Hôtel Castellana (SEPETYS)

by - 15.9.20





Hôtel Castellana de Ruta SEPETYS
Gallimard Jeunesse – 2020 – 590 pages
Espagne | Secrets de famille | Dictature | Photographie

1957. Daniel Matheson passe l’été à Madrid avec ses parents. Passionné de photographie, il espère découvrir le pays de naissance de sa mère par le viseur de son appareil. Dans l’hôtel Castellana où s’installe la famille Matheson travaille la belle et mystérieuse Ana. Daniel découvre peu à peu son histoire, lourde de secrets, et à travers elle le poids de la dictature espagnole. Mais leur amour est-il possible dans un pays dominé par la peur et le mensonge ?





Je tenais à remercier le site On lit plus fort pour l’envoi du nouveau roman de Ruta Sepetys. Une fois de plus, il envoie du lourd, l’autrice est clairement incroyable dans ses choix et dans son travail. Je suis super heureuse de découvrir ses romans, que je les ai appréciés ou moins. Mon petit chouchou restera sans aucun doute Big Easy qu’il me tarde de relire – en attendant, celui-ci m’a posé plusieurs problèmes, au point d’être mi-figue et mi-raisin et re-mi-figue derrière.

Sincèrement, le travail de l’autrice est magnifique. Je reste ébaubie devant toutes les recherches réalisées pour parvenir à ce souci du détail, pour nous immerger complètement dans cette Espagne d’après-guerre civile, sous la dictature de Franco. C’est assez fou, mais les Espagnols, après la mort du dictateur ont décidé de repartir de zéro, de taire cette période et ses problèmes, de laver les crimes qui resteront impunis. Par conséquent, Ruta Sepetys a dû avoir beaucoup de boulot pour parler du sujet. Par ailleurs, au-delà de l’immersion qui est grandiose, j’ai adoré les coupures de presses, les photos, ses notes et sa bibliographie, les retranscriptions de discours – que cela soit en fin d’ouvrage ou entre les chapitres. Et notez, que ça ne coupe pas la lecture, je suis restée dedans.

En fait, son travail d’historienne m’a davantage passionnée. L’immersion est quasi-parfaite. J’ai vraiment plongé dans cette Espagne particulière, grâce au vocabulaire, aux lois édictées à l’époque, aux affaires de familles et de secrets, de trahisons et de délations, aux descriptions généreuses et très travaillées sans pour autant nous perdre. Le mélange entre les Américains opulents touristes à l’Hôtel, les Espagnols qui suivent Franco et ceux qui l’ont rejeté ou qui vivent dans la misère. Ces petits ajouts entre chapitre donnent davantage de relief à l’univers historique et ça renforce notre compréhension des personnages, notre appréhension du régime franquiste. De plus, la plume de Ruta Sepetys est toujours merveilleuse à lire, soignée et fine pour les descriptions, fluide et agréable à lire pour les dialogues. J’ai passé un chouette moment sur le fond et en globalité.

Je vais attaquer le point noir qui m’a gênée durant la lecture. Si l’ambiance et le genre historique donne de la matière de fou, si les deux m’ont scotchée au point de vouloir toujours en savoir plus, ce n’est pas le cas de l’histoire ou des personnages. La grande histoire aura dévoré la petite histoire. Je n’ai eu aucune émotion ou très peu, certains événements m’ont émue bien sûr, mais ça ne m’a pas autant chamboulé que sur « Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre ». L’histoire décolle pas réellement, je l’ai trouvé très étirée en longueur, sans réels rebondissements et parfois très ennuyeuse. Idem pour les protagonistes. Ils sont très cool, on les comprend au fil du récit et des recherches de l’autrice. Excepté Daniel, Rafa et Fuga. Le premier est un photographe très intéressant et sensible, son histoire et sa personnalité le rendent très attachant. Rafa et Fuga m’ont séduite dans leur manière d’être, de réfléchir, dans cette envie de découvrir la vérité. Tous les autres manquaient un peu de saveur.

Au final, le roman est super chouette, le sujet et les thèmes qui l’environnent sont audacieux et Ruta Sepetys fait à merveille son travail. Les recherches sont poussées et fines, elles sont parfaitement retranscrites dans le roman qui a une atmosphère incroyable, une ambiance immersive. La couverture est somptueuse et reprend le code couleur du drapeau Espagnol. Le style d’écriture est super agréable à lire, je reste fan de la plume de l’autrice. En revanche, c’est bien la première fois que l’histoire et les personnages me posent des problèmes, rien d’alarmant cependant.

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Crédits images :
Flaticon * On lit plus fort * Livraddict * Unsplash (Eduardo Casajus Gorostiaga, Clark van der Beke, Tomas Nozina)

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10 comments

  1. Aïe, je suis déçue de voir que tu as un avis mitigé! Je te comprends, c'est vrai qu'il n'y a pas des masses d'action dans ce livre. Mais ça reste un récit captivant, et en effet le travail de Ruta Sepetys est impressionnant !

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    1. Encore, j'ai eu un avis plus mitigé avec Le sel de nos larmes :/ Là, je trouve que c'est le meilleur (avec Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre) en terme de recherches historiques, d'ambiances. Je trouve qu'elle a pour moi, pas assez dosé l'action. Il aurait parfaitement pu être plus contemplatif ou psychologique, j'aurais adoré en vrai. Mais, là, ça a manqué d'enjeux en fait ^^ Sinon, il reste fascinant !

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  2. Comment ? Des passages ennuyeux ? Oh j'ai pas trouvé ! Très honnêtement, j'ai adoré aussi la richesse culturelle du récit, les vérités historiques ! Je ne connaissais RIEN du régime de Franco et j'en connais plus que si j'avais fait 3h dessus. Ça c'est bien, mais j'ai aussi bien aimé qu'elle intègre ces vérités à son récit de manière plus ou moins subtile !
    Après, j'ai eu un coup de cœur pour ce roman. Mais après coup - genre 2 jours après - je me suis dit que la romance était peut-être en trop. Je me tâte sur ce point.

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    1. Le côté historique, il est génial, c'est même son meilleur pour moi côté recherches et intégration des recherches dans le roman. Mais l'intrigue, je suis passée à côté, la romance était bif-bof, pas d'enjeux pour les personnages - à part Rafa et son pote torero que j'ai adoré suivre ou les passages avec Puri. C'étaient les seules intrigues qui m'ont passionnées et elles sont reliées à Franco. Ce qui n'est pas le cas de la romance, ça m'a intéressé qu'au moment où le pot aux roses est découvert. La romance y est pour beaucoup je pense, et je n'ai pas aimé le personnage Ana, donc ça ne pouvait pas bien partir :/

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    2. Ah oui Puri ! J'aurais aimé en savoir plus à son sujet ! Perso j'ai plus accroché à Rafa quand Fuga mais je sais même pas encore pourquoi. Je maintiens la romance était peut-être en trop...

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    3. Je pense que la romance a trop bouffé le récit, c'était maladroit, ce qui est curieux vu que les romances précédentes n'avaient pas ce souci. Je ne sais pas si elle a opté pour une romance afin d'apporter un peu de légèreté au récit de base... J'aurais aimé un aspect plus reporter-photographe sur les terres de Franco, les conséquences de la dictature, un côté limite plus policier-thriller, même si le genre historique reste primordial. Ouais, je pense que tu soulèves un truc intéressant : la romance était-elle nécessaire ?

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  3. "au point d’être mi-figue et mi-raisin et re-mi-figue derrière" Au moins, on sait à quoi s'en tenir ^^
    C'est un roman de l'autrice qui me tente beaucoup, grâce aux très bons avis dessus. Du coup, le tien, qui est plus mitigé, me rend encore plus curieuse de me faire mon propre avis :)

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    1. J'espère que tu auras l'occasion de le découvrir et de passer un super moment avec, parce qu'il a quand même ses bons côtés =)

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  4. Le côté historique a l'air en effet pas mal, même si la période n'est pas joyeuse... Dommage que le récit et les personnages ne soient pas à la hauteur de ce travail de recherche de la part de l'autrice !

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    1. Il est vraiment cool, il ne surpassera pas Big Easy qui reste pour moi mon petit chouchou, mais il a de bons avis ^^

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