Tome 1 : La crue (7 avril) | Tome 2 : La digue (24 avril)

Éditions Monsieur Toussaint Louverture – 2022 – 8 €40 – 260 pages

Historique | Saga familiale | Fantastique

Avertissement : [scènes de meurtres, scènes de violences physiques, deuil, viol non-explicite]

Je remercie tout d’abord le site Babelio ainsi que les éditions Toussaint Louverture pour cette découverte. Clairement, la série Blackwater est à la croisée de plusieurs genres, une appartenance toujours légère, mais très intéressante entre fresque historique et familiale, tranche de vie, fantastique et horreur. C’est le genre de série qui est totalement hors du temps et atypique, clairement faite pour créer une ambiance fascinante et dérangeante.

J’ai enchaîné les deux tomes qui sortiront respectivement le 7 et 22 avril, les tomes 3 et 4 sortiront en mai, et les deux derniers en juin. Du coup, pas besoin d’attendre hyper longtemps pour découvrir la saga Blackwater. En plus de cela, la maison d’édition a fait un travail de dingue pour offrir de très beaux livres tout en respectant les volontés de l’auteur décédé depuis la fin des années 90. Il faut savoir que c’est la première fois que la saga est éditée en France, pour respecter son auteur, la série sort en poche pour être la plus accessible possible et le travail sur le livre est splendide. J’ai déjà la saga Anne de Green Gables et Souvenirs de Marnie dans ma bibliothèque, la maison d’édition ne se moque pas des lecteurs en termes de qualité/prix. Les couvertures sont magnifiques, en relief, avec une dorure à chaud d’un coloris noir et d’une seconde dorure avec un pigment de couleur champagne. Le papier est d’excellente qualité, le texte est lisible et agréable à lire. Franchement, j’ai hâte d’avoir les autres tomes dans ma bibliothèque, parce ce sont de vrais bijoux.

Au-delà de son aspect esthétique soigné, le texte est lui super prenant à lire. J’aime énormément ce mélange des genres, ces mystères familiaux, cette petite pointe de fantastique et ces légers frissons donnés par les scènes plus sombres, mystiques, inquiétantes même. J’ai adoré rencontrer la famille Caskey à travers leur petite vie au sein de la ville de Perdido, on les suit dans leur vie personnelle et professionnelle (scierie). J’ai aimé avoir ce côté historique où l’on côtoie l’Alabama du début du XXe siècle, avec ces relations familiales tendues et sincères, complexes et captivantes, sans oublier le mystère qu’est Elinor, une femme d’un calme olympien, d’une détermination à toute épreuve et qui semble bien connaître les eaux de la ville.

En deux tomes, les événements sont nombreux, je n’ai pas vraiment eu le temps de m’ennuyer tant que je souhaitais savoir ce qui allait se passer, comment les personnages vont réagir, est-ce qu’Elinor et ses secrets vont être révélés. Il y a toujours un petit quelque chose qui nous tient en haleine, un léger fil rouge avec Elinor, une tragédie ou au contraire, un événement plus amusant – sans oublier ces pointes de fantastiques, ces petites choses inexplicables. Je ne parviens pas à saisir toutes les nuances, mais une chose est sûre, je trouve ces deux premiers opus enjôleurs, fascinant. J’ai adoré les thématiques soulevées durant ces deux premiers tomes toutes centrées sur les relations entre les différents membres de la famille Caskey.

Mary-Love est l’archétype de la matriarche, elle est le sommet de la pyramide et rien ne lui échappe, elle contrôle tout, dicte toute la conduite de ses deux enfants Oscar et Sister. Elle est la pierre angulaire de la famille, pourtant, j’ai détesté le personnage que je trouve dirigiste, autoritaire, elle juge les autres d’emblée et je la vois comme une commère du village. Elle n’est pas insensible et je peux applaudir sa détermination, mais elle beaucoup de poison dans ses paroles et de sournoiseries dans ses actions. J’ai eu beaucoup d’affection pour Oscar et Sister qui petit à petit vont se défaire des griffes de leur mère, apprendre à faire leur choix quitte à se mettre à dos Mary-Love, ils sont très intéressants à suivre. Quant à Elinor, elle est parfaite, entre protagoniste et antagoniste, entre sympathie et détestation, elle exerce un réel pouvoir de fascination, elle a cette aura inquiétante et mystique au-dessus de la tête. Je n’en dirais pas plus, parce que c’est tout le sel de la saga, ses personnages, et même les personnages secondaires et tertiaires ont leurs histoires, leurs personnalités, leurs rôles.

L’histoire est donc prenante grâce à une plume très soignée, précise et très sensible pour donner aux personnages une dimension presque réelle, pour donner des émotions et des ambiances, des scènes à la fois calmes, belles ou plus violentes et sombres. C’est très bien écrit, les descriptions comme les dialogues font avancer les choses – et même si je ne suis pas toujours éveillée sur certaines descriptions, je dois dire que je suis admirative devant le travail de l’auteur qui aura participé aux scénarios de Beetlejuice et de l’Étrange noël de Monsieur Jack. Les livres sont à l’image des cours d’eau traversant la ville de Perdido : sombres, insondables, calmes, tempétueux, mortels, beaux. C’était une très belle expérience de lecture et je suis très curieuse de lire les tomes du mois de mai.