Avis Express #011 - Le Dieu-Oiseau (WELLENSTEIN), Championnes (TOURNIER), Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz (SIMMONS), Archi et Basile (BORDET-PETILLON & SAILLARD)
Le Dieu-Oiseau d’Aurélie WELLENSTEIN
Éditions Pocket – 2020 – 344 pages – 7 €
Avertissement : [scènes évoquant des actes de tortures, de violences physiques et de viol, scènes avec de la violence physique et verbale, thème de l’esclavage, scènes de cannibalisme]
Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l’île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d’orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. Enfin la nouvelle compétition est sur le point de commencer. L’occasion tant attendue par Faolan pour prendre sa revanche. Aura-t-elle le goût du sang ?
Un roman signé par Aurélie Wellenstein que j’ai bien aimé et qui reste dans les thèmes que l’autrice aime exploiter pour nous présenter des personnages torturés et violents, une atmosphère sombre et mature. On entre dans un univers fascinant pour décrypter les protagonistes et leur psychologie, leur relation.
J’ai bien aimé l’univers même si j’aurais adoré un développement plus poussé sur certains aspects. Toutefois, toute cette histoire de tradition et de banquet, de divinité liée une compétition terrifiante était passionnant à lire, pareil pour le travail psychologique fourni pur suivre Faolan – son évolution était incroyable, les doutes et la peur, la sensibilité du jeune homme, ses changements d’humeur et de comportement, tout était parfaitement maîtrisé et fascinant à découvrir au fil de la compétition.
L’ambiance est un gros coup de cœur, nous sommes dans une fantasy sombre et mature, où la violence est légion et travaillée de sorte à déranger, à inquiéter, à questionner. La plume est addictive et l’intrigue devient vite prenante, j’avais très envie de voir jusqu’où Faolan pouvait aller, les révélations et rebondissements sont bien trouvés pour donner envie de savoir qui allait gagner cet œuf d’or.
Ce que j’ai aimé c’est que le monde dépeint par l’autrice n’a rien de positif, les humains sont soumis à des traditions horribles, que le récit se veut étouffant et que les travers des humains et leur noirceur sont mis en avant. Ce roman interpelle, il ne laissera pas indifférent, il est d’autant plus impactant que l’autrice joue sur la délicatesse, le rythme de la contemplation et préfère user de tension permanente pour nous tenir en haleine.
Ce qui m’a le plus gêné, c’est le rythme très lent qui certes s’oppose avec la tension palpable, mais qui reste trop lent pour capter de suite l’attention. Surtout que je l’ai évoqué un peu plus haut, mais les personnages, l’univers sont très intéressants, mais pas toujours hyper travaillés et fouillés. La fin était un brin rapide aussi et fait que l’ensemble retombe comme un soufflé, car tiré par les cheveux et peu crédible. En revanche, j’ai adoré toute l’histoire du lien terrifiant entre Torok et Faolan, c’était hyper prenant.
Championnes de Mathilde TOURNIER
Éditions Gallimard Jeunesse (On lit plus fort) – 2022 – 172 pages – 10 €
Avertissement : [scènes de harcèlement]
Pénélope, 14 ans, ne vit que pour le foot. Mais dans son nouveau collège, une fille qui tape dans un ballon, c’est un peu trop bizarre aux yeux de certains. Péné devient la risée de l’établissement, des réseaux sociaux. Elle peut néanmoins compter sur un soutien précieux : celui de ses coéquipières Florie, Léïla, Marisa… Une team de championnes, et pas seulement sur le terrain ! Harcèlement, problèmes familiaux, identitaires… quand la passion du foot sauve des difficultés de l’adolescence. Un roman sensible, social, solaire.
Un court roman très sympathique avec lequel j’ai beaucoup accroché. Je ne m’attendais pas à grand-chose, comme toujours avec les romans contemporains avec des sujets sociétaux, j’ai toujours cette impression de marcher sur des œufs, cependant, ce roman est très chouette à découvrir et m’a fait un bien fou ! Il se lit hyper rapidement, et comme beaucoup des romans de la collection Scripto, il sera parfait entre les mains des pré-ados et ados.
Déjà, j’ai adoré le fait que le roman utilise la diversité sans forcément mettre l’accent dessus, j’étais super heureuse de lire un roman sur une bande de copines qui se construisent en termes d’amitié et comme sur le plan sportif à travers leur équipe de football. Nous avons des personnages avec leurs histoires et leurs secrets, des questions de genre et d’identité, de sexualité, de harcèlement, de familles – c’est hyper complet et ça permet de conserver l’intérêt éveillé.
Bien sûr qu’en 170 pages, les sujets sont nombreux et ne sont pas exploités à leur maximum, mais pour la tranche d’âge visée, je le trouve très bien dosé et suffisamment travaillé pour s’interroger sur les thèmes abordés. De plus, c’est super bien écrit avec un langage moderne sans être vulgaire, la plume est addictive et précise, avec une touche d’humour et ce qu’il faut d’émotions.
L’histoire me plonge au cœur des années collège auprès de Pénélope qui subit un harcèlement poussé de la part de ses camarades de classe et qui trouve au sein de son équipe de foot un soutien précieux et inespéré. J’ai adoré découvrir Pénélope et ses amies qui sont des personnages intéressants à comprendre, j’ai beaucoup aimé le thème du foot très bien travaillé de la part de l’autrice ainsi que celui de la sororité qui est merveilleux ! L’histoire est très agréable à lire, avec de belles idées et de bons rebondissements, un rythme maîtrisé tout du long et un final qui donne au récit toute sa fibre sociale, sensible et solaire. Je ne regrette pas d’avoir découvert ce titre à travers mon partenariat avec On lit plus fort et Gallimard Jeunesse.
Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz de Dan SIMMONS
Éditions Robert Laffont (Ailleurs & Demain) – 2022 – 192 pages – 18 €
Masse critique Babelio
Dans un futur très lointain, la Terre est mourante, la Lune a quitté son orbite depuis des millions d’années et le grand soleil rouge devient plus léthargique que jamais. Le monde est fatigué. Alors que la mort de la Terre s’accélère, Shrue le diaboliste apprend qu’Ulfänt Banderoz, le plus vieux membre de la congrégation de sorcellerie et gardien de la Bibliothèque Ultime est mort. Shrue cherche à prendre possession de cette bibliothèque et à en percer les mystères. Il a tenté plusieurs fois de s’approcher des grands livres anciens, mais les lettres, les formules cabalistiques se sont dérobées tant à ses yeux qu’à sa mémoire. Parviendra-t-il enfin à découvrir les secrets et le pouvoir qui se cachent dans la Bibliothèque Ultime ? Et ainsi changer le destin funeste de la planète ?
Comme j’ai adoré Hypérion, j’avais super envie de découvrir le travail de Dan Simmons et comme la Masse Critique proposait sa novella (un court roman) de science-fantasy, avec un titre très atypique, je me suis dit que c’était une bonne idée. Je remercie donc les éditions Robert Laffont et le site Babelio pour cette chouette découverte, parce que sans être un coup de cœur, j’ai passé un bon moment avec ce court roman.
Je pense que je le relirais certainement un de ces jours pour me familiariser davantage avec l’univers qui a l’air super intéressant et dense, mais qui m’a perdu plus d’une fois sans explications plus poussées de la part de l’auteur. J’avais l’impression d’être larguée au milieu de nulle part avec des tas de noms que je ne parvenais pas toujours à saisir, cela donne un flou aussi loufoque que prenant, mais même si je salue le travail de l’auteur, je restais parfois en retrait, comme si je contemplais le tout de très très loin.
En vrai, les idées sont excellentes, il y a de très chouettes rebondissements avec des révélations intéressantes, un final auquel je ne m’attendais pas du tout pour être franche. En plus, les personnages effectuent un voyage captivant entre de très beaux paysages et de vieux bâtiments aux secrets bien gardés. Sans oublier la galerie de personnages très agréables à rencontrer et à suivre, des créatures les fantasques, des magiciens, des guerrières qui m’ont largement fait penser aux Amazones… Très clairement, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer, c’est rythmé, dense et fascinant, drôle et ironique, violent et contemplatif.
C’est juste qu’avec aussi peu de pages, j’ai eu du mal à m’investir dans l’univers, à percer les personnages et à les comprendre, à saisir tous les enjeux, à saisir les relations entre tout ce petit monde. Je ne suis pas parvenue à profiter pleinement de l’ensemble et j’avais l’impression que le récit avait plié et sur-plié pour entrer dans un moule très spécifique. C’est comme si le récit avait besoin de plus de place pour s’exprimer, pour être plus poussé, plus travaillé et qu’il avait été taillé à l’extrême pour faire moins de 200 pages. Donc c’est un poil dommage, soit on fait un récit moins ambitieux et avec moins d’éléments pour être court et se suffire à lui-même, soit on prend le temps de le développer pour en faire un roman plus long.
Après, ça reste super bien écrit, même si je n’ai pas retrouvé la finesse et le soin découvert avec Hypérion. Le texte est agréable à lire, soigné dans ses descriptions. Les personnages ont été sympathiques à suivre, j’ai beaucoup aimé la guerrière Derwe Coreme. L’histoire était tout de même prenante à découvrir, et n’ayant jamais lu de les romans de Jack Vance, je serais bien en peine de savoir si oui ou non, le récit proposé par Dan Simmons est bel et bien un hommage à l’auteur. Quoi qu’il en soit, je reste enthousiaste quant à poursuivre mon travail de découverte de Simmons.
Archi et Basile : Permis de construire de Sophie BORDET-PETILLON et Rémi SAILLARD
Éditions du Patrimoine – 2022 – 52 pages – 14 €90
Masse critique Babelio
Ce premier volume accompagne la rencontre de Basile et de l’architecte… Pourquoi faut-il un architecte pour construire un bâtiment ? Quel est son rôle, avec qui travaille-t-il ? Une maison se construit-elle comme une école ? Et comment être sûr que celle-ci ne s’écroule pas une fois finie ? Comment dessine-t-on une façade ou l’intérieur d’un édifice ? Au fil des pages et des activités, le lecteur croise Le Corbusier ou Antoni Gaudi, il découvre le Centre Pompidou-Metz, et une drôle de piscine transformée… en musée ! Il pourra aussi dessiner la maison de ses rêves, son école idéale, une ville imaginaire !
Un documentaire autour de l’architecture à destination des enfants que je recommande totalement ! C’était hyper intéressant à découvrir, ludique et parfait pour parler du sujet aux enfants. Je remercie Babelio ainsi que les éditions du Patrimoine pour ce partenariat, parce que cette nouvelle collection est très chouette.
Dans ce permis de construire, l’autrice nous plonge dans les premiers pas d’un architecte, elle nous explique les grandes lignes du métier, ce pour quoi on l’appelle, comment se déroulent les commandes, quelques règles et bases du métier comme les matériaux. Elle utilise aussi l’école et la maison pour explorer différentes thématiques comme le plan, les portes et les fenêtres, les façades et les toits. Chaque double-page explore une question ou un thème avec quelques textes explicatifs, beaucoup de visuels pour aider les enfants sans oublier les jeux pour les aider à mettre en pratique la partie théorie : des coloriages, des énigmes, des quizz, du dessin, des questions ouvertes. Il y a largement de quoi s’amuser et comprendre l’architecture et cet album est parfait pour inaugurer la série « Archi et Basile ».
Les textes sont super bien pensés, ils sont clairs et lisibles, ils sont ajustés par rapport au public visé sans pour autant éluder le vocabulaire spécifique à la profession mis à l’honneur. C’est donc très instructif et ludique à découvrir au fil des pages. L’album est par ailleurs très chouette dans son format, dans son choix de papier, dans sa maquette qui le rend agréable à lire. Enfin, les illustrations sont sympathiques à regarder, j’aime beaucoup le style qui est simple et efficace, avec de jolies couleurs sont être criards et pas surchargés de détails. Les différents éléments ou bâtiments sont facilement reconnaissables et complètent à merveille le texte.
J’ai passé un chouette moment devant cet album qui est une très belle idée de la part de la maison d’édition. Je n’ai pas lu le second album « Chantier en cours », mais nul doute qu’il doit être aussi passionnant et soigné. Les jeunes lecteurs à partir de 7 ans ont de quoi satisfaire leur curiosité sur le sujet !
4 comments
C'est le roman d'Aurélie Wellenstein qui m'intéresse le plus ! J'avais lu Mers mortes et bien aimé ce roman :)
RépondreSupprimerMers mortes m'intrigue beaucoup, j'espère le lire un de ces jours ! Je te souhaite une bonne découverte avec le Dieu oiseau si tu as l'occasion de le lire =)
SupprimerJe ne sais pas si ce sera avec ce livre-ci, mais Aurélie Wellenstein est une autrice que j'ai vraiment envie de découvrir ! Autrement, tu me donnes très envie de craquer pour Championnes de Mathilde Tournier...
RépondreSupprimerAurélie Wellenstein a un univers très atypique, mon chouchou restera le Roi des Fauves. Mers mortes et le Désert des couleurs me tentent beaucoup ! Bonne découverte si tu as l'occasion de lire des romans de cette autrice ou Championnes de Mathilde Tournier.
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