AVIS EXPRESS #027 - Un jour en décembre (SILVER), La bibliothèque des petits miracles (SAMPSON), Bleue comme l'été (LENNE-FOUQUET), Le vent dans les saules (GRAHAME), Myriam et le thé du juste moment (NOËL)
Un jour en décembre de Josie SILVER
Éditions Charleston – 2019 – 477 pages – 22 €50
Romance | Noël | Amour | Amitié
Avertissement : [scènes autour de l’alcool, scènes à caractère sexuel, thème de la mort et du deuil]
Laurie est presque sûre que le coup de foudre n’existe que dans les films. Mais, un jour de neige en décembre, à travers la vitre embuée d’un bus londonien, elle aperçoit un homme. Leurs regards se croisent, un moment de pure magie, un véritable coup de foudre… puis le bus redémarre. Certaine qu’ils sont voués à se retrouver, Laurie passe une année à scruter les coins de rue, les arrêts de bus et les cafés. Sans succès. Jusqu’à ce soir de Noël où sa meilleure amie et colocataire lui présente le nouvel homme de sa vie, celui qui l’a convaincue d’abandonner les histoires d’amour éphémères… Jack, l’homme du bus. Dix ans de chassés-croisés, de déchirures, de retrouvailles et d’occasions manquées commencent alors pour Laurie et Jack.
J’avais très envie de découvrir cette romance parce que le résumé m’intriguait et que je l’avais sélectionné dans ma pile à lire du Cold Winter Challenge. Je l’ai lu très rapidement et je vais être honnête, je suis totalement passée à côté, je l’ai quasiment lu en diagonal, je n’ai pas passé un super moment avec et pour finir, je pense que j’oublierai assez vite cette lecture tant elle m’a laissé indifférente.
Ce qui ne veut pas pour autant dire que je ne lirais plus de romance hivernale ou de noël. Pas plus que je cesse de lire des livres des éditions Charleston, dont celui-ci était le premier. Ce récit a compilé selon moi bon nombres de problèmes qui ont rendu mon expérience de lecture laborieuse, m’ont souvent fait lever les yeux au ciel, voire agacée au plus haut point.
Il y a de bonnes thématiques et idées, mais elles sont mal exploitées, car peu développées. Il y a des éléments qui me font grincer des dents – comme le fait que les personnages se parlent, tissent des liens en étant plus ou moins alcoolisés. Je ne compte plus le nombre de bières, verres de vins, alcool ingérés en l’espace de 500 pages. J’ai donc trouvé les relations un brin faussées ou exagérées, je me suis d’ailleurs attachée à aucun des protagonistes, parce qu’entre les mensonges, les trahisons, les piques verbales… ils sont tour à tour sympathiques et détestables.
Le fait de les suivre pendant dix ans, j’ai cru que les évolutions seraient plus poussées, que la relation entre Laurie et Jack serait travaillée pour être tendre et malicieuse, pour avoir quelque chose de romantique. J’ai trouvé leurs répliques plates et leurs interactions creuses. J’ai détesté Oscar au fil du récit et sa mère était dix fois pire, j’ai eu beaucoup de mal avec la meilleure amie de Laurie que j’ai trouvée très étouffante et omniprésente. Certaines réactions étaient très surjouées, l’attitude de Jack m’a de plus dégoûtée dans certaines scènes.
J’ai eu beaucoup de mal avec l’histoire qui tournait un peu en rond, dix ans c’est trop long et les dix ans sont mal exploités pour moi, j’ai trouvé chaque rebondissement ultra rapide. J’ai eu cette impression d’inachevé qui s’est confirmé avec un final brutal, pour moi il y a un gros problème de rythme et de construction du récit. En plus du manque de travail sur les thèmes, les messages à faire passer et sur les personnages. La plume de l’autrice est pourtant très agréable à lire, fluide et actuelle – ce qui me fait dire que peut-être, je tenterai un autre roman de l’autrice.
La bibliothèque des petits miracles de Freya SAMPSON
Livre Audio par les éditions Thélème, lu par Maud ARRAULT, 515 minutes
Éditions Nami (Grand Format) et Pocket – 2023 et 2024 – 384 pages – 20 €
Littérature Adulte | Contemporain | Monde du livre | Angleterre
Avertissement : [thème de la mort, du deuil et du cancer]
Cachée derrière les rayonnages, June Jones, bibliothécaire timide et solitaire, aime s’imaginer la vie des lecteurs. Aussi est-ce tout naturellement que June se réfugie entre les pages de ses livres préférés quand l’établissement est brutalement menacé de fermeture. Mais Stanley, le gentleman retraité adepte de mots croisés, ou l’acariâtre Mrs B., qui n’a jamais déniché de livre trouvant grâce à ses yeux, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils en sont persuadés : seule June peut convaincre le conseil régional de revenir sur sa décision. Et elle pourrait même se rendre compte qu’Elizabeth Bennet et Mr Darcy ne sont pas ses seuls amis…
Un roman qui me tentait depuis quelque temps, parce que je m’intéresse de plus en plus au travail des éditions Nami (vu que j’ai adoré La bibliothèque des rêves secrets et que d’autres sont dans ma wishlist). J’ai pu découvrir ce titre via l’audiobook des éditions Thélème, je ne regrette pas et j’ai passé un chouette moment avec cette histoire.
C’est vraiment le roman feel good que je m’imaginais avec le monde du livre. Une jeune femme passionnée de littérature et bibliothécaire, qui avec d’autres usagers, va défendre par tous les moyens possibles son lieu de travail. L’intrigue était parfaite pour la période estivale, pour remonter le moral et pour passer un bon moment de lecture – et audio en ce qui me concerne. L’histoire est mignonne, même si elle était prévisible sur pas mal de point.
Malgré ça, j’ai adoré l’ambiance qui se dégage de l’histoire, les autres usagers sont aussi passionnants que merveilleux, Mrs. B. qui est un sacré numéro, anticapitaliste et féministe, le doux et lumineux Stanley avec son intrigue personnelle si émouvante. J’ai aimé me plonger dans le quotidien de cette association qui veut sauver la bibliothèque, entre occupation des lieux, tracts, reportages et manifestations, c’était un joyeux bazar, entraînant et drôle.
L’histoire se laisse contée par la chouette voix de Maud Arrault, les chapitres sont courts, ce qui me permettait de faire des pauses régulières et d’avancer à mon rythme. La plume de l’autrice est très agréable à suivre, l’intrigue qui a son lot de rebondissements heureux et malheureux, de retrouvailles et de départs. Les thématiques sont nombreuses, car chaque adhérant à la bibliothèque a ses problèmes, son passé, ce qui donne de beaux messages, de belles valeurs. Et surtout, cela montre à quel point les bibliothèques sont importantes dans le vivre ensemble, la lutte contre la précarité et l’illettrisme, le lien social et la découverte de soi ou des autres.
D’autant plus que l’autrice développe l’intrigue sur June, son personnage principal qui doit apprendre à surmonter sa timidité, se remettre du deuil de sa mère, oser sortir de sa zone de confort. Sa relation avec les autres usagers est très belle, ce qui se construit avec Alex était chouette. Même si côté romance, j’aurais aimé que ce soit mieux exploité et construit. Et j’ai eu beaucoup de mal avec June, je l’ai trouvée très passive, trop au début. Petit à petit, je suis parvenue à m’attacher à elle, à l’apprécier et voir cette évolution fut formidable.
Bleue comme l’été de Marie LENNE-FOUQUET
Éditions Sarbacane (Exprim’) – 2022 – 335 pages – 17 €
Littérature adolescente | Contemporain | Road-trip | Photographie | Été | Amitié
Un road-trip forcé avec un surfeur raté, ce n’est pas l’été glorieux que Prudence, aspirante photographe, avait prévu. Mais fuyant un concours raté, un amoureux qui l’évite, et une sœur qui voudrait faire d’elle une baby-sitter à vie pour ses bambins baveux, l’hypersensible Prudence attrape le premier prétexte venu pour tout larguer et se retrouver… coincée dans un van avec un daron aux pecs impeccables nommé Denis qui tient à ce qu’on l’appelle Dylan. Il fait du surf, il pense surf, il respire surf. Prudence, elle, ne pense qu’à ses amours, ses espoirs malmenés, ses amies éloignées. Va-t-elle survivre trois mois à photographier Denis-Dylan sous tous les angles pour alimenter son compte insta aux filtres brûlés et hashtags clichés ?
Avec l’arrivée des beaux jours et pour Ice Cream Summer Challenge de Mister Kev, édition 2024, je me suis dit que c’était une excellente idée de me plonger dans des romans aux saveurs estivales. Notamment ce titre qui m’intriguait en raison de son résumé. Je l’ai emprunté et je dois avouer que ma lecture s’est avérée laborieuse, j’ai lu la seconde moitié en diagonale et j’en ressors mitigée.
Déjà, les gros atouts du roman, ce sont la plume et la dimension psychologique, introspective du récit. Le style de Marie Lenne-Fouquet est super agréable à lire, fluide et moderne, simple et efficace, avec une bonne dose d’humour et une belle justesse en ce qui concerne les émotions vécues ou transmises. Par ailleurs, l’histoire pousse les personnages à évoluer, à s’interroger et se remettre en question, à se lier d’amitié, à se comprendre à travers toute une série de thèmes reliés à la vie, au passé et à l’avenir de Prudence. C’était une vraie réussite pour ma part.
En revanche, je suis plus mitigée sur le côté road-trip. Je ne sais pas si mon moi de 18-20 ans aurait aimé faire un voyage avec un gars de 35-40 que je ne connais absolument pas et ce durant trois mois. Le côté invraisemblable m’a pas mal interpelé, d’autant plus qu’une des amies de Prudence a l’air de vraiment aimer Denis-Dylan et de vouloir sortir avec. J’ai trouvé l’idée limite.
Et pour ce qui est du voyage, j’aurais tellement aimé voir la côte atlantique. Les landes, la Charente, la Loire-Atlantique, il y a de très belles villes et de très beaux paysages que j’aurais adoré découvrir, même un peu. Je trouve que le récit introspectif n’est pas assez relié au road-trip, je suis donc restée sur ma faim – pareil pour le surf, qui lui est peut-être plus présent, mais qui reste en surface. Pourtant, l’histoire ne manque pas de rebondissement ou d’idées, de rencontres et de personnages, même s’ils ne sont pas assez développé pour être intéressant sur toute la ligne.
Enfin, ce qui m’a énormément dérangé durant la lecture, c’est Prudence. Denis-Dylan est captivant, il apporte quelque chose au récit et à notre héroïne, et encore heureux qu’il est là pour être la voix de l’apaisement, de l’humour et de la bienveillance. Parce que Prudence a été infecte. Il est dommage que le seul personnage à avoir cerné Prudence se révèle être un mufle, parce qu’elle est grandement immature. Je l’ai trouvée instable sur le plan des émotions, irrespectueuse avec des jugements à l’emporte-pièce, colérique et excessive, des positions drastiques qui m’ont choquée. Pour quelqu’un qui est hypersensible, je trouve qu’elle manque de tact et d’empathie.
Le vent dans les saules de Kenneth GRAHAME
Éditions Phebus (Libretto) – 2022 – 224 pages – 10 €
Classique | Littérature | Aventure | Fantasy animalière | Tranche de vie
Ils sont quatre aventuriers plus ou moins pantouflards et ordinaires du monde animal à vivre l’aventure quotidienne de la vie. Il y a les deux amis, Rat et Taupe, le sage et bourru Blaireau et l’entêté, vaniteux et totalement irresponsable Crapaud par qui tout ou presque arrive. Ces quatre-là s’émerveillent, suivent les saisons, le cours de l’eau et racontent en un livre magique tout ce qui fait le prix de l’existence : peur, amitié, désir d’ailleurs, perte, abandon, espoir…
Comme j’avais beaucoup aimé les textes de Beatrix Potter, et que j’adore Mémoires de la forêt, cela faisait longtemps que ce classique me tentait. J’ai pu emprunter un livre à la médiathèque et j’en ressors contente, c’était une chouette lecture qui me fait dire que son adaptation BD serait très intéressante à lire.
C’est un classique de la littérature et forcément, le style très recherché va avec – ce qui ne me déplaît pas, mais j’avoue que sur certaines longueurs, mon attention n’a pas été irréprochable. C’est une écriture soignée qui sait donner du caractère aux animaux, à la nature, il s’en dégage beaucoup de malice, une belle poésie et un délicieux récit aux allures de tranche de vie.
En effet, nos personnages nous présentent leur quotidien où tout et rien se côtoient, les grands éclats et les petites peurs, les rencontres impromptues et les savoureux repas dégustés, hiver comme été… j’ai aimé découvrir la vie de ces quatre protagonistes aux profils variés. J’ai adoré le fait qu’on ait un récit un brin tranche de vie, c’est douillet et mignon, avec quelque chose qui rappelle aussi La Fontaine dans le traitement des animaux.
Parce qu’à travers eux, j’ai eu la nette sensation que l’auteur parlait de son époque. Crapaud notamment avec sa fascination et sa déraison concernant les automobiles, devenant inconscient et sombrant dans les délits. Le fait que Rat et Taupe soient amis, appréciant les bonnes choses et la simplicité de la campagne, du grand air. Blaireau qui est la voie de la raison, de l’organisation, car il est l’aîné des quatre. J’ai adoré leur personnalité, la manière dont ils interagissent entre eux, leurs belles conversations.
C’est au fond un récit lent et contemplatif, qui a du charme, une belle écriture, je suis très contente de l’avoir lu et même si ce n’est pas un coup de coeur, j’ai apprécié les thématiques abordées, le lien entre les personnages et l’ambiance de l’histoire qui est parfait pour le printemps comme pour l’automne.
Myriam et le thé du juste moment de Sophie NOËL
Éditions Scrineo (Jeune adulte) – 2023 – 250 pages – 12 €90
Littérature jeunesse et adolescente | Contemporain | Fantastique | Contes | Emotions | Adolescence
Avertissement : [thème de la dépression, violence physique et traumatisme, cambriolage]
Radar à diversité : [personnage et culture venant du Liban, personnage principal métisse]
Après des années de voyage, ma mère et moi avons posé nos valises dans un village, pour y ouvrir notre librairie Thé ou Ça-Fée ! Je me retrouve pour la première fois au collège mais j’ai du mal à m’ouvrir aux autres… Jusqu’au jour où je me lie d’amitié avec Adiba, une femme mystérieuse qui vient régulièrement à la librairie. Très vite, elle me propose de l’accompagner partout où elle conte. Je deviens alors son apprentie dans sa mission : aider Cyrine, une jeune fille malade, à sortir de la mélancolie. Mais les contes d’Adiba prennent vie et semblent littéralement défiler sous nos yeux ! Plus incroyable encore : nous sommes soudain dans la peau des personnages de ses histoires ! Adiba est-elle magique ?
Un roman jeunesse et adolescent très intéressant, un one shot qui plus est, court c’est certain, mais qui a le mérite d’être sympathique et qui m’aura conquise sur bien des aspects. Le résumé m’intriguait énormément et j’ai trouvé que le Cold Winter était le juste moment pour le lire, il a du charme, cette petite pointe de magie qui me fascine, un brin de folie avec beaucoup de messages et une myriade d’éléments clés qui m’ont séduite du début à la fin. J’ai passé une chouette expérience en compagnie d’Adiba, de Cyrine et de Myriam.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance du récit qui est douce, chaleureuse et réconfortante. J’ai adoré découvrir la librairie de cette maman nomade et de sa fille, on sent à quel point voyager manque à Myriam et à quel point tous ces voyages l’ont nourrie. Ainsi, à travers Myriam, l’autrice aborde une foule de sujets liés à l’adolescence et à la spécificité de la vie de la jeune adolescente, le collège, l’intégration, l’identité, l’attachement, se lier d’amitié avec les autres, les premiers amours.
J’ai adoré comment ces sujets transparaissent avec les contes inventés par Adiba – ce personnage même est fascinant de bout en bout. Elle a des allures de Nanny McPhee et de Mary Poppins des temps modernes, mystérieuse et loin d’être percée à jour, sympathique et pleine de ressource, un brin magique, elle parvient à aider Cyrine et Myriam, c’était hyper touchant de suivre leur évolution à toutes les deux.
Bien sûr, je ne vais pas mentir, en moins de 300 pages, le récit est donc court et tous les thèmes ne seront pas approfondis comme si nous étions dans un livre de psychologie, néanmoins, les évoquer et apporter des pistes de réflexion étaient la bienvenue. De plus, la plume de l’autrice était très agréable à lire, les contes sont très bien pensés et écrits, les émotions justes. J’aime bien cette idée de commencer chaque chapitre avec une citation d’une personnalité ou d’un livre, cela rappelle Cœur d’Encre, le clin d’œil est super sympa.
Enfin, j’ai bien aimé cette dimension lumineuse, pleine d’espoir et de bienveillance, de respect et d’amour de soi et des autres. C’est un livre qui se veut doux et réconfort, apaisant et dotées de belles valeurs. On explore l’art du conte, l’écriture et la poésie, du monde du livre et du savoir, la sensibilité et l’anxiété, c’est une intrigue introspective et féerique qui offre une belle parenthèse en compagnie d’un thé du juste moment.
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