affaire Lady Alistair
Tome 1 _____________________________________________ Tome 2
246 pages _______________________________________'___ 264 pages

Titre : Le mystère des pavots blancs ______________________ Titre : Le secret de l'éventail
Tome 3 ______________________________________________ Tome 4
198 pages ___________________________________________ 217 pages

Titre : L'énigme du message perdu ________________________ Titre : Métro Baker Street
Tome 5 _____________________________________________ Tome 6
191 pages ___________________________________________ 204 pages

Auteur : Nancy SPRINGER
Série : Les enquêtes d'Enola Holmes
Nathan — 2007, 2008, 2009, 2010, 2011
13€90
Existe en format poche chez Nathan, ainsi qu'une adaptation BD chez Jungle.



Résumé :
S'il est une chose que j'aimerais savoir, c'est pourquoi ma mère m'a nommée " Enola ". Enola qui, à l'envers, se lit : alone. En anglais : seule. Et c'est bel et bien seule que je me suis retrouvée le jour de mes quatorze ans, ma mère ayant disparu de notre manoir de façon inexpliquée. J'ai alors été contrainte d'en informer mes frères aînés que je n'avais pas revus depuis dix ans - Mycroft et Sherlock Holmes. Or ce n'était pas eux qui allaient m'être d'un grand secours. Jugeant que mon éducation laissait à désirer, Mycroft n'avait qu'une idée : m'expédier en pension pour faire de moi une lady. En outre, Sherlock estimait ma capacité crânienne bien trop limitée pour pouvoir résoudre le mystère de cette disparition. J'étais pourtant la seule à avoir décelé des indices dont mon détective de frère n'avait pas la moindre idée. C'est donc le coeur empli d'espoir, que j'ai décidé, malgré mes appréhensions, de partir à la recherche de ma mère. Seule.

Mon avis :
J'ai découvert par hasard les enquêtes d'Enola Holmes il y a bientôt plusieurs années. Je me suis récemment lancée dans la relecture de cette série pour en parler sur mon blog, parce que cette série est pour moi un petit coup de coeur. J'adore l'ambiance, l'époque, l'angle choisi pour aborder Sherlock Holmes. Puis, j'ai profité du challenge relecture de Pluie de mots pour poursuivre cette série et je n'ai pas su m'arrêter, j'ai été jusqu'à la fin. Je reste sous le charme de cette série et je suis très heureuse de l'avoir découverte, elle est captivante et intéressante.

L'univers nous propulse directement au 19ème siècle, à l'époque victorienne, dans Londres et ses divers quartiers. Nancy Springer offre une bonne vision de l'époque à travers plusieurs points : les affaires policières, la condition féminine, les figures emblématiques de ces années... J'ai beaucoup aimé découvrir les difficultés des femmes, avec le corset et ses effets négatifs sur la santé ; sur le fait que les femmes sont sous la coup des hommes ; sur les suffragettes. C'est intéressant et bien exploité. Enola rejoint une club pour les femmes qui souhaitent faire changer les choses, elle rencontre la célèbre Florence Nightingale qui a oeuvré pour parlé des méfaits du corset sur la santé. Enola et sa mère sont de dignes figures du féminisme dans son envie de liberté, de mener leurs vies comme elles le souhaitent, la première en enquêtant sur des objets ou des personnes disparus, la seconde en trouvant refuge auprès des bohémiens.

Il est vrai que ce premier tome se remarque pour son côté introduction. Nancy Springer nous développe les bases de la série, notamment les sujets phares dont j'ai parlé plus haut, mais pas que ! On nous présente le cadre, Enola porte son nom (Alone, seul) et cette affaire de double disparition va lancer toute son entreprise. Au fond, la disparition du petit lord est superficiel et rapidement expédié, mais celle de la mère Holmes reste entier et complexe. On nous parle des codes employés par Enola et sa mère pour correspondre, un code qui nous suivre pendant les cinq autres tomes. On nous parle surtout d'une héroïne atypique.

Par la suite, les intrigues des autres tomes s'installent plus rapidement et sont passionnantes à découvrir. On découvre une jeune lady disparue qui semble être gauchère et apprécier les théories marxistes sur la lutte ouvrière ; on part à la recherche du docteur Watson ; on doit retrouver Lady Alistair avant son mariage forcé ; retrouver un message perdu durant la guerre de Crimée... Chaque tome a son lot de références historiques, de figures emblématiques et de sujets abordés : l'asile et les troubles psychiatriques, les femmes, les mariages arrangés, le fait d'être gaucher, l'art, la guerre. L'auteure nous présente le tout avec naturel, simplicité, ce qui est idéal lorsque l'on est pas familier à l'époque victorienne. Le tome 3, 5 et 6 resteront parmi mes préférés et en fin de compte, celui que je préfère le moins est sans nul doute le tome 1. Ce qui prouve que cette série se bonifie tome après tome.

Enola est formidable. Très mature et intelligente pour son âge, j'aime son esprit indépendant et débrouillard. Elle est solitaire et déterminée, courageuse et parfois inconsciente du danger, mais j'ai apprécié ses prises de risques, son envie de vivre libre. J'adore cette héroïne différente des autres femmes de son époque, elle n'est pas docile, elle est proche des suffragettes et des féministes, comme sa mère. Elle est très attachante et l'on se plonge avec aisance dans ses pensées grâce à l'emploi du "je" qui nous la rend tellement plus proche. Percutante et palpitante à suivre, c'est une héroïne dotée d'un bon panache et nous réservant bien des surprises. Elle évolue rapidement au contact de ses affaires, elle gagne en maturité, en logique, en art du déguisement. Ce qui est très plaisant, c'est qu'elle apprend son métier sur le tas, elle fait des erreurs, elle connaît des situations critiques et pourtant, elle s'en sort. Ou bien Sherlock — quand il est présent — veille sur elle.

Le style d'écriture est fluide, agréable à lire. Il me rappelle celui d'Anne-Marie Desplat-Duc, à la fois simple et soigné. Parce que l'auteure use du vocabulaire et du style de langage du 19ème dans les tournures des dialogues, pour décrire les vêtements et les objets, pour nous parler des lieux et des transports. Bien sûr, des notes de bas de pages permettent de mieux comprendre les mots très spécifiques. Pour autant, ce n'est pas non plus illisible et complexe, il reste une certaine modernité dans l'ensemble qui permet de découvrir avec plaisir les aventures d'Enola.

Les autres personnages sont intéressants. Je pense à Mycroft, très soucieux et méthodique, prenant son rôle d'aîné très à coeur. Il représente l'autorité, la sévérité, le fait qu'il faut respecter les règles et la norme. Enola doit aller en pension pour devenir une vraie femme, un discours intéressant en somme pour son côté actuel. Sherlock est tel que je me le suis toujours imaginé, hautain, sûr de lui, très intelligent, mais avec un bon fond, un certain style, du charme. J'apprécie ce personnage très singulier et Enola lui ressemble à bien des égards. Je suis d'ailleurs fan de la relation unissant Enola et Sherlock, c'est juste doux-amer. Elle se méfie de lui et l’idolâtre, elle le fuit, mais sait se confier à lui dès que la confiance revient. C'est une très belle relation, elle se construite avec le temps, c'est génial.

J'ai beaucoup d'affection et de tristesse vis-à-vis de la mère, Eudoria Vernet Holmes, celle-ci disparaît et laisse sa fille seule, et même si j'en comprends les raisons, je demeure triste. Et c'est peut-être un regret de ne pas la voir plus souvent, d'en avoir qu'une vague présence, comme un écho lointain permettant à Enola de s'affranchir peu à peu du giron maternel qu'elle n'a que peu connu vu la personnalité distante de Mme Holmes. La fin de Métro Baker Street est déchirante à ce propos, à la fois magnifique et triste.

En conclusion, chaque tome est bon. Ils sont super agréable à lire à cause des thèmes abordés, du choix de son héroïne et pour leur ambiance particulière. J'ai beaucoup d'affection pour le style de l'auteure, pour ce qu'elle nous conte durant cette série qui possède du charme et de l'intelligence. C'est une série qui fait partie de mes favorites et j'espère que vous la découvrirez un de ces jours. L'ère victorienne est très bien représentée, vivante et terrifiante ; les enquêtes donnent l'occasion de se plonger dans le policier avec simplicité et douceur. Certes, ce sont des romans pour adolescents et les intrigues paraîtront faciles, mais je les trouve bien tournées. Enola m'a séduite dès les premières lignes et j'ai pris un grand plaisir à relire ses histoires.


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6 comments

  1. Ta chronique est super, et les romans que tu présentes me semblent tout aussi bien ! Je pense que ça serait une bonne lecture pour démarrer dans la littérature policière ;) Qu'en penses-tu ?

    À bientôt, bises !

    Sue-Ricette

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    1. C'est effectivement une bonne série pour se mettre aux policiers. Le fait qu'elle soit classée jeunesse/ado permet de rendre les enquêtes simples et intéressantes, presque une belle aventure plus qu'un policier classique. En vrai, j'ai ressenti un côté Sherlock Holmes sans le côté "logique froide, minutie un brin longue" d'un roman Sherlock Holmes. Enola est bien plus abordable.
      Dans un genre plus cynique, il y a les Fausses bonnes questions de Lemony Snicket (l'auteur des désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire). L'ambiance est particulière et le côté policier juste ce qu'il faut quand on n'est pas fan du genre ou qu'on s'y est mis que récemment. Je te souhaite en tout cas de découvrir et d'apprécier les aventures d'Enola ;)

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  2. hey!
    J'ai lu cette saga il y a des années (les premiers tomes) et j'avais énormément aimé alors que je ne suis pas policier à la base! et à Montreuil cette année, j'ai vu l'édition poche donc je me suis pris le 1er tome, hâte de la relire!

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    1. Je suis contente que les premiers tomes t'ont fait passer un bon moment ^^ J'espère que la suite te sera tout aussi agréable. C'est vrai qu'elle est facilement prenante côté policier même quand on est pas fan ;)

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  3. Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir lu cette saga ! Parce que franchemet, elle est vraiment sympa !

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    1. Oui, elle est juste super sympa et c'est dommage qu'elle ne soit pas plus connue ^^

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